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26/06/2013

St Paul 9 : Mon corps t'appartient

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Que le mari s'acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari. La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme. Ne vous refusez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; et de nouveau soyez ensemble, de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre incontinence. (1 Co 7, 3-5)

Lily Marshall.jpgIl existe plusieurs formes de réseaux de sanctification. L'Église, la paroisse, le couple marié et la famille en sont des exemples. Les deux formes de réseaux (marié et non marié) sont sanctifiés, mais pas de la même manière. Il est cependant impossible d'établir une hiérarchie : en effet, hiérarchiser ces réseaux entre eux serait oublier que ce qui les sanctifie, c'est le Christ et non le mérite personnel.

Dans le mariage, les devoirs à l'intérieur d'un réseau de sanctification, sont tous les mêmes : la prière, la charité... il ne s'agit de rien d'autre que des commandements donnés par Dieu. Par « devoir », Paul n'entend pas seulement le « devoir conjugal » (limité à la relation sexuelle) mais tout ce qui doit sanctifier son réseau. Contrairement aux religions de fécondité, mais aussi au judaïsme où elle est la Torah, la femme n'a pas seule le pouvoir de divinisation sur le réseau, et ne dispose – au sens de posséder le pouvoir – pas de son corps – au sens de réseau de sanctification. Mais pas plus l'homme seul : « la femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme ».

Bref, si tu es marié à l'Eglise, tu peux affirmer sans rire à ton époux-se : MON CORPS T'APPARTIENT. Et pour être plus exact, notre corps t'appartient. Et ça vaut pour les messieurs comme pour les dames.

Encore une fois, on note la réciproque habituelle utilisée par Saint Paul. Ici, cela signifie clairement qu'aucun des deux n'a le pouvoir de sanctification sur le réseau, mais ils se le partagent avec le Christ qu’ils sont l'un par l'autre. Si chacun est la sanctification de l'autre, il devient dangereux de se priver l'un de l'autre. C'est la conséquence de l'argumentation de St Paul. La privation ne peut être que temporaire, d'un commun accord, et uniquement destinée à la prière et la sanctification personnelle. Mais l'isolement ne peut durer, « de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre « akrasia/faiblesse ».

La leçon de vocabulaire :

Akrasia (ἀκρασία, grec ancien) - incontinence, faiblesse de volonté...

On a bien du mal à traduire le terme traduit souvent dans nos Bibles par incontinence. Mot à mot : 1) intempérie, rigueur intempestive, contre temps ; 2) manque de retenue, manque de maîtrise. L’abstinence devait être un risque dans la réalité corinthienne. 

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Veiller avec les Hobbits - Livre II (6/20)

Une trop grande affaire pour moi

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Sur sa route, Frodon va rencontrer plus puissant que lui. Ainsi, dans le pays elfique de Lorien, il se trouve face à Galadriel, une reine elfe d'une grande sagesse... Et d'une grande puissance. Galadriel est un des êtres les plus vieux de la Terre du Milieu. Elle a quitté Valinor, la terre immortelle où vivent les dieux, avec ceux de sa race au premier âge, et sur elle pèse une malédiction en paiement d'une faute commise par les elfes lorsqu'ils quittèrent Valinor. Les portes de Valinor lui sont fermées. Elle a vu passer le temps en Terre du Milieu, et comme tous les elfes, qui sont immortels, elle souffre de la corruption inéluctable de toute chose, et aspire plus que tout à un pays où rien de ce qui est beau et bon ne passerait. Ce qu'elle tente de réaliser en Lorien. Face à elle, Frodon, qui vient de perdre le magicien Gandalf, se sent bien seul et démuni. Il est tenté de renoncer à son fardeau pour le donner à quelqu'un de plus indiqué.

- Vous êtes sage, intrépide et belle, Dame Galadriel, dit Frodon. Je vous donnerai l'Anneau, si vous le demandez. C'est une trop grande affaire pour moi.

