18/02/2014
Quand un ex-Tomboy regarde le film Tomboy
Il n'y a que les subventions pour financer ce machin ! Mais explorons quand même les quelques raisons qui ont fait de ce film un vrai navet.
Après avoir vu Tomboy, je suis catégorique ; il n'y a que les subventions pour financer un navet pareil ! C'est bien un bon film éducatif à la française ce truc... Si vous voulez du témoignage de Tomboy, je vous raconterais mon enfance, y'a vachement plus d'action. Dans ce film, on découvre la personnalité pas très attachante d'une fille de dix ans, Laure, qui serait un garçon manqué. Je me permets déjà une remarque : Laure a beaucoup trop besoin d'observer et de calculer pour rendre son jeu crédible ; comment les garçons crachent, retirent leur chemise, parlent... Un vrai garçon manqué fait tout cela naturellement !
Sur la forme :
1h18 d'ennui. On dirait un genre de docu-fiction plutôt qu'un film. Mais un documentaire sur les poissons rouges, pas sur les loups d'Alaska.
De longues, très longues plages de silence, peut-être artistique (le silence des secrets de Laure...), des conversations creuses, aucun rythme, pas de musique, un scénario inexistant (la seule menace est qu'on découvre le secret de "Mickael", l'avatar masculin de Laure, pas passionnant quoi).
Ça se traîne, ça s'enlise, c'est d'une lenteur telle qu'un adulte s'y emmerde. Alors un enfant...
Aaaah, le réalisateur nous expliquera certainement que tout a un sens, tout est artistique... tant mieux pour lui et heureusement que c''est un film éducatif ultra subventionné. Ça aurait fait un bide en salle, sinon.
Sur le fond :
- Euh, la menteus-eu...
D'une part, qu'une fille joue au foot n'a jamais dérangé les autres enfants (manquerait plus que ça). Les enfants ne sont pas aussi manipulés par les stéréotypes de genre que Vincent Peillon voudrait nous le faire croire. Ils sont encore dans le jeu, et n'ont pas totalement pris conscience que leurs jeux, au regard des adultes, pouvaient être connotés "gender". Leurs jeux sont expérimentation du réel. Tout ou presque est permis, comme dans un roman de fantasy. D'autre part, une fille qui joue au garçon n'est pas une menace tant que cela reste un jeu. En revanche, dans ce jeu, on retrouve les notions de justice, de loyauté, de courage. C'est là que Laure ne respecte plus les règles du jeu. C'est une tricheuse. Et un enfant qui ment à tous ses camarades n'a aucun ami puisqu'il n'a confiance en personne... et ne profite jamais de la vie puisqu'il est dans la peur permanente qu'on découvre sa petite manipulation. Bref, c'est une psychotique en puissance. L'identification est flippante.
- Déprime et angoisse
Du coup, Laure fait la gueule. On lui arrache à peine un sourire de temps en temps. Le seul rire de Laure, c'est quand elle partage son secret avec sa petite sœur, symptomatique. Cette gamine est triste à mourir ! Et quand la vérité se découvre, c'est la fin de tout ; c'est ce qu'on avait craint (ou attendu) pendant tout le film. C'est la mort de Mickael, l'avatar mec de Laure... J'ai presque cru que l'héroïne allait se jeter du balcon dans la dernière scène pour symboliser cette mort. Là, ça aurait pas manqué de panache. Et ç'aurait été une fin logique à un film glauque dans lequel le spectateur angoisse du début à la fin.
- Sexualité ?
