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10/07/2013

St Paul 11 : Le cas des célibataires déséspérés

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Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves qu'il leur est bon de demeurer comme moi. Mais s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient : mieux vaut se marier que de brûler. (1 Co 7, 8-9)

soleil chat.jpgPar « célibataires », il entend ceux qui ne sont pas mariés. (Big Deal). Cela ne concerne pas les célibataires appelés au mariage, mais ceux dont le célibat est un état permanent. Je vous embêterais plus tard avec les questions relatives à l'usage du verbe parfait pour démontrer qu'il s'agit bien d'un état permanent et non passager (20 ans, toutes ses dents, pas encore engagé), mais cette semaine, le beau temps me pousse fortement à la paresse (vous voyez le chat sur la photo ? c'est moi).

Sexe Ratio... 

Le problème vient du fait qu'il y avait alors plus de femmes que d’hommes. Cela, ainsi que le désir angoissé d'engendrer une descendance (dont on peut faire remonter la source aux patriarches du désert qui ignoraient les bienfaits de la retraite par répartition, les imbéciles) favorisait en monde juif la polygamie, alors que celle-ci était dépréciée dans le monde grec. Le système hospitalier étant particulièrement sinistré, la sécurité sociale qu'on nous envie tous n'ayant pas encore été découverte par l'humanité, la guerre et l'insécurité faisant plus de victimes chez les hommes, les veuves étaient nombreuses. Retraite, salaire, descendance... L'enjeu de se marier dans ces sociétés n'était pas qu'une question de confort. Quand on dit "brûler", on ne pense donc pas particulièrement à l'obsédé sexuel qui rencontre une strip-teaseuse ou à la jeune fille éplorée qui s'achète un chat pour combler sa solitude. On parle là de personnes qui ont des responsabilités, des familles à charge (une famille élargie sous le même toit), un futur à assumer.

Vous remarquerez que les veufs, malgré les nombreux décès en couche et bien que l'existence de sage-femme diplômée soit attestée, ne sont pas évoqués dans ce paragraphe. Ils n'avaient pas vraiment de question à se poser concernant le remariage : les femmes, plus nombreuses que les hommes, ne manquaient pas. En revanche, le cas inverse est beaucoup plus compliqué, surtout si on revient à la monogamie des "origines" (celles dont parle Jésus : "à l'origine, il n'en était pas ainsi"). C'est pourquoi St Paul relativise et assure que ce célibat non souhaité n'est pas un drame, au verset 8 : « il leur est bon de demeurer comme moi ». 

[Addendum 01/2014] Vous irez quand même au Paradis. D'ailleurs là-haut, personne ne sera plus marié. Le mariage c'est un chemin, mais il en existe plusieurs. Chacun sa route, chacun son chemin. Et comme disait Guy de Larigaudie, même la meuf la plus canon de l'univers, la plus douce et la plus sage n'est rien en comparaison de l'amour qu'on recevra au Ciel donc ça sert à rien de se prendre la tête*.

Bref, face au déséquilibre du sexe ratio, St Paul préfère le célibat que la polygamie.

Israël a résolu la question de nos jours en instaurant un service militaire pour les femmes, ce qui rétablie le sexe ratio. Si on me demande, je suis sortie.

Pas transcendant comme paragraphe. J'espère faire mieux la semaine prochaine.

*Il ne le disait pas tout à fait comme ça mais en gros c'est l'idée...

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Veiller avec les Hobbits - Livre V (14/20)

Le Rohan arrivait enfin

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Tandis que Frodon et Sam avancent dans le Mordor pour détruire l'anneau de pouvoir, Sauron a laché ses armées sur les terres des hommes. La ville de Minas Tirith est encerclée. Les renforts peinent à arriver. Les premières maisons sont en flamme. Et le capitaine du Mordor, le Roi-Sorcier d'Angmar, le Seigneur des Nazgul, a fait tomber les portes de la ville.

Le Seigneur des Nazgul pénétra à cheval dans la ville. Grande forme noire détachée sur les feux qui brûlaient derrière elle, sa stature devenait une immense menace de désespoir. Le Seigneur des Nazgul passa ainsi sous la voûte que nul ennemi n'avait jamais franchie, et tous fuirent devant sa face. 

Tous sauf un. Attendant là, silencieux et immobile dans l'espace précédant la Porte, se tenait Gandalf monté sur Gripoil : Gripoil qui, seul parmi les chevaux libres, affrontait la terreur sans broncher, aussi ferme qu'une image taillée dans Rath Dinen.

