11/06/2014
St Paul 17 : le mariage, combien de divisions ?
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Mais ceux-là connaîtront la tribulation dans leur chair, et moi, je voudrais vous l'épargner. (1 Co 7, 28)
Les personnes mariés cependant connaîtront ce qui en grec s'appelle la klipsis, et qui demande un minimum d'explication.
Le terme klipsis se réfère aux temps escatologiques, marquant le retour de Dieu, qui seront marqués par toute une série de malheurs qui s'abattront sur les gens. Il s'agit de l'ensemble des signes qui marque l'escatologie. Ceux qui se marient courent donc après les signes escatologiques, et cherchent cette klipsis, qui est vue comme une forme de sanctification. Évidemment, on est à mille lieues de la mythologie du XXIème siècle. La filmologie actuelle fait du mariage un extase érotique qui permet de donner une image de Dieu. Ou alors un enfer. L'amour et la mort, finalement, sont toujours liés, de manière parfois un peu – ou carrément – glauque : on en revient presque aux rites de fécondité des temps anciens !
L'idée de klipsis nous renvoie cependant plus au concept de sanctification : rappelons encore la phrase utilisée dans la liturgie orthodoxe du mariage. Il s'agit, pour les époux, de s'engager dans cette croix et cette résurrection. "Ceux-là connaîtront la tribulation dans leur chair", indique la traduction de la Bible de Jérusalem. Par tribulation, on doit plutôt entendre épreuve : ce qui comprend autant l'idée de challenge que de souffrance. Une épreuve dont Saint Paul a terriblement conscience et qu'il souhaiterait leur épargner. On se rappelle la situation des chrétiens à ce moment : le village savoyard, la presque nécessité de se marier avec un non chrétien, et donc le risque que cela fait prendre à la famille. Que se passe t-il en effet si l'un trahit l'autre, si les enfants dénoncent les parents etc. ? Ce sont des situations qui se vivent à Rome au moment ou Saint Paul écrit : l'édit de Claude chassant les chrétiens de Rome date de 49, et Paul écrit sa lettre aux Corinthiens en 53-54. Ces situations se sont malheureusement renouvelées à intervalles réguliers durant les deux derniers millénaires.
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05/06/2014
Saint Jean Paul II: "la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe"
C'est ce qu'écrivait Saint Jean-Paul II écrit dans Evangelium Vitae en 1995 (donc cinq ans après la chute des régimes communistes de l'Est).
"En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un «système» et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère «moral» n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un «signe des temps» positif, ainsi que le Magistère de l'Eglise l'a plusieurs fois souligné. Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut: sont certainement fondamentaux et indispensables la dignité de toute personne humaine, le respect de ses droits intangibles et inaliénables, ainsi que la reconnaissance du «bien commun» comme fin et comme critère régulateur de la vie politique.
Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des «majorités» d'opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d'une loi morale objective qui, en tant que «loi naturelle» inscrite dans le cœur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même. Lorsque, à cause d'un tragique obscurcissement de la conscience collective, le scepticisme en viendrait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, c'est le système démocratique qui serait ébranlé dans ses fondements, réduit à un simple mécanisme de régulation empirique d'intérêts divers et opposés."
Evangelium Vitae, 70. Le texte intégral en français est sur www.vatican.va
Je me suis lâchée sur le gras: c'est-à-dire que chaque mot compte double. Ce gars là, on dira ce qu'on veut, était un visionnaire. Hélas.
Quand on perd tout sens moral, de toute façon, la démocratie on s'en bat les couilles aussi (à condition d'en avoir).
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04/06/2014
St Paul 16 : Célibataires ou mariés, même combat !