Ce qui rend Laure encore plus insupportable : Lisa est manipulée par Laure puisqu'elle ignore un fait important sur son identité ; elle ne serait pas "tombée amoureuse" (à 10 ans ! laissez-moi rire) de Laure si elle avait su qu'il s'agissait d'une fille. Ce n'est donc pas à proprement parler de l'homosexualité. Il n'empêche que dans ce film, l'homosexualité est causée par un mensonge sur l'identité d'un des deux partenaires. En plus on voudrait nous faire gober que leur sexualité est celle d'adultes. Avant d'imiter un garçon en embrassant Lisa, Laure a imité... un monsieur. Les petits garçons et les petites filles qui se font des bisous jouent en fait aux "grands", puis à l'adolescence se prennent pour des grands (sans en être encore). De mon temps on appelait ça "jouer au papa et à la maman". Ce qui est gênant dans ce film, c'est qu'il ne tranche pas : Laure est-elle un garçon manqué ou un transsexuel ? Le titre du film nous ferait pencher en faveur du premier. La tonalité de la réalisatrice, en faveur du second. Or (n'en déplaise à madame Peillon ou monsieur Belkacem), un garçon manqué et un transsexuel, ce n'est pas la même chose.
- L'absence du jeu
La place du jeu brille par son absence. La seule mention qui en est faite, c'est quand le réalisateur fait dire à la mère de Laure "ça ne me dérangeait pas que tu joues au garçon". On comprend que maintenant, Laure ne joue plus. Elle se prend vraiment pour un garçon. Mais qui jouait vraiment dans cette histoire ? Les autres enfants ? A dix ans, ils organisent foots et baignades, comme une bande de copains adultes feraient. Ils jouent au ballon ; ils ne jouent pas une pièce, alors que le jeu de rôle spontané est pourtant l'apanage de l'enfance. Où sont les pirates ? Où sont les méchants ? Où est la sorcière ? Où est la princesse ? Où est le trésor ? Où est la cabane ? Finalement, est-ce que Laure ne serait pas la seule à "jouer" ? Les autres ne sont pas ses partenaires de jeu puisqu'ils n'en connaissent pas les règles. Ils sont des éléments du décor dans lequel évolue Laure. Elle est donc extrêmement seule (un peu moins quand sa petite sœur la rejoint dans son jeu, le film est d'ailleurs plus léger à ce moment). Mais surtout comment construire son identité quand on est seul sur sa planète ?
Les enfants ont le sens de l'honneur ; la condamnation sera unanime (même si le pardon est possible). A l'écran... et peut-être aussi dans la salle.
- Le regard des adultes
Je ne sais pas si c'est l'objectif de ceux qui veulent diffuser ce film. Je suppose qu'ils veulent démontrer qu'une fille peut être un garçon, et que c'est le regard qui fait l'identité. Ce serait en effet la réflexion d'un adulte. Laure devient un transgenre. Elle ne fait pas semblant, elle est vraiment un garçon prisonnier d'un corps de fille. Ils peuvent le présenter comme ça aux gosses, qui liront le film avec les lunettes faussées d'adultes idéologues, parce que les enfants peuvent être manipulés. Ils se diront alors que ce n'est pas Laure qui a menti, c'est la société. Présenté comme ça, le film ne sera pas seulement chiant, pas seulement triste, mais en plus déstabilisant.
Bref, en conclusion :
Une oeuvre culturelle de manipulation, on peut toujours dévoiler son vrai visage. Tomboy est filmé comme un docu fiction et décrit des faits réalistes. Cela aurait pu se passer exactement comme cela. Les faits peuvent être trompeurs, mais ils ne peuvent pas mentir. Les enfants qui ont vu Tomboy devront exercer leur sens critique pour ne pas gober les conclusions qu'on veut leur donner. A leurs professeurs, à leurs parents, de les y aider ; seuls, ils seront très démunis face aux idéologues. Mais ce qui ne tue pas rends plus fort... En attendant, l'ex-Tomboy que je suis s'élève contre ce machin qui donne une image déplorable des garçons-manqués ^^. Par réaction, des parents pourraient très bien surinterpréter des comportements appelés à se résorber ou exclure le petit camarade bizarre. Je pense qu'il faut ancrer les enfants dans le réel ; leur rappeler qu'une fille reste une fille même si elle joue à de jeux de garçons, que le mensonge c'est toujours mal, que l'amitié implique la loyauté. Et si votre fille joue à des jeux de garçons et cherche une héroïne qui lui ressemble, offrez lui plutôt le club des Cinq.