« Vous ne pouvez entrer ici, dit Gandalf – et l'ombre énorme s’arrêta. Retournez à l’abîme préparé pour vous ! Retournez ! Tombez dans le néant qui vous attend, vous et votre Maître. Allez ! »

Le Cavalier Noir rejeta son capuchon en arrière, et voila qu'il portait une couronne royale ! Mais elle n’était posée sur aucune tête visible. Les feux rouges brillaient entre elle et les larges et sombres épaules enveloppées dans le manteau. D'une bouche invisible sortit un rire sépulcral.

« Vieux fou ! dit-il. Vieux fou ! Mon heure est venue. Ne reconnais-tu pas la Mort quand tu la vois ? Meurs maintenant et maudis en vain ! » Sur quoi, il leva haut son épée, et des flammes descendirent le long de la lame. 

Gandalf ne bougea pas. Et, au même moment, loin derrière dans quelque cour de la Cité, un coq chanta. Son chant était clair et aigu, insoucieux de toute sorcellerie et de toute guerre, saluant seulement le matin qui dans le ciel, bien au-dessus des ombres de la mort, venait avec l'aurore.

Et comme en réponse s’éleva dans le lointain une autre note. Des cors, des cors, des cors. L’écho se répercuta faiblement sur les flancs sombres du Mindolluin. De grands cors du Nord, sonnant furieusement. Le Rohan arrivait enfin.

Livre V, chapitre IV, p 886-887

Gandalf est ici le hérault de cette espérance que nous chantons. Le pouvoir de Mordor a répandu les ténèbres sur la terre. Mais il n'a pas pu éteindre les étoiles ou le soleil. Ces ténèbres sont un mensonge que le coq dénonce. Lui sait bien, que le jour s'est levé, et que la nuit n'est au fond qu'une illusion. Nous le savons également : même le plus noir nuage a toujours sa frange d'or. Il a beaucoup plu cette année 2013, et l'été ne s'annonce pas beau. Mais si je vous dis que derrière les nuages le soleil brille, vous le croirez. Si je vous dis que l'humanité a été faite homme et femme, et que c'est dans cette complémentarité aimante que nous trouvons le bonheur, vous savez que le reste n'est qu'une illusion. De la poudre aux yeux. Or « on ne construit l’avenir que sur le réel. Ici, il s’agit du réel de l’homme et de la femme, de leur fils ou fille, tous égaux en dignité, dans leur éloquente différence qu’elle soit sexuelle ou générationnelle. » (Mgr d'Ornellas, évêque de Rennes, le 15 juin 2013). Veilleurs, on veut vous faire croire que la nuit ne finira jamais, qu'elle est la nouvelle règle. Voyez ce coq à Minas Tirith ; il célèbre la beauté d'une nature que l'on voudrait nous faire croire disparue. Dans ce livre, la foi de Gandalf et l'espérance de ce coq trouvent une réponse immédiate ; le Rohan est arrivé et c'est dans le matin que résonnent les cors. 

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03/07/2013

St Paul 10 : Le mariage est-il une concession ?

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Ce que je dis là est une concession, non un ordre. Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d'une manière, celui-là de l'autre. 
(1 Co 7, 6-7)

Etudes des versets précédents

Mariage pour personne.jpgAlors le mariage, une concession ? Et encore, une concession à vie ! Blague à part, voilà la phrase qui m'a toujours énervé. Concession ? Une concession, le mariage ? Serait-ce en raison de la dureté de notre coeur que St Paul nous concède le mariage ? Voudrait-il vraiment que tous les hommes vivent dans le célibat en se consacrant à Dieu ? En plus la phrase est illogique car une concession ne peut en aucun cas être confondue avec un ordre, c'est ce qu'on appelle une rupture logique. Décevant, de la part de St Paul. Trop de moquette ? Il discute un peu avec Jean-Paul de la signification conjugale du corps au Paradis ? J'aimerais bien entendre ça ! Même si je ne comprendrais propablement pas la moitié de ce qu'ils disent.

Et si par concession on choisissait d'entendre autre chose ? Une fois encore la traduction du grec nous induit en erreur. Il aurait fallu entendre "Ceci est de l'ordre de l'accord général, du consensus."

casse de brice.jpgGrosso modo, Saint Paul assure tenir un discours uniquement de bon sens en nous disant qu'il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il déclare également que ce qu'il considère comme le simple bon sens ne peut être entendu comme un ordre. Celui qui penserait le contraire ne serait donc pas tant dans la désobéissance que dans la bêtise. Saint Paul, ou l'art de la casse...

Je me justifie et c'est une nouvelle leçon de vocabulaire, laetare ! Ca veut dire réjouis-toi nul-en-thème (Et mes acclamations ?)

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Sygnome se traduit en effet par « accord général, une convention », ce qui a été le cas dans les Actes (17, 13 et 17). Un accord général ou une convention dans un contexte négatif pourra aussi signifier une concession, c’est-à-dire un accord général « en creux ». Le texte latin met « consensio », qui peut être traduit par consensus.

