St Paul 4 : Dans le port de Corinthe...

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Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? Et j'irais prendre les membres du Christ pour en faire les membres de prostituée ! Jamais de la vie ! (1 Co 6, 15)

Dans le port de Corinthe - Y'a les marins qui bai-dansent

Si dans la suite du chapitre, on met sous le sens de « corps » l'idée d'un réseau (encore une fois, il s'agit soit de la personne humaine dans son intégralité terrestre, corps âme et esprit, ou de tout autre réseau humain en quête de sanctification comme une famille ou l'Église), et sous le mot « porneia » (souvent traduit par débauche etc.) le sens religieux païen que les corinthiens y mettaient, on comprend mieux la suite du texte. Je me permets cette traduction :

Ne savez-vous pas que vos personnes en recherche de sanctification appartiennent au Christ ? Et j'irais prendre ce qui appartient au Christ pour l'unir à une fausse divinité lors d'un rite sexuel païen ! Jamais de la vie !

Néanmoins, le discours de Paul reste ciblé. Et c'est très important de contextualiser le discours de Paul. Cela permet de prendre conscience... de son actualité. 

Il parle à Corinthe, dans ce port, ce n'est pas un lieu anodin. Ceux qui ont sexualisé ce passage dans leurs traductions n'ont donc pas entièrement tort. 

Un port, c'est plein de marins qui sont loin de leur(s) femme(s) et qui cherchent à noyer leur déprime dans l'alcool ou le sexe, ça fait moins rouiller que l'eau de mer. C'est aussi le lieu par excellence où se mélangent les cultures et les religions. Dans cette antiquité souvent polythéiste, le synchrétisme ne posait aucun problème. Tout le monde partageait les dieux et les rites de tout le monde, et on ne remettait pas en cause l'existence des dieux du voisin, puisqu'il pouvait très bien exister des dieux dont on n'avait jamais entendu parler. Sauf quand on était juif. Ou chrétien. D'où les différentes persécutions des uns comme des autres, de Babylone à la Rome de Néron.

On comprend donc mieux l’argument de St Paul si on lui restitue son sens religieux : Paul oppose la recherche de sanctification par les cultes païens à la sanctification par le Ressuscité.

Vous êtes chrétiens, et vous ne pouvez donc pas vous adonner à des rites païens. D'autant plus que l'adhésion totale à la divinité est l'objectif de ces cultes. Même si c'est plus rigolo, à première vue, d'atteindre le divin par le vagabondage sexuel que par la Messe. Paul en donne un autre exemple dans les repas offerts aux démons (c'est-à-dire aux dieux païens)(Cf.1 Co 10,20)

Alors, me direz-vous, si le vagabondage sexuel n'a aucun objectif d'union aux divinités, il n'est pas incompatible avec le christianisme ? On en reparle la semaine prochaine...

St Paul 3 : L'unité avec Dieu est sans partage

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Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ ? (1 Co 6, 14-15)

Qu'est-ce que St Paul essaie de dire ici ? Qu'un pied ne peut se brancher que sur une seule jambe, qu'une main n'appartient qu'à un seul bras, et qu'une tête ne possède qu'un seul corps (et, a priori, réciproquement). 

Et qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes.

En tant que membres du corps du Christ (représentez-vous physiquement la chose), notre corps (c'est à dire comme dit précédemment notre réseau de sanctification, qu'il s'agisse de la simple personne humaine, de la famille, de l'Église ou de tout autre réseau), bref notre corps est sacré. C'est-à-dire :

- Mec, toi, en tant que chrétien, tu es sacré. Tu appartiens au Christ. J'anticipe sur la semaine prochaine : tu ne dois donc pas te donner à quelqu'un d'autre, puisque tu es déjà donné au Christ. Donner, c'est donner, reprendre, c'est voler.

- Ta famille, si elle est chrétienne, appartient au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- Ta patrouille de scout, si elle est chrétienne, appartient au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- Ton groupe de prière appartient au Christ ressuscité. Il est donc sacré.

- Ton aumônerie appartient au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- Ta paroisse est donnée au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- Ta communauté religieuse appartient au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- L'Eglise appartient au Christ ressuscité. Elle est donc sacrée.

- Et chez Saint Paul, ce qui vaut pour les mecs vaut toujours aussi pour les meufs demoiselles, comme on le verra plus tard. N'espérez donc pas passer entre les mailles du filet. Dans le port de Corinthe, les prostituées sacrées étaient plus souvent des femmes destinées aux hommes, mais les temps change et l'ami Paul n'exclu personne de ses argumentaires... Il se contente de contextualiser pour que nous sachions mieux adapter.

Voilà la sanctification de notre « corps/réseau ». Et comme, dans le courant juif apocalyptique, notre réseau est marqué depuis Adam par le péché, la sanctification suppose l'idée d'un pardon préalable donné par Dieu et confirmé sur la croix du Christ.

 

 

St Paul 2 : Paul et les cultes de prostitution sacrée !