Parce que :
1) Claude ne ment jamais sur son sexe (ni sur rien) (sauf aux méchants),
2) Les enfants vivent des aventures incroyables,
3) Ils sont heureux de vivre !
4) Ouah ! fit Dagobert.
Mais ne vous plantez pas sur l'édition, prenez une ancienne, la nouvelle a été complètement remaniée.
Sinon il y a aussi l'excellent "La guêpe et les frelons" de Mik Fondal (Les Enquête du Chat-Tigre, réédité aux Editions du Triomphe). Génial.
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05/02/2014
St Paul 14 : vocation permanente et appel particulier
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Par ailleurs, que chacun continue de vivre dans la condition que lui a départie le Seigneur, tel que l'a trouvé l'appel de Dieu. C'est la règle que j'établis dans toutes les Églises. Quelqu'un était-il circoncis lors de son appel ? qu'il ne se fasse pas de prépuce. L'appel l'a-t'il trouvé incirconcis ? qu'il ne se fasse pas circoncire. La circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien ; ce qui compte, c'est de garder les commandements de Dieu. Que chacun demeure dans l'état où l'a trouvé l'appel de Dieu. (1 Co 7, 17-20)
Les traductions du verset 17 sont, là encore, diverses. La traduction littérale dirait ceci : "Sinon, à chacun comme l'a mesuré le Seigneur", autrement dit, "à chacun comme l'a appelé Dieu". On ne voit pas vraiment au premier abord le lien avec le mariage ; en fait, dans la suite de ce chapitre, St Paul extrapole (c'est une extra-Paul-ation pardon). Comme si parler du mariage l'avait inspiré pour parler de la vocation en général : la vocation à la sainteté.
Ici, notons qu'en grec le verbe est au parfait. Ce temps indique une situation de long terme. On peut donc comprendre que chacun doit agir selon sa vocation permanente. Nous sommes appelé par Dieu depuis toujours : il s'agit de la vocation permanente. L'appel permanent de Dieu surplombe tous les états de vie, tous les seuils, c'est à dire toutes les étapes qui doivent nous amener vers le Christ.
Un peu de théologie des seuils de la foi :
- Le premier seuil, représente la vocation permanente en Dieu à laquelle ont accès les païens.
- Le second seuil, va être la vocation des juifs, à travers la Torah et la première révélation.
- Le troisième seuil est celui révélé par les apôtres, qui annoncent le Christ qui appelle chacun, à travers les Évangiles.
- Le quatrième seuil est l'annonce dans l'Église.
Mais le Christ appelle chacun à un moment donné.
La rencontre avec le Christ est un thème qui, avec raison, marque certainement Saint Paul. Dans le genre fulgurant, il a en effet pu observer (si l'on peut dire) par lui-même à quelle point cette rencontre avec le "foudroyant foudroyeur"* était éclairante (Damas, la lumière etc).
Tout ça nous amène à un des problèmes que rencontrent les communautés chrétiennes de l'époque, et que Saint Paul s'emploie ici à résoudre, aux versets 18 et 19. "La circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien ; ce qui compte, c'est de garder les commandements de Dieu" (1Co7,19). Si l'on reprend notre théorie des seuils, voilà ce que cela signifie : les seuils 1 et 2 ne comptent plus devant le troisième. Certes, il y a hiérarchie, mais rien n'oblige à franchir les étapes dans l'ordre. C'est la légitimation du saute-mouton spirituel. Le Salut n'est plus lié à la circoncision. Ce qui sauve, dans le Christ, c'est l'appel, d'une part, et d'autre part et surtout la croix qui vient guérir le refus de cet appel. Idée renforcée au verset 20 : "Que chacun demeure dans l'état où l'a trouvé l'appel de Dieu", ce dernier verbe étant un aoriste, révélant un fait ponctuel. Bref, pas besoin de changer de religion pour devenir chrétien oups. Pas besoin de devenir juifs pour devenir chrétien. Ou de quitter sa femme.
* C'est une citation de Bruce tout puissant, film culte s'il en est, et très porteur de sens sous des dehors légers.
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22/01/2014
St Paul 13 : Mariage mixte !
