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03/07/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre IV (13/20)

Les grandes histoires ne finissent jamais

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Perdus sur les montagnes de l'ombre, qui marquent la frontière du Mordor, Frodon et Sam se reposent et méditent sur leur destin...

« Je n'aime rien du tout, ici, dit Frodon. Terre, air et eau semblent tous détestables de même. Mais c'est ainsi qu'est tracé notre chemin. »

« Oui, c'est vrai, dit Sam. Et nous ne serions aucunement ici, si on en avait su plus long avant de partir. Mais je pense qu'il en va souvent ainsi. Les vaillantes choses dans les vieilles histoires et les vieilles chansons, Monsieur Frodon : les aventures, comme j'appelais ça. Je pensais que les merveilleux personnages des contes partaient à la recherche de ces choses parce qu'ils les désiraient, parce qu'elles étaient excitantes et que la vie était un peu terne – que c’était une sorte de jeu, pour ainsi dire. Mais ce n’était pas comme ça avec les histoires qui importaient vraiment ou celles qui restent en mémoire. Il semble que les gens y aient été tout simplement embarqués, d'ordinaire – leur chemin était ainsi tracé, comme vous dites. Mais je pense qu'ils avaient trente-six occasions, comme nous, de s'en retourner, mais ils ne le faisaient pas. Et s'ils l'avaient fait, on n'en saurait rien parce qu'ils seraient oubliés. On entend parler de ceux qui continuaient tout simplement – et pas toujours vers une bonne fin, notez ; du moins pas à ce que les gens qui sont dans l'histoire et pas en-dehors appellent une bonne fin. Vous savez : rentrer chez soi et tout trouver en bon état, quoique pas tout à fait pareil - comme le vieux Monsieur Bilbon. Mais ce ne sont pas toujours les meilleures histoires à entendre, si elles peuvent être les meilleures dans lesquelles être embarqué ! Je me demande dans quel genre d'histoire nous sommes tombés. »

« Je me le demande, répondit Frodon. Mais je n'en sais rien. Et c'est la manière d'une histoire véritable. Prends n'importe laquelle de celles que tu aimes bien. Tu peux savoir ou deviner quel genre d'histoire c'est, si elle aura une heureuse ou triste fin, mais ceux qui sont dedans n'en savent rien. Et on ne voudrait pas qu'ils le sachent. »

« Non, Monsieur, bien sûr. Beren, par exemple, il n'aurait jamais pensé qu'il allait acquérir ce Silmaril de la Couronne de Fer en Thangorodrim, et pourtant il l'eut, et c’était un endroit pire et un danger plus noir que ceux où nous sommes. Mais c'est une longue histoire, naturellement, qui dépasse le bonheur pour passer dans l'affliction et au-delà – et le Silmaril poursuivit sa course pour venir à Earendil. Et pourquoi, Monsieur, je n'avais jamais pensé à ça! Nous avons... vous avez une parcelle de sa lumière dans ce cristal d’étoile que la Dame vous a donné ! Mais, quand on y pense, nous sommes toujours dans la même histoire! Elle se continue. Les grandes histoires ne se terminent-elles jamais? »

« Non, elles ne se terminent jamais en tant qu'histoires, dit Frodon. Mais les gens qui y figurent viennent, et disparaissent quand leur rôle est terminé. Le nôtre se terminera tôt ou tard... et plutôt tôt. »

« Et alors, on pourra se reposer et dormir un peu, dit Sam. (Il eut un rire sardonique.) Et c'est exactement ce que je veux dire, Monsieur Frodon. J'entends un simple repos ordinaire, et du sommeil, et un réveil pour le travail matinal dans le jardin. Je crains que ce ne soit tout mon espoir pour le moment. Tous les grands plans importants ne sont pas pour mon espèce. Je me demande toutefois si nous figurerons jamais dans les chansons ou les histoires. On est engagés dans une histoire à présent, naturellement ; mais je veux dire : mise en paroles, vous savez, pour être racontée au coin du feu ou lue dans un gros livre avec des lettres rouges et noires, bien des années plus tard. Et les gens diront : "Écoutons l'histoire de Frodon et de l'Anneau!" Et ils diront : "Oui, c'est une de mes histoires favorites. Frodon était très brave, n'est-ce pas, papa ? - Oui, mon garçon, c’était le plus fameux des Hobbits, et ce n'est pas peu dire. »

Livre IV, chapitre VIII, p 764

Au moment le plus sombre de la nuit, alors que tout espoir a déserté notre cœur, que le sommeil nous prends, qu'il fait froid, que le temps semble arrêté, que nous tombons dans l'ennui, n'oublions pas que nous ne sommes qu'un point d'une très grande et très belle histoire. La notre. Celle du long combat de l'humanité contre le mal. Nous sommes un toute petite partie de cette histoire, mais une petite partie très importante. Même notre ennui et notre fatigue font partie de cette histoire. Et dans cette grande histoire, nous avons choisi le camp qui sera toujours vainqueur. Celui de l'humilité face à l'orgueil, de la pauvreté face à la vanité, du silence face à la violence. Que nous ayons la foi ou pas, nous devons le croire pour être ici. Si nous n'en sommes pas intimement persuadés, nous finirons par échouer. Nous avons notre place dans cette histoire, et cette place est ici (cf la méditation des deux étendarts de St Ignace de Loyola, qui développe cette notion bien mieux que moi).

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Publié dans Cité, Culture | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

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