13/01/2015
N'est pas Charlie qui veut : pour "être Charlie", il faut bouffer du curé !
"Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine: ça me fait bien rire" Willem
Willem devrait apprendre que ce n'est pas forcer l'amitié de quelqu'un que compatir à sa peine. Il faut croire que l'amour des ennemis lui est un concept tellement étranger qu'il ne le reconnaîtrait même pas quand bien même on lui mettrait le nez dedans.
En revanche, Aurélie Filippetti peut être Charlie sans aucun problème : "Je suis Charlie à 100%, j'ai envie qu'on bouffe tous du curé" (propos tenus dans la version non expurgée d'un article de Marianne, censuré depuis).
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09/01/2015
Je suis Murphy !
Comme tout le monde (à part les petits FDP connards rigolos qui ont trouvé ça marrant, voui, il y en a), j'ai été d'abord sidérée, puis en colère, et enfin effrayée en apprenant ce qui s'était passé hier. Rapidement la raison a repris le dessus : après tout, ce qui s'est passé, depuis le temps qu'on le prédisait, il fallait bien que cela arrive un jour. C'est la loi de Murphy. «Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner». Un jour. Nécessairement. Simple question de mathématique. La preuve, c'est arrivé.
C'est pour ça que je me sens plus en colère contre les autruches que contre les chacals.
Les chacals (ou chacaux comme vous voudrez) sont les FDP connards terroristes qui achèvent un blessé désarmé après s'être longuement acharnés sur quelques dessinateurs insolents (Imaginez 5 minutes de tir de kalash. Einstein vous aurait expliqué pourquoi ça a dû être très long).
Les autruches sont les zélites qui ne veulent pas regarder la réalité en face. Ma colère contre les autruches est d'autant plus forte que ces mêmes autruches sont, non seulement responsables de la situation, mais en plus bien décidées à ne pas sortir la tête du trou. Et même, à nous l'enfoncer un peu plus.
Ne vous y trompez pas, je ne suis pas fan des amalgames. En effet j'ai remarqué que parmi les premières victimes, on compte beaucoup, beaucoup, de musulmans. Par exemple des musulmans syriens. Ou des musulmans irakiens. Et comme certains l'ont fait remarquer, hier, des musulmans français: un des deux policiers, Ahmed, et un correcteur, Mustapha.
Donc loin de jeter l'opprobre sur une partie de la population de France, regarder la réalité en face permettrait de prendre la défense beaucoup plus efficacement d'une partie de la population... du monde. Celle qui, tout en étant majoritairement musulmane, souffre le plus de l'islamisme, parce qu'elle le vit au quotidien. Pourquoi donc alors avoir peur ?
Parce que voilà. L'intégriste, c'est le mec qui applique sa religion au pied de la lettre, sans en omettre le moindre iota, jusqu'à l'extrême ridicule, renonçant à toute conscience personnelle. Un jusquauboutisme qui parle latin, passe encore. Mais un jusquauboutisme qui bute les gens, on comprend que ça pourrait faire peser un soupçon sur la religion toute entière, radicaliser une partie des pratiquants, et culpabiliser les autres dont certains risqueraient du coup d'abandonner l'Islam et de se convertir au christianisme. Rien de bien positif en somme.
Donc pour éviter ces drames nos zélites utilisent deux procédés :
- Elles rappellent que toutes les religions ont leurs intégristes et que hein, les uns valent pas mieux que les autres. Méthode que les CRS apprécieront : un jet d’œuf d'un mec de l'Action Française, désormais les gars vous le prendrez exactement comme une bonne giclée de kalashnikov, et on mettra les drapeaux en berne tout autant. Pas crédible. Voyons l'autre solution :
- Elles remplacent le terme d'islamistes par dérangés, sociopathes, terroristes au besoin, mais surtout, on n'émet pas le moindre soupçon d'une très vague supposition qu'il pourrait y avoir un léger rapport d'ordre un tantinet théologique entre ce policier qui est mort pour son pays et le lâche qui l'a assassiné au nom de la foi dont ils partageaient pourtant pas mal de dogmes.
Bon, l'angélisme de comptoir, je ne suis pas contre en soi : ça permettra peut-être d'éviter la radicalisation d'une partie de la population et j'espère que c'est le but, sinon le Président n'a vraiment rien dans le caleçon. Ceci dit, une fois qu'on a crié sur tout les toit "pas d'amalgames", on fait quoi pour appliquer le "plus jamais ça" indissociable des crimes atroces qu'on a d'ailleurs un peu zappé dans l'aventure ?
On ne peut pas escalader une montagne les yeux bandés parce qu'on craint de tomber à cause du vertige. Je traduis : on ne pourra pas lutter contre l'islamisme en refusant de le nommer par peur des injustices que provoquent les amalgames. Pour continuer avec les images : si on refuse de regarder le patient, la nature de sa maladie, et le facteur de déclenchement de la maladie, parce qu'on a peur de déclencher une panique en la découvrant contagieuse, on va avoir du mal à poser un diagnostic. C'est pourtant ce qu'on fait. La question à la vie, l'univers et le reste se résumerait donc à : craint-on plus le diagnostic ou le remède ? Et la réponse est 42.