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Mais le corps n'est pas là pour la fornication ; il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps (1Co 16, 13)

Youpi, du gore, du trash et du sexe ! Rien que dans le titre du paragraphe il y a de quoi se faire plaisir : cultes, prostitution, sacrée, les trois mis ensemble promettent un scénario digne des scènes les plus marrantes de Da Vinci Code.

Alors tout de suite pour couper court à une lecture restrictive, une nouvelle définitin. Fornication est un autre faux ami du grec. Rien à voir avec David Duchovny. Le terme « porneia » utilisé par Saint Paul fait ici référence à une pratique bien précise, laquelle n'est pas exactement sans rapport avec un cinéma X, mais avec une connotation religieuse en plus, comme dans toute l’antiquité.

Par « porneia », on entend les cultes de prostitution sacrée – Bacchus, le culte de Mitra en sont des exemples. Dans les rites de prostitution sacrée, les hommes cherchent à s'unir à la divinité par le sexe. Ces rites devaient d'autres part connaître un succès hors du commun dans une ville comme Corinthe, qui était un important port, et donc nécessairement un lieu de syncrétisme (et de débauche) pour marins à terre. On n'apprenait pas ça en cours d'histoire antique (en classe de 6e je crois). Dommage, je me serais moins emmerdée...

Et Paul de conclure : si vous êtes en quête de sanctification, ce n'est pas la prostituée sacrée qu'il faut aller voir, mais le Seigneur ressuscité. Le « corps » est pour le Seigneur (le ressuscité) comme le Seigneur pour le « corps » : c'est à dire, le Seigneur est donné au réseau de sanctification (6,13).

En gros, St Paul nous dit que ce n'est pas par un culte sexuel que l'homme pourra s'unir au divin, mais par le Christ. Il faut choisir entre les deux réseaux. La semaine prochaine, il nous dira pourquoi.

Et ce disant l'ami Paul condamne le Prieuré de Sion (c'est une blague il n'existait pas).

Evangélisation

"Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il témoigne de l’amour de Dieu. Soyez missionnaires de la tendresse de Dieu !" (François @Pontifex) 

St Paul 1 : Le Réseau

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« Tout m'est permis » ; mais tout n'est pas profitable. « Tout m'est permis » ; mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien. « Les aliments sont pour le ventre et le ventre par les aliments, et Dieu détruira ceux-ci comme celui-là. »(1Co 6, 12-13)

Ca commence bien, allez-vous dire, on n'y comprend rien. Le rapport avec la choucroute ?

Ces versets expriment le refus d'être l'esclave de quelqu'un ou de quelque chose.

- Comme dans le débat sur la cigarette : on va considérer que la cigarette est mauvaise à partir du moment où fumer induit un état de dépendance. Tant que cet état n'existe pas, fumer n'est pas mauvais.

Dans ce chapitre, Paul dit qu'il ne va pas parler de ce qui appartient à l'ordre alimentaire. En effet, au verset 13 il indique « les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments. Dieu détruira ceux-ci (les aliments) comme celui-là (le ventre) ». Soulignons qu'en Hébreu et dans toutes religions de cette région du monde, l'alimentaire et le sexe sont liés, et souvent, le terme nourriture est utilisé comme un euphémisme : cela pourrait donc aussi désigner la sexualité (et je ne me plaindrais plus jamais d'avoir faim de la même façon). Donc quand Saint Paul dit qu'il ne va pas parler du ventre, il veut aussi dire qu'il ne va pas parler du bas-ventre. Déçus ? Moi aussi. Mais attendez la suite...

Ici, en disant que Dieu va détruire  tout ce qui est du « ventre », Paul indique qu'il va parler d'autre chose. Il ne va pas parler de ce qui passe : « la chair », mais de ce qui demeure : « le corps ».

Par chair*, l'hébreu entend l'homme limité, ainsi que l'indique l'expression hébraïque « un homme de chair et sang/basar vadam » pour désigner un mortel. « La chair » c'est la limite humaine. Paul veut parler non plus de l'homme limité mais de l'homme dans le Christ et ne trouve pas le mot grec adéquat pour exprimer sa pensée. Comme l'a montré Robinson dans son livre « the Body » il spécialise le mot « sôma/corps » pour désigner un « réseau en recherche de divinisation ». Corps sera donc traduit par réseau de sanctification, qu'il s'agisse de la simple personne humaine, de la famille, de l'Église ou de tout autre réseau**. D'où l'expression de « corps du Christ » pour désigner l'Église.

Bref, chaque fois que vous lirez "corps" dans St Paul, vous traduirez instantanément par "réseau".

Ce premier point de sémantique élucidé - il est fondateur pour la suite, vous verrez - vous pouvez garder votre Bible sous le coude. On continue mercredi prochain, 17h sur ce blog.

* Dans l'idéal platonicien, le corps/sôma, est un tombeau/sema dont l'âme, doit être délivrée pour redevenir une idée pure. Ici, ce n'est pas dans ce sens que saint Paul utilise le mot « corps »

** En gros le chrétien a toujours du réseau. Il est free. Il a tout compris.