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28/05/2014

St Paul 15 : l'esclave, ce veinard.

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Étais-tu esclave, lors de ton appel ? Ne t'en soucie pas. Et même si tu peux devenir libre, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. Car celui qui était esclave lors de son appel dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur ; pareillement celui qui était libre lors de son appel est un esclave du Christ. Vous avez été bel et bien achetés ! Ne vous rendez pas esclaves des hommes. Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état où l'a trouvé son appel. (1 Co 7, 21-24)

Saint Paul utilise-t-il la provoque pour accrocher son auditoire le petit comique ?

Rappelons d'abord que le souhait d'une union sans partage au Christ est au centre de l'argumentaire de Saint Paul. Cette union se fait par imitation, ou par l'unité avec le Christ (dans son Église, dans le mariage). Tout ce qui divise est un obstacle à l'accueil du Christ, dans un contexte où l'on annonce ce retour comme très proche. (Rappel : les chrétiens attendaient le retour du Christ pour le surlendemain -depuis, on est un peu blasé, c'est sûr).

Le verset 21 commence exactement avec la même formule que le verset 18 : Saint Paul utilise là une forme rabbinique. Il change de chapitre et réemploie la phrase d'introduction. En l'occurrence, ici, il ne va plus se pencher sur le duel juif/païen, mais sur le duel esclave/homme-libre. Cela concerne exclusivement les païens – ce qui nous indique qu'on trouvait tant des juifs que des païens dans la communauté chrétienne de Corinthe. Dans ce verset, Saint Paul sait qu'il va dire quelque chose qui peut choquer.

StPaul15guerreservile.jpg"Etais-tu esclave lors de ton appel ? Ne t'en soucie pas. Et même si tu peux devenir libre, mets plutôt à profit ta condition d'esclave" (1Co 7, 21). L'emploi de "Et même si" montre bien que Saint Paul est conscient qu'il va choquer. Suivons l'idée de Saint Paul : le Christ est le parfait serviteur, et Il va connaître sur la Croix une mort d'esclave. Sur un plan purement spirituel, l'esclave a donc une longueur d'avance ! Puisque être chrétien, c'est servir, et l'idéal chrétien est de mettre tout son amour dans le don de sa vie. En effet, dans le Seigneur ressuscité, celui qui a été appelé serviteur est un affranchi du Seigneur (1Co 7,22). La réciproque, comme toujours, arrive immédiatement : celui qui est appelé libre est esclave du Christ. Évidemment, Saint Paul ne se situe absolument pas sur un plan politique et ne légitime pas la domination des uns sur les autres (les chrétiens de l'époque avaient même pour habitude de libérer leurs esclaves).

Au verset 23, Saint Paul reprend la phrase déjà utilisé en 1Co 6, 20 : "Vous avez bel et bien été achetés !" Si nous avons été achetés, c'est que nous étions esclave.

- De quoi ?
- Du péché, gros malin. Mais c'est sûr que ça parle plus aux gens de l'époque qui savaient ce que c'est que de se faire racheter pour de bon.

Dans le texte original en grec, il se contente d'inverser les mots (ce qui n'apparaît plus dans la traduction de la Bible de Jérusalem). "Ne vous rendez pas esclave des hommes" (en grec, "ne devenez pas servants des hommes", ce qui inclut l'idée de servitude et non de service). Saint Pierre dans les actes des apôtres dira, plus simplement, "il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux Hommes" (Actes 5, 29). 

StPaul15gladiator1.jpgBref, le statut "homme-libre / esclave" n'est rien en comparaison de notre statut de serviteur racheté par le Christ. L'esclavage humain est illusoire et provisoire; il ne doit pas être un obstacle à notre union au Christ. Au contraire, nous devons trouver, dans notre vie quotidienne, des clés pour appréhender ce nouveau statut et s'en revêtir.

On peut également élargir le sens du verset 24 : la traduction littérale serait "chacun dans ce à quoi il a été appelé, qu'il demeure par/pour/avec Dieu". Bref, notre état de vie ne doit pas nécessairement changer parce que nous devenons chrétiens. Le Christ, par exemple, n'a pas demandé au collecteur d’impôts de changer de métier. St Jean-Baptiste, déjà en son temps, n'exigeait pas des légionnaires romains qu'ils quittent leur charge. C'est le sens que l'on met à notre état de vie qui doit changer, notre façon de nous acquitter de nos charges, notre sens des priorités (Dieu premier servi).

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