Galadriel eut un rire clair et soudain:

- La Dame Galadriel est peut-être sage, dit-elle, mais elle a trouvé son maître en fait de courtoisie. Vous vous êtes gentiment vengé de ma façon de sonder votre cœur lors de notre première rencontre. Vous commencez à voir les choses d'un œil pénétrant. Je ne cèlerai pas avoir grandement désiré dans mon cœur demander ce que vous offrez. Durant maintes longues années, j'avais réfléchi à ce que je pourrais faire si le grand Anneau venait entre mes mains, et voyez ! il a été mis à ma portée. Le mal tramé il y a longtemps se poursuit de bien des manières, que Sauron lui-même demeure ou tombe. N'eut-ce pas été un noble acte à porter au crédit de son Anneau, si je l'avais pris à mon hôte par la force ou par la crainte ? 

"Et maintenant enfin il vient. Vous me donnerez librement l'Anneau! A la place du Seigneur Ténébreux, vous établirez une Reine. Et je ne serai pas ténébreuse, mais belle et terrible comme le Matin et la Nuit! Belle comme la Mer et le Soleil et la Neige sur la Montagne! Terrible comme la Tempête et l’Éclair! Plus forte que les fondements de la terre. Tous m'aimeront et désespéreront!"

Elle leva la main et de l'anneau qu'elle portait jaillit une grande lumière qui l'illumina elle seule, laissant tout le reste dans l’obscurité. Elle se dressait devant Frodon, paraissant à présent d'une taille démesurée et d'une beauté insoutenable, terrible et digne d'adoration. Puis elle laissa retomber sa main, et la lumière s’éteignit ; elle rit soudain de nouveau, et voilà qu'elle était toute rapetissée : elle était devenue une mince femme elfe, vêtue simplement de blanc, à la voix douce et triste:

- Je soutiens l’épreuve, dit-elle. Je diminuerai, j'irai dans l'Ouest, et je resterai Galadriel.

Livre II, Chapitre VII, p 399-400

D'un côté, nous sommes tentés de remettre le flambeau aux politiciens, aux dirigeants, à ceux dont c'est le métier de décider du destin de la planète. Quelle erreur ! Leur pouvoir n'est pas une garantie. Bien au contraire : leur orgueil ferait échouer notre combat, qui rappelons-le, est d'abord spirituel. De l'autre côté, les gens de pouvoir sont tentés d'utiliser des moyens indignes de la fin qu'ils défendent. Par notre présence, par notre engagement, nous pouvons leur rappeler que ce n'est pas par les compromissions qu'ils défendront le bien. Qu'on ne peut user de la violence pour défendre la paix. Qu'on ne peut user de la haine pour défendre l'amour. Qu'on ne peut user du mensonge pour défendre la vérité. Que parfois, il vaut mieux perdre en apparence, pour faire triompher ces valeurs en lesquelles nous croyons.

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25/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre II (5/20)

Liberté

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Nous ne sommes pas seuls dans ce combat, mais nous sommes libres. C'est aussi une leçon que nous donnent les mots d'Elrond, alors que neuf compagnons se mettent en route pour détruire l'anneau unique. Autour de Frodon, ses cousins Merry et Pippin, son ami Sam, Aragorn, l'héritier des rois, Boromir, fils de l'intendant du Gondor, Gandalf le magicien, Legolas, prince elfe et Gimli, le nain, vont tenter l'impossible. Leurs motivations ne sont peut-être pas les mêmes. Certains, tel Boromir, savent déjà qu'ils n'accompagneront pas le porteur de l'anneau jusqu'au bout. D'autres, comme les hobbits ou comme Gimli, espèrent suivre Frodon jusqu'à la fin. Mais Elrond les met en garde contre tout serment trop vite prêté.

