29/05/2013
St Paul 5 : Union de mort ou union de Vie ?
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Ou bien ne savez-vous pas que celui qui s'unit avec la prostituée n'est avec elle qu'un seul corps ? Car il est dit : les deux ne seront qu'une seule chair. Celui qui s'unit au Seigneur, au contraire, n'est avec lui qu'un seul esprit.
Fuyez la fornication ! « Tout péché que l'homme peut commettre est extérieur à son corps » ; celui qui fornique, lui, pèche contre son propre corps.
Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Vous avez bel et bien été achetés ! Glorifiez Dieu dans votre corps (1 Co, 6, 16-20)
Avec ces 4 versets, on boucle le chapitre 6, qui est au chapitre 7 ce que les fiançailles sont au mariage: un préliminaire incontournable lors duquel les fondements sont posés. Comme ça, on ne construit pas sur le sable.
« Tous deux ne feront qu'une seule chair » (6, 16). Il faut remonter à la Genèse pour comprendre l'allusion, que vous aurez tous saisis, je l'espère.
Détour exégétique sur la Genèse
Dans Genèse 1, l'homme et la femme, dans l’amour créateur qui les fait un (ils ne seront divisés dans la Bible qu’au chapitre 2), sont « à l’image » de Dieu (comme Dieu est un pour son peuple unique). Plus loin dans cette lettre (1 Co 15, 44) Saint Paul appelle l'Homme pour cette raison l'Adam « spirituel » (pneumatikos en grec). Par contre l'Adam de Genèse 2-3 est appelé « psychique » (psukikos) puisque lors de sa création où il est modelé du sol, Dieu souffle sur lui une « souffle de vie » (psukè).
La femme n’est pas encore tirée de sa côte pour lui être donnée comme « un soutien vis-à-vis », symbole de l’Alliance au nom de laquelle l’homme doit tout quitter pour ne plus faire qu’un avec elle. La femme y est présentée comme le symbole de l’alliance avec Dieu. La désobéissance au commandement n’a pas encore brisé cette unité d’Alliance. Elle ne fut brisée par le péché qu'à l'instigation du serpent (Genèse 3).
Jésus, en donnant le pardon du Père, rend à l'homme l'unité originelle (celle de Genèse 1 et celle de Genèse 2 avant le péché). C'est une situation nouvelle qui est offerte aux hommes, et que Paul expliquera également.
Bref, pour résumer : dans Genèse 1, il n'y que l'Homme avec un grand H, parce que homme et femme ne font qu'Un. Leur union est un reflet de l'union divine. Avec le péché, ils font la gueule à Dieu et s'envoient les assiettes à la figure. Sur ce, Jésus arrive, restaure par Son sang l'Alliance perdue et donc vient également restaurer l'union de l'homme et de la femme.
Ou pour employer une image : l'union première de l'homme et de la femme est le reflet de Dieu. L'homme casse le miroir, mais en détruisant le miroir, il détruit deux choses dans le même mouvement:
- Le miroir - c'est à dire l'alliance, ce qui faisait le lien avec Dieu
- Le reflet - c'est à dire l'alliance entre l'homme et la femme.
Jésus revient et construit un nouveau miroir. Mais est-ce le même miroir ?
Dans la Genèse, l'Homme est mis dans le jardin (masculin en hébreu) pour la cultiver et la garder (féminins en hébreu). D'où sort ce « la » ? En fait, il s'agit de la Torah. Ce texte est écrit à l'époque de Josias, alors que la femme est souvent utilisée comme symbole de la Torah. Lorsque Dieu déclare « il n'est pas bon que l'Homme soit seul », il crée les animaux. On symbolise là les cultes égyptiens, où les divinités sont représentées par des animaux. Puis Dieu le plonge dans un songe, lieu où l'Alliance est donnée à Abraham (Gn 15,12). Notons que les mots « côte » et « vie » sont voisins dans le fond mythique ancien (Ti en sumérien). Une deuxième chose intéressante à noter : dans ce récit, c'est l'homme qui va donner de sa vie pour donner vie à la femme (alors que Dieu aurait pu prendre un autre morceau de glaise). Il s'agit d'un renversement par rapport aux religions de la fécondité où c'est la femme qui donne la vie. Deuxième renversement : l'homme quitte son père et sa mère pour s'attacher à sa femme. Or nulle part à l'époque l'homme ne quittait ses parents, c'était toujours la femme qui rejoignait la famille de son mari ! Ce renversement ne trouve son sens que si l'on comprend par là que l'homme doit s'attacher à la Torah. Évidemment, Saint Paul n'ignore rien de cette signification issue des commentaires de la Genèse.
Laissons-là les serpents et revenons à nos moutons.
Celui qui adhère au culte païen ne fait qu'un seul réseau avec l’idole : un réseau mortel (la table des démons 1 Corinthiens 10,20). Cette unité ne rétablit pas l'état spirituel originel. S'attacher aux cultes païens est synonyme de mort, puisque l'homme change ainsi la finalité de sa sanctification. Seul le Seigneur donne la vie, et fait de nos réseaux de sanctification le « temple du Saint Esprit », qui est en nous et que nous tenons de Dieu (6, 19). C'est aussi pourquoi nous ne nous appartenons pas : lorsque Paul assure que nous sommes rachetés, il fait bien-sûr référence au marché des esclaves. Et on a été rachetés cher puisque Jésus est mort sur la croix pour cela.
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