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Pour ce qui est des vierges, je n'ai pas d'ordre du Seigneur, mais je donne un avis en homme qui, par la miséricorde du Seigneur, est digne de confiance. Je pense donc que c'est une bonne chose, en raison de la détresse présente, que c'est une bonne chose pour l'homme d'être ainsi. Es-tu lié à une femme ? ne cherche pas à rompre. N'es-tu pas lié à une femme ? Ne cherche pas de femme. Si cependant tu te maries, tu ne pèches pas ; et si la jeune fille se marie, elle ne pèche pas. (1 Co 7, 25-28)
Le verset 25 suscite aussi la curiosité : « Pour ce qui est des vierges, je n'ai pas d'ordre du Seigneur, mais je donne un avis en homme qui, par la miséricorde du Seigneur, est digne de confiance ». Le terme grec pistos, que l'on traduit par confiance ici, peut aussi signifier croyant, ou digne de foi. En d'autres termes, crédible*. La traduction littérale du verset 26 dirait : « Je pense que ceci s'impose beau et bon à cause de la nécessité présente », la nécessité présente se rapportant évidemment à Corinthe au premier siècle : des chrétiens peu nombreux, dans l'attente du Christ**, face aux cultes de prostitution, avec à l'époque un sexe ratio déséquilibré.
Il faut rappeler que Saint Paul n'a pas conscience que son épître sera lu en d'autres temps et dans d'autres lieux. D'un autre côté, ceux qui sont mariés ne doivent pas se délier (« tu as trouvé ta Croix », comme disent les orthodoxes lors des mariages). « N'es-tu pas lié à une femme ? » poursuit le saint, et notons ici, pour ceux qui lisent le grec, que le verbe employé n'est pas un aoriste mais un parfait (comme vu précédemment) ! Saint Paul, par ces mots, ne s'adresse donc pas aux jeunes célibataires qui ne sont pas encore mariés, mais à ceux qui n'ont pas vocation à l'être : il parle d'un état durable.
Saint Paul « marche sur deux jambes » : dès lors qu'il y a une transmission du religieux, on doit pouvoir détailler tous les cas de figure, et étudier les deux aspects de chaque chose. C'est la pensée occidentale qui est analogique, et fonctionne comme on grimpe une échelle. L'oriental monte à deux échelles en même temps : un pied sur l'une, un pied sur l'autre. S'il se casse la figure à terme, c'est que Dieu est grand (humour juif).
Au verset suivant, on oppose ensuite un aoriste à un parfait : « si tu te maries... si la jeune fille se marie... » vous ne pêchez pas. En d'autres termes : tu es dans l'état de célibat, tu ne pêches pas ; ne cherche pas non plus à en sortir. Mais s'il t'arrive de trouver une femme, tu ne pêches pas non plus*** (et réciproquement pour la jeune fille). Le don du Christ est de toute façon total dans tous les cas.
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*Notons que Saint Paul sait qu'il n'est pas vu comme un apôtre à part entière, du fait qu'il n'a pas connu le Christ avant Sa mort et Sa résurrection. Il est souvent confronté, au cours de son ministère, à des critiques virulentes sur ce terrain.
**Dans l'épître aux Thessaloniciens, Saint Paul assure qu'ils ne mourront pas ; ils vivent dans l'attente du retour proche du Christ, et forment souvent des confréries, des associations de vierges. Saint Paul connaît cette pratique au moment où il écrit aux corinthiens.
***Sauf si tu es toi-même une femme, parce que je ne suis pas certaine que Saint Paul approuve totalement l'homosexualité. Dans ce cas, se référer à la parenthèse, en gardant à l'esprit que réciproquement ne signifie pas pareillement #SecondDegré
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03/06/2014
Pèlerinage de Chrétienté : la revanche des ampoules
L'affiche (non-officielle) du Pèlerinage de Chrétienté. A destination de tous les "divergeants" qui ne savent pas dans quelle case entrer : la Confrérie des Ampoules Vengeresses aura bientôt raison d'eux...
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01/06/2014
L’œcuménisme... des larmes: Merci Manuel Gaz! (témoignage)
Comment une protestante est devenue pote avec des paroissiens de St Nicolas du Chardonnet et des cathos chachas à la fin des manifs de 2013.
Nous sommes le 12 avril 2013 et les manifestations contre la loi Taubira ont désormais lieu tous les soirs devant le Sénat. Dans mon équipe de volontaires, une jeune fille calme et déterminée, d'origine visiblement extra-européenne.