Voici mon dernier mot, dit-il d'une voix grave. Le Porteur de l'Anneau part en quête de la Montagne du Destin. C'est sur lui seul que pèse une responsabilité : ne pas rejeter l'Anneau, ni le remettre a aucun serviteur de l'Ennemi, ni en fait le laisser toucher par quiconque d'autre que les membres de la Compagnie et du Conseil, et cela seulement dans le cas de la plus urgente nécessité. Les autres l'accompagnent comme compagnons libres pour l'aider en route. Vous pouvez rester, ou revenir, ou vous écarter dans d'autres chemins, selon l'occasion. Plus loin vous irez, moins il vous sera facile de vous retirer ; cependant, aucun serment ni aucune obligation ne vous oblige à aller plus loin que vous ne le voudrez. Car vous ne connaissez pas encore votre force d’âme, et vous ne sauriez prévoir ce que chacun pourra rencontrer sur la route.

Déloyal est qui dirait adieu quand la route s'assombrit, dit Gimli.

Peut-être, dit Elrond, mais que ne jure pas de marcher dans les ténèbres qui n'a pas vu la tombée de la nuit.

Pourtant parole donnée peut fortifier cœur tremblant, dit Gimli.

Ou le briser, dit Elrond. Ne regardez pas trop loin en avant ! Adieu, et que la bénédiction des Elfes, des Hommes et de tous les Gens Libres vous accompagne. Que les étoiles brillent sur vos visages !

Livre II, chapitre III, p 310

Chaque soir, lorsqu'il nous est proposé de rester alors que les forces de l'ordre nous menacent en nous intimant de partir, et lors de chaque veillée de province qui se voit attaquée par la haine et la violence, les Veilleurs nous rappellent que nous sommes libres. Nous ne nous sommes pas engagés à subir des attaques, à contrevenir ouvertement à la loi, à risquer d'être blessé ou emprisonné. Nous pouvons le faire, et peut-être que nous le devons. Mais chacun, selon les circonstances, est juge. Peut-être que notre devoir d'état nous appelle ailleurs ce soir. C'est ainsi que Aragorn, Gimli, Legolas, seront obligés de se séparer de Frodon pour mener à bien une autre quête, parce que c'est là que leur devoir les appelait. C'est en tenant un serment prononcé sans réfléchir qu'ils auraient manqué de loyauté. Ne regardons pas trop loin en avant ; à chaque jour suffit sa peine.

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24/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre II (4/20)

Choisir la voie de la folie

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Ainsi notre petit hobbit sans prétention, se trouve au cœur du plus grand débat de son temps. L'anneau dont il a hérité, mis entre les mains de l'ennemi, est une arme fatale. On ne peut l'utiliser sans tomber sous la coupe de l'ennemi. Et il n'est qu'un seul endroit au monde où peut être détruit : au cœur même du pays de l'ennemi, dans une forge creusée sur les parois d'un volcan que l'on nomme Montagne du Destin. Un conseil est mené par les plus sages des elfes, dans la maison d'Elrond le semi-elfe, en présence du magicien Gandalf, d'Aragorn l'héritier sans couronne des rois d'antan, de Boromir, le fils de l'intendant d'un pays puissant, et d'émissaires nains venus chercher conseil. Mais dans ce débat, les hommes puissants, les sages elfes et les nains travailleurs sont dépassés.

"Nous revenons une fois de plus à la destruction de l'Anneau, dit Erestor, mais nous ne nous en approchons pas davantage. Quelle force avons-nous pour découvrir le Feu dans lequel il fut fait ? C'est là la voie du désespoir. De la folie dirais-je, si la longue sagesse d'Elrond ne me l'interdisait.