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Quant aux autres, c'est moi qui leur dis, non le Seigneur : si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. Une femme a-t-elle un mari non croyant qui consente à cohabiter avec elle, qu'elle ne répudie pas son mari. En effet le mari non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le mari croyant. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints ! Mais si la partie non croyante veut se séparer, qu'elle se sépare ; en pareil cas, le frère ou la sœur ne sont pas liés : Dieu vous a appelés à vivre en paix. Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? (1 Co 7, 12-16)
De fait, dans une communauté réduite, le mariage « mixte » est un peu la seule solution. Ok, le terme "mariage mixte" est un peu un anachronisme, j'avoue. Aujourd’hui cela recouvre le mariage entre deux confessions différentes (un chrétien et un non chrétien) ou entre dans un sens large entre deux cultures différentes, deux ethnies différentes, deux espèces différentes. Au temps de Paul, le baptisé et le non baptisé.
On en arrive au verset 12. "Quant aux autres, c'est moi qui le dis, non le Seigneur". Ici, St Paul indique qu'il va faire une adaptation pastorale à ce cas précis. Ce n'est pas "parole d'évangile. "Si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui...". Et il en va de même pour la femme baptisée. Toujours la réciproque : ce qui vaut pour les hommes s'appliquera aux femmes, pas de favoritisme.
Le mariage mixte est une possibilité que St Paul ouvre.
Cependant, les unions entre des chrétiens et des non croyants sont soumises ici à une condition drastique. Pas si cool, St Paul... ''Habiter avec'' signifie à l'époque partager les dieux lares*. Si un non croyant accepte de cohabiter avec un chrétien, c'est donc qu'il est d'accord pour mettre les dieux en commun, en l'occurrence partager le Dieu du chrétien puisque celui-ci, et St Paul l'a abondamment rappelé dans le chapitre précédent, ne peut s'adonner à d'autre culte que le culte chrétien.
"En effet, l’homme non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le frère/baptisé. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints", lit-on au verset 14. A l'époque en effet, les enfants de chrétiens ne sont pas baptisés car ils sont considérés comme purs du fait de la foi de leur parents qui les fait partager le même Dieu. Le baptême pour les enfants viendra assez vite cependant, parce qu'on va considérer que si la simple ouverture à la foi peut être offerte par les parents, combien plus peut apporter le baptême dans le Christ.
Cependant, l’union entre le baptisé et le non baptisé ne peut perdurer si la "partie non croyante" (verset 15) souhaite se séparer. "Le frère et la sœur ne sont pas asservis (dédoulôtai) dans ces conditions", c'est-à-dire que l'un n'est pas esclave de l'autre. Dès lors que ce n'est plus le Christ qui est aimé en l'autre, on retombe dans l'esclavage de l’idolâtrie. Et si le Christ a été refusé par le non baptisé, ce n'est pas au conjoint chrétien de vouloir sauver l'autre par lui-même ; croire qu'on peut sauver l'autre, c'est se prendre pour Dieu. C'est là le sens du verset 16**.
CECI DIT se séparer ne signifie pas divorcer -le mot n'existe pas à l'époque- répudier. On disait précédemment (verset 3-5) que le mari et la femme ont besoin l'un de l'autre, se doivent l'un à l'autre, bref, sont appelés à passer du temps ensemble. Et bien dans ce cas non, dans un cas il vaut mieux qu'ils évitent de se voir.
* dieux lares = dieux domestiques
** "Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ?"
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16/01/2014
Genre et stéréotype : la grande manipulation
"La théorie du Genre n'existe pas". C'est un peu comme Voldemort Vous-Savez-Qui, il est interdit de prononcer son nom et quand elle revient tout le monde se voile la face. Nier l'existence d'une théorie est en effet un très bon moyen de la propager sans craindre la contradiction.
Du coup, ceux qui vont nous promouvoir la théorie du Genre utilisent une autre rhétorique : ils prétendent lutter contre les stéréotypes de genre. Ça tourne à l'obsession et même au ridicule, comme essayait de le montrer la Manif Pour Tous (maladroitement mais à raison). Rayons jouets dans les grandes surfaces, sensibilisation des enseignants, ABCD de l'égalité, c'est une politique visiblement un peu plus prioritaire que alphabétisation.