Il est plus probable que le sens d'accord, de consensus, soit celui à retenir, et non concession qui comporte l'idée péjorative de céder quelque chose. Donc c'est la traduction franco-latine ou franco-grecque qui a péché et non la traduction du grec au latin. 

Le verset 6 peut donc être traduit par « ceci va de soi, je n'en fais donc pas un ordre ». Cette traduction apporte en plus l'avantage de ne pas générer la rupture logique induite par la traduction française le plus souvent retenue : « ceci est une concession, non un ordre ». Saint Paul indique simplement qu'il n'a pas à nous guider dans une vocation qui va de soi pour un chrétien.

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Le verset 7 est un de ceux qui peuvent le plus poser problème : « je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d'une manière, celui-là de l'autre ». Cette traduction est un peu bancale : le texte grec volontairement, et contre la logique attendue, répète deux fois « outôs/ainsi ». En français, on devrait donc traduire « chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci de cette manière, celui-là de même ». Le don de Dieu dont il est question est aussi total, puisqu’il est de Dieu, dans un cas comme dans l’autre. Paul se refuse à établir une hiérarchie entre les différents dons accordés par Dieu. 

N'empêche qu'il voudrait que tout le monde soit comme lui... Il n'y aurait plus grand monde sur la planète à l'heure actuelle s'il avait été exaucé.

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Veiller avec les Hobbits - Livre IV (13/20)

Les grandes histoires ne finissent jamais

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Perdus sur les montagnes de l'ombre, qui marquent la frontière du Mordor, Frodon et Sam se reposent et méditent sur leur destin...

« Je n'aime rien du tout, ici, dit Frodon. Terre, air et eau semblent tous détestables de même. Mais c'est ainsi qu'est tracé notre chemin. »

« Oui, c'est vrai, dit Sam. Et nous ne serions aucunement ici, si on en avait su plus long avant de partir. Mais je pense qu'il en va souvent ainsi. Les vaillantes choses dans les vieilles histoires et les vieilles chansons, Monsieur Frodon : les aventures, comme j'appelais ça. Je pensais que les merveilleux personnages des contes partaient à la recherche de ces choses parce qu'ils les désiraient, parce qu'elles étaient excitantes et que la vie était un peu terne – que c’était une sorte de jeu, pour ainsi dire. Mais ce n’était pas comme ça avec les histoires qui importaient vraiment ou celles qui restent en mémoire. Il semble que les gens y aient été tout simplement embarqués, d'ordinaire – leur chemin était ainsi tracé, comme vous dites. Mais je pense qu'ils avaient trente-six occasions, comme nous, de s'en retourner, mais ils ne le faisaient pas. Et s'ils l'avaient fait, on n'en saurait rien parce qu'ils seraient oubliés. On entend parler de ceux qui continuaient tout simplement – et pas toujours vers une bonne fin, notez ; du moins pas à ce que les gens qui sont dans l'histoire et pas en-dehors appellent une bonne fin. Vous savez : rentrer chez soi et tout trouver en bon état, quoique pas tout à fait pareil - comme le vieux Monsieur Bilbon. Mais ce ne sont pas toujours les meilleures histoires à entendre, si elles peuvent être les meilleures dans lesquelles être embarqué ! Je me demande dans quel genre d'histoire nous sommes tombés. »

« Je me le demande, répondit Frodon. Mais je n'en sais rien. Et c'est la manière d'une histoire véritable. Prends n'importe laquelle de celles que tu aimes bien. Tu peux savoir ou deviner quel genre d'histoire c'est, si elle aura une heureuse ou triste fin, mais ceux qui sont dedans n'en savent rien. Et on ne voudrait pas qu'ils le sachent. »

« Non, Monsieur, bien sûr. Beren, par exemple, il n'aurait jamais pensé qu'il allait acquérir ce Silmaril de la Couronne de Fer en Thangorodrim, et pourtant il l'eut, et c’était un endroit pire et un danger plus noir que ceux où nous sommes. Mais c'est une longue histoire, naturellement, qui dépasse le bonheur pour passer dans l'affliction et au-delà – et le Silmaril poursuivit sa course pour venir à Earendil. Et pourquoi, Monsieur, je n'avais jamais pensé à ça! Nous avons... vous avez une parcelle de sa lumière dans ce cristal d’étoile que la Dame vous a donné ! Mais, quand on y pense, nous sommes toujours dans la même histoire! Elle se continue. Les grandes histoires ne se terminent-elles jamais? »

« Non, elles ne se terminent jamais en tant qu'histoires, dit Frodon. Mais les gens qui y figurent viennent, et disparaissent quand leur rôle est terminé. Le nôtre se terminera tôt ou tard... et plutôt tôt. »