- Du désespoir ou de la folie ? dit Gandalf. Pas du désespoir, car celui-ci n'appartient qu'à ceux qui voient la fin indubitable. Ce n'est pas notre cas. La sagesse est de reconnaître la nécessité après avoir pesé toutes les autres solutions, bien que cela puisse paraître de la folie à ceux qui s'accrochent à de faux espoirs. Eh bien, que la folie soit notre manteau, un voile aux yeux de l'ennemi ! Car il est très sagace, et il pèse toutes choses avec précision dans la balance de sa malice. Mais la seule mesure qu'il connaisse est le désir, le désir du pouvoir, et c'est ainsi qu'il juge tous les cœurs. Dans le sien n'entrera jamais la pensée que quiconque puisse refuser ce pouvoir, qu'ayant l'Anneau, nous puissions chercher à le détruire. Si c'est notre but, nous déjouerons ses calculs. 

- Au moins pour un temps, dit Elrond. Il faut prendre cette route, mais elle sera très dure à parcourir. Et ni la force ni la sagesse ne nous mènerons bien loin. Les faibles peuvent tenter cette quête avec autant d'espoir que les forts. Mais il en va souvent de même des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c'est leur devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs. 

(…) Personne ne répondit. La cloche de midi sonna. Personne ne parla davantage. Frodon jeta un regard circulaire sur tous les visages ; mais ils n'étaient pas tournés vers lui. Tous les membres du Conseil baissaient les yeux, comme plongés dans une profonde réflexion. Une grande peur l'envahit, comme dans l'attente d'une condamnation qu'il avait depuis longtemps prévue et dont il espérait vainement qu'après tout elle ne serait jamais prononcée. Un désir irrésistible de se reposer et de demeurer en paix aux côtés de Bilbon à Fondcombe emplissait son cœur. Enfin, par un grand effort, il parla, étonné d'entendre ses propres mots, comme si quelque autre volonté se servît de sa petite voix :

- J'emporterais l'Anneau, dit-il, encore que je ne connaisse pas le moyen."

Livre II, Chapitre II, p 298 - 299

Ne nous trompons pas. Nous n'avons pas, à l'heure actuelle en France, d'ennemi que nous puissions comparer à Sauron. Nous n'en avons d'ailleurs jamais eu, ni en France, ni jamais. Car Sauron n'est pas un être humain, alors que tous les protagonistes de l'histoire de l'humanité sont des hommes. 

Et pourtant, les paroles de Gandalf semblent tellement appropriées ! Le désir du pouvoir parait en effet la seule mesure que puissent comprendre ceux qui possèdent à l'heure actuelle ce pouvoir. Que nous puissions ne pas désirer le leur prendre n'entre pas dans leur idée. Que nous choisissions librement la non-violence comme arme leur est incompréhensible. Ils sont désarmés face à nous, perdus, ils n'ont plus de stratégie. Parce qu'ils n'y avaient pas pensé. Ils n'avaient pas cru cela possible. 

Nous avons choisi comme champ de bataille le terrain spirituel et ce n'était pas celui qu'ils attendaient. Sur ce terrain, nous avons l'avantage. Et sur ce champ de bataille, les petits et les faibles, les inconnus, les anonymes peuvent réussir aussi bien que les grands, les leaders, les guerriers. Ce n'est pas pour autant une décision facile à prendre. 

Mais parfois, c'est le faible qui est choisi pour confondre le fort. St Paul s'en faisait aussi la remarque dans ces lettres : « Ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Co 1, 27). Nous avons été choisis pour notre faiblesse ; ainsi nous ne prétendrons jamais à la violence. Assumons-le. C'est notre plus grande force. Frodon l'ignore : mais c'est son humilité et la confiance qu'il a mis en ceux qui l'avaient envoyé qui lui ont permis d'affronter le pire. 

Histoire de rigoler, cette version parodique :

"Nous revenons une fois de plus à l'abrogation, dit le Candidat, mais nous ne nous en approchons pas davantage. Quelle force avons-nous pour rallumer le Feu dans lequel la loi fut faite ? C'est là la voie du désespoir. De la folie dirais-je, si les huées du public ne me l'interdisaient.