Déjà, rappel de définition :
Pour les psychologues sociaux, le stéréotype est une croyance collective et non pas une réalité concrète (sauf si vous considérez qu'une croyance est concrète). Les stéréotypes sont des "croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, […] les traits de personnalité, […] les comportements, d’un groupe de personnes" (Leyens).
De nature, le stéréotype n'est pas mauvais en soi. Il permet de se repérer et de se positionner dans la société. En revanche, dans l'usage courant le terme "stéréotype de genre" est désormais toujours connoté négativement. Un peu comme le terme homophobe. En fait, il y a manipulation sémantique et cela tient à l'usage qu'en fait la Théorie du Genre dans sa pratique la plus extrémiste. C'est ce que je vais essayer de montrer. Les différentes positions ont été simplifiées et présentées sans nuance (vous rencontrerez rarement quelqu'un d'aussi catégorique) ; mais cela permet de mettre en valeur le mécanisme. Néanmoins, faut s'accrocher !
A - Ce que dit l'observation du réel
1) Il existe des croyances collectives sur les caractéristiques que partagent les personnes de même sexe = des stéréotypes de genre.
Jusque là, on est d'accord. Il existe effectivement des représentations collectives de l'homme et de la femme. C'est un phénomène naturel. Qu'elles soient justifiées ou non, universelles ou non, souhaitables ou pas, là n'est pas encore la question.
2) Parmi ces stéréotypes de genre, certains sont dévalorisants.
C'est sur que de dire "les femmes conduisent mal", ce n'est pas sympa. Pour l'instant, on ne peut pas désapprouver. Même si sémantiquement on glisse du stéréotype (neutre) au préjugé (négatif).
3) Ces stéréotypes influencent en partie notre comportement, les rôles que nous tenons dans la société, jusqu'à notre caractère, nos désirs et nos goûts.
On ne peut pas le nier non plus. Chaque être humain répond à des attentes de la société, plus ou moins consciemment, et tend à correspondre naturellement à l'image qu'il se fait de lui-même en fonction des représentations de la société. On ne dit pas non plus (pour l'instant) que ces représentations sont le principal moteur de nos décisions.
Si on s'oppose à ces trois points, on passe pour des débiles parce qu'ils sont quand même pas mal fondés sur le réel. Voyons maintenant comment le glissement s'opère :
B - Du réel au théorique
4) Ce qui différencie un homme d'une femme sur le plan du comportement, du goût, des désirs etc. est le produit des stéréotypes de genre véhiculés par la société. Et non de la biologie.
Là, c'est ce que certains appellent la théorie du Genre. On adhère ou pas. C'est pourquoi on [les pas-d'accord] aimerait que cela s'appelle une théorie... et non un théorème.
5) Les différences ainsi artificiellement causées sont toujours discriminantes.
En voilà un de beau, de préjugé, au passage : différence = discrimination. Il est suffisamment répandu dans la société pour qu'on puisse parler de croyance collective, vous ne pensez pas ?
6) S'il y a différence, c'est qu'il y a eu stéréotype même si on ne s'en est pas rendu compte. Dans l'analyse des stéréotypes, on doit donc non seulement inclure ce qui est de l'ordre de la croyance mais aussi des différences effectives constatées sur le terrain.
Voyez comment le glissement sémantique s'opère... On n'est évidemment plus dans l'analyse factuelle. On est dans une nouvelle sorte de paradigme, un système de pensée, une théorie, quoi oups.
Voyons maintenant, en trois points, les décisions qui font suite à ces conclusions.
C - De la théorie à l'idéologie
7) Il faut lutter contre les discriminations => il faut donc lutter contre les différences associées au sexe des individus.
En effet, le résultat des points précédents, c'est qu'il faut lutter contre les différences sexuelles puisqu'elles sont toujours discriminantes et qu'il est mal de "discriminer" (même si choisir c'est discriminer - ah c'est vrai, on a un président qui ne choisit pas). Il faut donc transformer le réel.
