Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/03/2022

Matrice (Carnet de covid, page 1)

On dirait que c'est la fin. Non, plutôt : on dirait que c'était la fin. Comme une histoire de cour de récré. La fin approchant, je retrouve quelques notes écrites à l'automne, alors que je ne voyais pas de fin possible. On dirait que c'était la fin... Non, je n'y crois toujours pas : l'histoire est un chemin que l'on ne parcourt que dans un seul sens. Voici donc, à contre courant de l'actualité ainsi que j'aime le faire, ce que j'écrivais en septembre 2021. Mon opinion n'a pas varié et j'ai poursuivi la transition que j'évoque dans ces lignes.

« Je ne veux pas rentrer dans le système », me témoignait une jeune femme qui refuse tellement de faire scanner son QR code qu’elle a dû annuler ses vacances, et pire, renoncer à son emploi. Elle n'a toléré aucune exception.

Pour le plus grand bien

Depuis ce fameux QR code, je me repose la question de l’intrusion de l’Etat dans ma vie privée. Est-il vraiment légitime d’imposer un traçage – innocent, bien sûr – à l’ensemble des citoyens lorsque dans un pays voisin un simple autotest surveillé par le serveur permet d’accéder à la salle de restauration ? Encore une fois, la même question posée à chaque restriction, à chaque confinement : est-ce que la survie biologique doit être prioritaire sur la liberté, la vie culturelle, la vie spirituelle ?

Vous allez me répondre : « il n’y a rien de pire que la mort ». Vous venez de le penser ? Tapez cette phrase entre guillemets dans Google et vous verrez que vous venez de citer Voldemort. Je ne vais pas débattre du sujet, grâce à Harry Potter j’y ai déjà répondu ici : www.editions-maia.com/livre/la-mort-a-lecole-de-harry-pot.... Vous me direz aussi que tous les moyens sont bons pour sortir du Covid. « Pour le plus grand bien » : là, c'est Grindelwald que vous citez. Mais est-ce vrai ? Peut-on vraiment sacrifier l'Etat de Droit, par exemple, parce qu'il serait plus important de protéger la santé des personnes fragiles que la liberté de ceux qu'il est convenu d'appeler complotiste ? Philosophiquement, c'est discutable. On l'a pourtant fait. Sans débat, sans réflexion.

Le pass sanitaire, le bébé de la culture GAFA

Je vais répondre à une autre question : comment ne pas entrer dans un système que l’on refuse ? Vous ne voulez pas que l’Etat mette son nez dans votre vie privée : mais n’avez-vous pas accepté l’espionnage commercial de Google, Apple, Facebook ou Amazon ? Désactivez-vous systématiquement le GPS de votre téléphone ? Prenez-vous le temps de refuser les cookies lorsque vous vous promenez sur le Web ? Utilisez-vous un pass navigo ou l’équivalent de votre ville ? Payez-vous en liquide ou en carte bleue ?

Cela n’a rien à voir, nous sommes libre de nous faire tracer sur Internet, la différence c’est qu’ici nous sommes obligés de montrer ce QR code pour aller à l’hôpital. Oui. Mais c’est la flemmardise qui a perdu les citoyens. Combien se font vacciner pour avoir la paix, avec la même paresse qu’on accepte les cookies sur un site visiblement commercial ? 

Mais imaginez une seule seconde que ce traçage soit arrivé dans un univers où aucune transaction ni aucune surveillance de vos trajets n’existait. Tout le monde se serait rebellé ! La vérité, c’est que ce système existe depuis longtemps et que vous avez grandi dedans. Le détruire reviendrait à mettre à plat une large part de la société. Lorsque le lierre a rongé le mur, il faut accepter d’effriter le ciment et de décoller des pierres pour le retirer. Il y aura des dommages collatéraux. Ce sera vous, ou le voisin. Mais à l’heure actuelle, tel que je vois la France, je crois que les gens ne sont pas prêts à se sacrifier. Ils veulent juste survivre, comme en 41. Et pour cela ils sont prêts à s’accommoder d’un système qu’ils savent mauvais.

En transit vers la liberté

Depuis cette histoire de pass sanitaire, je n’ai plus validé un seul cookie facultatif sur internet. C’est un premier pas. Je pense que ce n’est que le premier : le premier pas après une grosse prise de conscience. Non pas de la paranoïa, car je n’ai rien à cacher, mais la certitude qu’une société qui met l’ensemble de ses citoyens sous une liberté surveillée, quelle qu’en soit la raison, est une société totalitaire, et ce même si on ne s’en rend pas compte. C’est un totalitarisme soft. Mais c’est un totalitarisme quand même.

Cette prise de conscience est venue après des mois, des années gavées aux réseaux sociaux et à la dictature de l’information immédiate sur internet. Nous sommes saturés d’information qui tournent en rond et nous ramènent toujours au même point. Tout cela ne nous a rien apporté. Non, rien. Tout cela nous a abrutis, dispersés. Je suis malade à l’idée d’envoyer un nouvel article sur la page facebook que je gère. Je n’en peux plus de ce matraquage informatif auquel j’ai participé pendant des années. J’ai utilisé la pub sponsorisée sur les réseaux sociaux : vous n’avez pas idée à quel point c’est pratique, en un clic, de toucher des personnes habitants telle ville et intéressées par tel sujet.

Je n’ai plus qu’une envie : fermer le site internet dont je suis le rédacteur. Fermer les réseaux sociaux qui y sont attachés. Dire à tous les groupes qui comptaient sur moi : allez tracter dans votre quartier. Allez mettre une affiche dans les commerces voisins. Allez faire une annonce à la sortie des églises. Allez poster des flyers dans les boites aux lettres. Mettez un polo et posez-vous sur la place du marché. Je ne sais pas, mais arrêtez de compter sur internet. Quittez internet. Ne faites plus qu’une communication personnelle, une communication qui soit une relation et non plus une information incitative. Arrêtez de penser en termes de réseau, le réseau des gens qui pensent comme vous, et qui veulent vivre comme vous. Pensez à votre prochain : le gars à côté de chez vous. Le voisin de quartier. Reconstruisez des solidarités de territoire. Le système vous vide de votre substance pour faire de vous une marionnette : vous voulez le quitter ? Vous ne le remplacerez pas par du vide. Quittez la matrice. Rejoignez le monde réel. Quittez le système, retrouvez votre humanité.

Publié dans Cité | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

Les commentaires sont fermés.