- Du désespoir ou de la folie ? dit le Sens Commun. Pas du désespoir, car celui-ci n'appartient qu'à ceux qui voient la fin indubitable. Ce n'est pas notre cas. La sagesse est de reconnaître la nécessité après avoir pesé toutes les autres solutions, bien que cela puisse paraître de la folie à ceux qui s'accrochent à de faux espoirs. Eh bien, que la folie soit notre manteau, un voile aux yeux de l'ennemi ! Car il est très sagace, et il pèse toutes choses avec précision dans la balance de sa malice. Mais la seule mesure qu'il connaisse est le désir, le désir du pouvoir, et c'est ainsi qu'il juge tous les cœurs. Dans le sien n'entrera jamais la pensée que quiconque puisse refuser ce pouvoir, qu'ayant le Pouvoir de changer les mentalités, nous puissions risquer de perdre des élections pour un motif qui lui semble futile. Si c'est notre but, nous déjouerons ses calculs.

- Au moins pour un temps, dit la Sentinelle. Il faut prendre cette route, mais elle sera très dure à parcourir. Et ni la force ni la sagesse ne nous mènerons bien loin. Les faibles peuvent tenter cette quête avec autant d'espoir que les forts. Mais il en va souvent de même des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c'est leur devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs."

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23/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre 1 (3/20)

La pitié et la miséricorde

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Les nouvelles que Gandalf va ensuite apprendre à Frodon sont plus inquiétantes et lui montre clairement qu’il ne peut se désolidariser de son époque, si terrible soit-elle. Il lui apprend que cet anneau, dont il a hérité, est une arme terrible. Qu'il a été créé par Sauron, un démon cherchant à dominer la terre, et qui si celui-ci le recouvre, il recouvrira la terre de nouvelles ténèbres. Il lui apprend que l'anneau possède une volonté propre qui peut dominer la volonté de son propriétaire. Il lui apprend enfin que le précédent propriétaire de l'anneau, un être perverti cherchant la vengeance, les a trahis en dénonçant à Sauron Bilbon, l'oncle de Frodon. A cet instant même, les émissaires de Sauron galopent vers la Comté...

"Ah, Gandalf, le meilleur des amis, que dois-je faire ? Car à présent j'ai vraiment peur. Que dois-je faire ? Quelle pitié que Bilbon n'ait pas poignardé cette vile créature quand il en avait l'occasion ?

- Quelle pitié ? Mais c'est la Pitié qui a retenu sa main. La Pitié et la Miséricorde : ne pas frapper sans nécessité. Et il en a été bien récompensé, Frodon. Soyez assuré que, s'il fut si peu atteint par le mal et s'il s'échappa en fin de compte, ce fut parce qu'il avait commencé sa possession de l'Anneau de cette façon. Avec Pitié.

Livre I, chapitre II, p 76

Ô combien la peur peut nous pousser à prendre des décisions qui, si elles sont rationnelles, ne sont pas pour autant inspirées par la charité. Bilbon, empli de compassion pour ce pauvre être malheureux, a renoncé à le tuer. Ce n'était pas rationnel. Mais c'était charitable. Quand la conscience s'oppose à la raison, Tolkien nous suggère de faire confiance d'abord à notre conscience. Même si les conséquences, à court terme, semblent ensuite nous donner tort, il est une chose que les apparences ne peuvent mesurer : la victoire du Bien sur le Mal se joue d'abord en nous, et nous ne pouvons imposer le Bien en usant le Mal. Les moyens doivent être accordés à la fin. « On ne peut battre son adversaire que par l'amour et non la haine. La haine est la forme la plus subtile de la violence. La haine blesse celui qui hait, et non le haï », disait Gandhi. La seule arme que nous avons contre la haine est l'amour ; contre la violence, c'est la paix. Contre le mensonge, c'est la vérité. Contre le vacarme, c'est le silence. « Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse » (Alfred de Vigny dans la mort du loup).

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