En attendant, l'épidémie, si contagion il y a, s'étendra.
C'est ce qui pourrait arriver. Or si c'est possible, ça arrivera. Un jour. Nécessairement. Simple question de mathématiques. C'est la loi de Murphy. «Tout ce qui peut mal tourner, va mal tourner».
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08/01/2015
Non, non, non à l'amalgame !
J'ai attendu aujourd'hui, parce que avec le choc et l'émotion qui suivit, n'est-ce-pas, le message risquait de manquer d'efficacité hier.
Et bien il y a trois amalgames contre lesquels j'entends lutter.
1) L'amalgame que les jihadistes font entre leurs actions et l'Islam. Il faut lutter contre le mal à sa racine, et en l'occurrence, ce n'est pas le français de la rue qui s'est rendu coupable d'amalgame (on rappellera à toutes fins utiles que cet amalgame là, c'est les jihadistes eux-mêmes qui l'ont lancé).
2) L'amalgame entre les jihadistes musulmans, et les intégristes de toutes les autres religions. Ou alors on arrête d'appeler "intégristes" les courants qui n'ont jamais produit leur lot de terroristes (on rappellera à toutes fins utiles qu'un sitting, même si l'on y prie en latin, n'est pas un acte terroriste).
3) Et SURTOUT, l'amalgame entre moi et Charlie.
Je ne suis pas Charlie. Je ne dirais pas qu'on n'est pas dans la même galère. Mais sachons raison garder: Charlie Hebdo ne pouvait pas me blairer et si je m'associe à ce deuil, je ne m'associerais pas pour autant, sur le coup d'une émotion subie autant que subite, à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo.
- Je suis choquée, effrayée, attristée et scandalisée par ce qui s'est passé à Charlie Hebdo. Je n'ai pas besoin de m'amalgamer à ce journal qui n'a jamais pu me blairer (en tant que catho pratiquante, ultramontaine et un peu tradi) pour être choquée, effrayée, attristée etc. Ce serait même insultant pour les morts. "Salut, je suis une de celles que vous méprisez et insultez depuis des dizaines d'années, et maintenant, vous et moi, c'est tout pareil, on est la même personne! Et la personne que vous caricaturiez hier, aujourd'hui, c'est vous. Vous êtes contents, hein?" Suffit de voir tout ce qu'ils ont balancé sur le compte des cathos pour comprendre qu'à la réflexion en fait c'est plutôt marrant.
- J'ai trouvé que certains dessins orduriers et diffamateurs pouvaient légitimement blesser. Hier, trois de ces personnes blessées ont tué par vengeance dans une surenchère effroyablement hallucinante. Mais je ne veux pas faire l'amalgame entre ces trois terroristes, leurs complices, les quelques petits FDP connards rigolos qui ont trouvé ça marrant, ceux qui en feraient bien autant, et le reste de toutes les personnes légitimement blessées mais parfaitement pacifiques (à qui je m'amalgame volontiers). Je continue donc à considérer que l'insulte et la vulgarité ne sont pas des arguments et que la liberté d'expression n'excuse pas tout. Si ça vous fait hurler, je parie que vous en pensez tout autant pour Zemmour ou Houellebecq.
- Ce ne serait même pas rendre hommage à la mémoire de ceux qui sont morts. S'il y a une qualité morale que je veux bien reconnaître à ces dessinateurs, c'est qu'ils ne manquaient pas d'audace. Certains parlent même à leur égard de liberté de pensée. Et bien pour leur rendre hommage, je vais conserver ma liberté de penser. Ce qui implique que je ne renie pas les désaccords quand même assez profonds qui existaient entre nous.
Et donc, je reste moi, et c'est en tant que moi même que je regrette ces morts. Mais je ne suis pas Charlie. Pas d'amalgame. Merci.
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13/12/2014
Les socialistes contre le travail du dimanche
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11/12/2014
Le Hobbit III, où comment faire son beurre sur une tartine trop grande.
Si vous avez aimé Tolkien, vous risquez de vous énerver en voyant le troisième volet de l'adaptation du Hobbit par Peter Jackson.
1) C'est LONG.
Comme du beurre qu'on a gratté sur une trop grande tartine. C'est ce qui arrive quand votre vie est prolongée artificiellement par un anneau de pouvoir, ou encore quand on fait un film de deux heures trente à partir d'un livre pour enfant de deux cent pages. Clairement, ils ont cherché à avoir le beurre, l'argent du beurre (surtout), et le sourire de la crémière.
Du coup le scénariste essaie de remplir les blancs. Avec une bataille par exemple. Une bataille à laquelle vous ne comprendrez rien, si ce n'est que tout le monde crève mais qu'il y a quand même vachement de survivants. Ou avec des gros plans qui durent et des regards qui n'en finissent pas de s'échanger et une musique bieeeeen insistante, au cas où vous n'auriez pas compris tout seul que Bilbo est attendrissant, que Thorin a claqué une durite, que Tauriel est amoureuse de Kili et que Peter Jackson n'a rien compris...