8) Les stéréotypes sont à la source de ces différences => les stéréotypes sont mauvais en soi, il faut supprimer l'influence des stéréotypes.
Les partisans de la théorie du genre passent leur temps à établir des listes de stéréotypes qui correspondent ou non à la réalité pour en prendre le contre pied systématique. Ils entendent par là changer les repères de la société pour en instaurer des nouveaux.
9) Pour libérer les enfants des stéréotypes, on veillera à modifier directement leur comportement par l'incitation directe (organisation d'une activité) ou indirecte (lectures, films...)
Bref, on adopte une démarche volontariste. Notez qu'en faisant cela, les enfants ne sont pas moins sous influence (et même plutôt plus puisque les adultes sont volontaristes) !!! On n'a pas du tout lutté contre les stéréotypes, contrairement à ce qu'on voulait faire croire, on en a imposé artificiellement d'autres !!
Ces deux derniers points sont compliqués à mettre en oeuvre ; il faudrait isoler l'enfant de sa famille et du reste de la société pour éviter toute influence négative, raccourcir le délais de prise en charge de l'enfant par l'Etat, transformer en profondeur tous les secteurs de la société : entreprises, commerce, publicité, éducation, famille...
=> On est passé de la lutte contre les préjugés à la lutte contre la réalité. Vous n'êtes pas bluffés ? Elle est là, la grande manipulation. Et voilà comment de l'observation du réel, via une théorie contestable (système cohérent d'idées conçu à partir d'une hypothèse), on passe à une idéologie (l'idée s'impose au réel en vue de le transformer). La théorie du genre connaîtra le même sort que toutes les idéologies qui ont cru pouvoir changer le Réel mais si on pouvait éviter le million de morts cette fois ça serait cool.
Quelques pistes pour réagir
Pour ne pas donner du grain à moudre aux idéologues, je suggère du coup trois principes :
- Ne plus parler de stéréotypes de genre. Son utilisation dans le langage courant est désormais péjorative. L'utiliser, c'est actualiser la menace qu'on voudrait faire planer. [Si on veut être méchant, on peut aller jusqu'à assurer que les stéréotypes de genre sont inventés par les défenseurs de la théorie du genre qui l'utilisent comme épouvantail. Je suis de mauvaise foi ? Oui. Tout comme ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de théorie du genre.] J'imagine mal les chercheurs abandonner un terme au motif qu'on lui fait dire n'importe quoi. Mais dans le langage courant, nous pouvons remplacer ce terme par deux autres : "repère" lorsque l'on veut mettre l'accent sur l'aspect positif du stéréotype nécessaire à la construction identitaire et au positionnement social / "préjugé" lorsqu'on veut dénoncer une représentation fausse, méprisante ou réductrice. Par exemple, je dirais que Najat Vallaud Belkacem a de solides préjugés sur les mères au foyer. En revanche, un enfant identifie l'homme au chevalier : bon repère pour se construire. Garde la ligne petit !
- Ne pas lister sans fin les caractéristiques des hommes et des femmes. D'abord parce que les cas particuliers démentent trop souvent ces listes : des petites filles qui ont tout, à première vue, du petit garçon et réciproquement, sans que cela ne soit pathologique ( -> on donne des arguments faciles à la partie adverse) ensuite parce que la différence entre un homme et une femme ne se résume pas à une liste de caractéristiques (voir article précédent). Les repères sont importants pour se construire, mais ils n'expliquent pas réellement nos différences fondamentales ! Ce serait comme décrire la route pour faire le portrait d'une voiture. Si vous n'utilisez aucune liste de ces particularités (lesdits "stéréotypes") pour définir et différencier l'homme et la femme, vous arriverez quand même à démontrer votre propos et votre adversaire sera privé de ses arguments habituels !