« Et alors, on pourra se reposer et dormir un peu, dit Sam. (Il eut un rire sardonique.) Et c'est exactement ce que je veux dire, Monsieur Frodon. J'entends un simple repos ordinaire, et du sommeil, et un réveil pour le travail matinal dans le jardin. Je crains que ce ne soit tout mon espoir pour le moment. Tous les grands plans importants ne sont pas pour mon espèce. Je me demande toutefois si nous figurerons jamais dans les chansons ou les histoires. On est engagés dans une histoire à présent, naturellement ; mais je veux dire : mise en paroles, vous savez, pour être racontée au coin du feu ou lue dans un gros livre avec des lettres rouges et noires, bien des années plus tard. Et les gens diront : "Écoutons l'histoire de Frodon et de l'Anneau!" Et ils diront : "Oui, c'est une de mes histoires favorites. Frodon était très brave, n'est-ce pas, papa ? - Oui, mon garçon, c’était le plus fameux des Hobbits, et ce n'est pas peu dire. »

Livre IV, chapitre VIII, p 764

Au moment le plus sombre de la nuit, alors que tout espoir a déserté notre cœur, que le sommeil nous prends, qu'il fait froid, que le temps semble arrêté, que nous tombons dans l'ennui, n'oublions pas que nous ne sommes qu'un point d'une très grande et très belle histoire. La notre. Celle du long combat de l'humanité contre le mal. Nous sommes un toute petite partie de cette histoire, mais une petite partie très importante. Même notre ennui et notre fatigue font partie de cette histoire. Et dans cette grande histoire, nous avons choisi le camp qui sera toujours vainqueur. Celui de l'humilité face à l'orgueil, de la pauvreté face à la vanité, du silence face à la violence. Que nous ayons la foi ou pas, nous devons le croire pour être ici. Si nous n'en sommes pas intimement persuadés, nous finirons par échouer. Nous avons notre place dans cette histoire, et cette place est ici (cf la méditation des deux étendarts de St Ignace de Loyola, qui développe cette notion bien mieux que moi).

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02/07/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre IV (12/20)

Il fallait l'accomplir dans la mesure du possible...

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Les hobbits n'ont pu franchir les portes noires du Mordor. Ils s'en détournent, guidés par Gollum qui connait un passage dans les montagnes. Le passage s'élève au-dessus de la cité maudite de Morgul. De là, Frodon et Sam, à leur plus grande horreur, voient sortir une immense armée qui part à l'assaut des pays libres. Frodon, sur le point de céder à la folie, saisit une fiole donnée par Galadriel, qui contient la lumière de l'étoile d'Ëarendil. Dans la mythologie de Tolkien, Ëarendil est un marin qui conduisit son navire à Valinor alors que les ténèbres régnaient sur terre. Il portait avec lui un Silmaril, un joyau qui contient la lumière du monde, et souhaitait demander aux dieux leur secours. Les dieux donnèrent à son navire le pouvoir de voler, et l'envoyèrent chaque nuit porter la lumière du Silmaril au-dessus de la Terre du Milieu. Cette étoile depuis est symbole d'espérance, et la fiole de Frodon contient cette espérance dont lui-même est maintenant dépourvu.

Frodon releva la tête, puis se mit debout. Le désespoir ne l'avait pas quitté, mais la faiblesse avait passé. Il eut même un sourire sardonique, sentant à présent aussi clairement que le moment précédent il sentait le contraire, que ce qu'il avait à accomplir, il fallait l'accomplir dans la mesure du possible, et qu'il importait peu que Faramir, Aragorn, Elrond, Galadriel, Gandalf ou quiconque le sut jamais. Il saisit son bâton d'une main et la fiole de l'autre. Quand il vit que la claire lumière jaillissait à travers ses doigts, il la fourra dans son sein et la tint contre son cœur. Puis, se détournant de la cité de Morgul, qui n'était plus a présent qu'une lueur grise au-delà d'un gouffre sombre, il s’apprêta a prendre la route ascendante. 

Livre IV, chapitre VIII, p 760

Si nous nous battions pour nous-mêmes, nous ne nous battrions pas. Car nous avons tout à perdre, personnellement, en venant ici. Et nos proches mêmes n'ont pas grand chose à y gagner. Nous ne sommes pas là pour nous-mêmes. Nous sommes là pour défendre un inconnu, quelqu'un que nous ne rencontrerons peut-être jamais, et qui n'aura pour nous aucune reconnaissance parce qu'il ne nous connaîtra pas. Nous sommes là parce que nous pensons que c'est notre devoir. Mieux vaut oublier dès maintenant tout espoir de remerciement et de récompense ; notre présence a du poids parce qu'elle est gratuite.

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