2) Et souvent incohérent.
Comme si le scénario avait été écrit par un fan qui ne possédait ni chronologie sérieuse du Troisième Âge ni carte de la Terre du Milieu.
Et que je t'évoque le Royaume perdu d'Angmar comme s'il était au nord d'Erebor... C'est au nord, oui, mais à l'Ouest, vachement plus à l'Ouest, comme votre scénario les gars... à l'Ouest...
Bravo aussi Thranduil, qui demande à son fils à la fin de la bataille un truc du style : "Va chercher un jeune capitaine des rôdeurs dans le Nord, le fils d'Arathorn, c'est un mec bien, je te dis pas son nom tu vas trouver tout seul."
Oui alors comment dire... ton capitaine mon gars, il a dix ans. Futé, de lancer Legolas sur une fausse piste ceci dit (Fondcombe, c'est au sud par rapport au lieu de la conversation, pas au Nord), ça lui fera perdre quelques années histoire de laisser grandir le petit Aragorn. A vue de nez, je dirais 77 ans, d'ici au Conseil d'Elrond. Pour faire moins de 500 kilomètres...
Parce que c'est un rapide, Legolas. En deux jours, avec Tauriel ils ont le temps de faire l'aller/retour entre Gundabad et Erebor. Ça fait 700 miles à vol d'oiseau, les enfants. Soit plus de 1100 km. Ce qui signifie que même en courant à une vitesse moyenne de 23 km/h, ils n'auraient pas dû avoir le temps de se faire des confidences à mi parcours.
Mais apparemment, les distances en Terre du Milieu sont très relatives : Gandalf met bien 24h à dos de cheval pour parcourir 640 km. Quand je pense que le Professeur vérifiait jusqu'aux cycles lunaires pour assurer la cohérence interne de son oeuvre. Qu'il repose en paix (enfin qu'il essaie...)
3) Et traître (au nom du fric).
Bilbo, le saviez-vous, est un anti-héros. Dans le livre (où il enfile l'anneau au début de la bataille et se fait assommer tout de suite. On le réveille à la fin, quand même, pour qu'il fasse ses adieux à Thorin). Mais si vous ne connaissez du livre que le film, vous ignorerez sans doute ce trait de sa personnalité que les réalisateurs ont dû trouver pas très vendeur.
Et quand on pense que Tolkien n'a pas réussi à caser une gonzesse dans son histoire le con ! Alors que c'est connu, un film n'a aucun succès sans une belle histoire d'amour très improbable et donc très triste. Pour la crédibilité : Tolkien n'a pas parlé de tous les elfes qui ont existé, or il n'a pas dit que Tauriel n'existait pas, donc Tauriel pourrait avoir existé. En revanche, une histoire d'amour entre une elfe et un nain aurait été un événement suffisamment extraordinaire pour qu'il écrive là-dessus, vous ne croyez pas ?*
Bilan des courses, ce pauvre Kili, qui était sensé mourir en défendant Thorin, meurt en défendant une elfe. Thorin n'avait finalement pas complètement tort : la loyauté se perd chez les siens.
4) Mais tout n'est pas perdu.
Avec le Seigneur des Anneaux, on a assisté à un départ superbe, un second volet décevant, une belle reprise pour finir, tout ça mené par une équipe d'aventuriers un peu fous. Avec le Hobbit, la pierre a roulé, toujours plus bas*, vers les profondeurs, avec de temps en temps une petite lueur, trop vite éteinte. Et dans ces souterrains, les fonctionnaires de l'heroïc fantasy sont les nouveaux gobelins.
Peter Jackson n'a pas pu défigurer corriger améliorer tout du livre, il en reste quelques perles. Oui, Bard est attachant. Le retour de Bilbo en pleine vente aux enchères est assez fidèle. La personnalité d'Alfrid, personnage secondaire créé pour les besoins du film, est un joyeux divertissement. Martin Freeman est toujours excellent en Bilbo (dommage qu'on lui fasse jouer des bêtises). Le combat intérieur de Thorin présente des passages intéressants. L'attaque du dragon et convaincante (on se demande juste comment Bard a su, pour le point faible de Smaug).
Qu'ils s'attaquent à Beren, Luthien, Turin, Fëanor et tous les Noldor du Silmarillion. Je suis sans inquiètude : à ce niveau là, on ne peut plus que remonter.
* Simple rappel : les nains n'ont pas été créés par Iluvatar, l'Unique (Dieu quoi). Ils ont été créés par une des puissances, Aulë. C'est la raison pour laquelle ils sont toujours un peu en dehors du coup. Si les hommes et les elfes ont pu se lier d'amitié et parfois d'amour, c'est parce qu'ils étaient frères, en quelque sorte. Mais les nains ? WTF ?
** Pour info, ma critique sur la désolation de Smaug était en effet vachement plus sympa : vous la trouverez ici
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