- Répondre à l'idéologie par la raison, souvent plus mesurée mais aussi plus audible qu'une réaction épidermique. Notre identité d'homme ou de femme : quel sujet passionnant pour la recherche biologique, sociologique, philosophique etc ! Notre société n'a-t-elle pas besoin de réponse ? Pourquoi les garçons sont plus souvent en échec scolaire, comment expliquer l'évolution de corps de métiers (médecin, informaticien...), quelle est l'influence des hormones sur le cerveau, pourquoi certains sont-ils si mal dans leur peau etc... Léonard Sax, chercheur américain, a l'air vachement intéressant par exemple ! Ça ne va pas plaire à tout le monde, mais ce formidable champ d'investigation, où s'expriment des théories très variées, porte justement un nom aux Etats-Unis : on appelle cela les Gender Studies.
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15/01/2014
St Paul 12 : Indissoluble
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Quant aux personnes mariées, voici ce que je prescris, non pas moi, mais le Seigneur : que la femme ne soit pas séparée de son mari – au cas où elle en aurait été séparée, qu'elle ne se remarie pas ou qu'elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne répudie pas sa femme. (1 Co 7, 10-11)
Pour placer l'année 2014 sous de bons augures, nous allons enfin évoquer avec St Paul le cas des personnes mariées.
L'Abbé Jacques Bernard (ie Père Jacques), exégète et prêtre du diocèse de Cambrai, proposait aux étudiants ignares que nous étions alors la traduction suivante de ce passage : "A ceux qui sont fondés en mariage (verbe au parfait) Voici ce que j’évangélise (parangello), non pas moi, mais le Seigneur"
Deux remarques :
1) L'usage du parfait, en particulier dans le grec, signifie qu'on évoque une action ponctuelle terminée. Dans le grec ancien, "l'indicatif parfait est employé chaque fois qu'une action vient d'être terminée. Il correspond, de manière générale, au passé composé de la langue française écrite" (Wikiversity). L'action de se marier est terminée, c'est fini, c'est définitif, donc on évoque désormais un état permanent de personne mariée. L'usage de ce temps chez St Paul éclaire ce qu'il disait du célibat précédemment (célibataire permanent/célibataire temporaire). C'est intraduisible en français (ceux qui sont fondés en célibat ?)
2) Quand St Paul dit : "non pas moi, mais le Seigneur", il annonce en ces termes que ce qui va suivre n'est pas un conseil qu'il donne mais est "parole l'Évangile" (contrairement à précédemment). L'Évangile en question, c'est Matthieu 19: "Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme – sauf pour "porneia/culte païen" – et en épouse une autre, commet un adultère". C'est-à-dire, si vous divorcez, c'est comme si vous trompiez votre femme. Mais si vous trompez votre maîtresse n°1 avec une maîtresse n°2 est-ce que vous trompez plus votre femme ? Le doute demeure #Gayet. Ceci dit, suivant ce principe, on ne peut pas échanger sa femme avec celle d'un autre (même quand on s'appelle Arthur Pendragon).
Le Christ rappelle ici l'indissolubilité du mariage monogame, consacré dès Genèse 1, et c'est sur cette parole que St Paul s'appuie. Pour plus d'infos, lire la première partie de "Homme et Femme il les créa", de Jean Paul II, 696 pages seulement, d'une simplicité enfantine #SecondDegré. Ou alors contentez-vous de lire cette audience générale : Audience Générale du Pape Jean-Paul II du 2 avril 1980.
Fait intéressant : dans le terme porneia, on retrouve l'argument selon lequel on ne peut se livrer à deux cultes (cf précédents épisodes, ici puis là). Si les deux membres d'un couple n'ont pas la même finalité de sanctification, ils ne peuvent être mariés.
-> Donc la question se pose : dans quelle mesure peut-on se marier chrétiennement avec quelqu'un qui ne partage pas notre foi ?
C'est un cas que Paul va détailler alors. Car on en revient toujours au drame du village savoyard : "Ok, mariez-vous, ça va vous sanctifier", dit St Paul. "C'est sympa de ta part de nous dire ça mais on est toujours dix, dont ma sœur, ma nièce, et deux cousines, la seule gonzesse libre de notre église a 70 berges", répond le chrétien de Corinthe. "Et je fais comment moi pour me marier, mec ?"
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