La manifestation s'achève. Nous sommes derrière le Sénat, du côté du Luxembourg. Derrière un double cordon de CRS, d'autres manifestants récitent le chapelet ; Civitas. Nous sommes trop loin d'eux pour les apercevoir. Officiellement, tout le monde devrait se disperser à présent. Mais les gens restent et la manifestation continue, sans dégradation ni insulte. Elle continue, tout simplement. Nous avons dirigé vers le métro ceux qui rentraient chez eux puis retiré nos t-shirt jaunes.
Nous sommes immobiles sur le trottoir. La jeune fille que j'avais remarquée tout à l'heure dans mon équipe se tourne vers moi :
- Je resterais bien un peu... Pas toi ?
- Si, ça promet d'être intéressant...
- Tu es chrétienne ?
C'est elle qui a posé la question en premier. Nous sommes restées pour voir. Nous n'allons pas voir grand chose : parce que sitôt que j'ai répondu "oui", une conversation animée s'est enclenchée. Elle est anglicane de tendance assez moderne, mais elle a rencontré lors des précédentes manifs des jeunes de St Nicolas du Chardonnet avec qui elle s'est liée d'amitié. J'ai viré "chacha" en restant très attachée au dogme, et j'ai une filleule et nièce "St Pie X". Elle chante dans un gospel, je fais de l'évangélisation de rue. Nous citons la Bible à toute les phrases et écoutons des groupes de worship américains. Et nous partageons la même opinion sur les manifestations et les combats que nous menons. La conversation est si intéressante que nous avons un peu oublié qu'autour de nous, c'était l'apocalypse.
Des fumigènes ont été allumés puis éteints, des rescapés de Civitas se sont mêlés à l'attroupement au fur et à mesure qu'ils parvenaient à quitter l'encerclement. Les sifflets et les slogans continuent à fuser. Les jeunes reculent pendant que les rangées de CRS avancent, boucliers et matraques dressées. Dans la nuit qui tombe les fameux petits drapeaux bleus, blancs, roses, continuent de colorer la place. Une sorte de bonne humeur tranquille émane de la foule, et pourtant les CRS ne font preuve d'aucun ménagement. On entend chanter : "trois pas en avant, trois pas en arrière..." "On entend plus chanter les CRS..."
Nous n'avons pas vu que le vide se faisait autour de nous. Et soudain, c'est le déluge; un reflux de gaz lacrymogène nous a touchés ; les CRS avancent vers nous et, aveuglées, toussant et pleurant, nous sommes incapables de réagir...
C'est un Noir bien équipé, Andréa, qui nous récupère et nous met sur le côté. Il nous applique un chiffon couvert de vinaigre sur la figure. Nous rejoignons un groupe de trois filles dont l'une paraît au bord du malaise...
La foule est sur le point de se disperser. Un adolescent passe dans l'espace laissé vide entre les manifestants et les CRS. Il cogne sur une grosse gamelle scoute avec une cuillère en criant : "A la bonne soupe, à la bonne soupe !"
Dans dix minutes commencera le tout premier cache-cache pour tous.
Pourquoi je raconte cette histoire maintenant ? Parce que j'étais à l'anniversaire de cette fille ce week-end. Il y avait des paroissiens de St Nicolas des Champs, de St Nicolas du Chardonnet, d'ailleurs encore, et des protestants. Et nous avons eu des discussions géniales, le types de discussions lors desquelles chacun prend conscience que certaines croyances n'étaient que préjugés infondés et que peut-être, qui sait, on pourrait être amis.
Alors merci à Manuel Gaz, merci d'avoir pu réaliser, avec vos gaz lacrymo, ce qu'aucun évêque, aucun pasteur n'avait pu faire jusqu'à présent. Le Pape parle d’œcuménisme du sang pour parler des martyrs du Proche-Orient. En France, on parlera peut-être un jour d’œcuménisme des larmes.
C'est beaucoup plus soft (pour nous) et (presque) aussi productif !
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