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24/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre II (4/20)

Choisir la voie de la folie

Voir un résumé de l'histoire - Voir les épisodes précédents

Ainsi notre petit hobbit sans prétention, se trouve au cœur du plus grand débat de son temps. L'anneau dont il a hérité, mis entre les mains de l'ennemi, est une arme fatale. On ne peut l'utiliser sans tomber sous la coupe de l'ennemi. Et il n'est qu'un seul endroit au monde où peut être détruit : au cœur même du pays de l'ennemi, dans une forge creusée sur les parois d'un volcan que l'on nomme Montagne du Destin. Un conseil est mené par les plus sages des elfes, dans la maison d'Elrond le semi-elfe, en présence du magicien Gandalf, d'Aragorn l'héritier sans couronne des rois d'antan, de Boromir, le fils de l'intendant d'un pays puissant, et d'émissaires nains venus chercher conseil. Mais dans ce débat, les hommes puissants, les sages elfes et les nains travailleurs sont dépassés.

"Nous revenons une fois de plus à la destruction de l'Anneau, dit Erestor, mais nous ne nous en approchons pas davantage. Quelle force avons-nous pour découvrir le Feu dans lequel il fut fait ? C'est là la voie du désespoir. De la folie dirais-je, si la longue sagesse d'Elrond ne me l'interdisait.

- Du désespoir ou de la folie ? dit Gandalf. Pas du désespoir, car celui-ci n'appartient qu'à ceux qui voient la fin indubitable. Ce n'est pas notre cas. La sagesse est de reconnaître la nécessité après avoir pesé toutes les autres solutions, bien que cela puisse paraître de la folie à ceux qui s'accrochent à de faux espoirs. Eh bien, que la folie soit notre manteau, un voile aux yeux de l'ennemi ! Car il est très sagace, et il pèse toutes choses avec précision dans la balance de sa malice. Mais la seule mesure qu'il connaisse est le désir, le désir du pouvoir, et c'est ainsi qu'il juge tous les cœurs. Dans le sien n'entrera jamais la pensée que quiconque puisse refuser ce pouvoir, qu'ayant l'Anneau, nous puissions chercher à le détruire. Si c'est notre but, nous déjouerons ses calculs. 

- Au moins pour un temps, dit Elrond. Il faut prendre cette route, mais elle sera très dure à parcourir. Et ni la force ni la sagesse ne nous mènerons bien loin. Les faibles peuvent tenter cette quête avec autant d'espoir que les forts. Mais il en va souvent de même des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c'est leur devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs. 

(…) Personne ne répondit. La cloche de midi sonna. Personne ne parla davantage. Frodon jeta un regard circulaire sur tous les visages ; mais ils n'étaient pas tournés vers lui. Tous les membres du Conseil baissaient les yeux, comme plongés dans une profonde réflexion. Une grande peur l'envahit, comme dans l'attente d'une condamnation qu'il avait depuis longtemps prévue et dont il espérait vainement qu'après tout elle ne serait jamais prononcée. Un désir irrésistible de se reposer et de demeurer en paix aux côtés de Bilbon à Fondcombe emplissait son cœur. Enfin, par un grand effort, il parla, étonné d'entendre ses propres mots, comme si quelque autre volonté se servît de sa petite voix :

- J'emporterais l'Anneau, dit-il, encore que je ne connaisse pas le moyen."

Livre II, Chapitre II, p 298 - 299

Ne nous trompons pas. Nous n'avons pas, à l'heure actuelle en France, d'ennemi que nous puissions comparer à Sauron. Nous n'en avons d'ailleurs jamais eu, ni en France, ni jamais. Car Sauron n'est pas un être humain, alors que tous les protagonistes de l'histoire de l'humanité sont des hommes. 

Et pourtant, les paroles de Gandalf semblent tellement appropriées ! Le désir du pouvoir parait en effet la seule mesure que puissent comprendre ceux qui possèdent à l'heure actuelle ce pouvoir. Que nous puissions ne pas désirer le leur prendre n'entre pas dans leur idée. Que nous choisissions librement la non-violence comme arme leur est incompréhensible. Ils sont désarmés face à nous, perdus, ils n'ont plus de stratégie. Parce qu'ils n'y avaient pas pensé. Ils n'avaient pas cru cela possible. 

Nous avons choisi comme champ de bataille le terrain spirituel et ce n'était pas celui qu'ils attendaient. Sur ce terrain, nous avons l'avantage. Et sur ce champ de bataille, les petits et les faibles, les inconnus, les anonymes peuvent réussir aussi bien que les grands, les leaders, les guerriers. Ce n'est pas pour autant une décision facile à prendre. 

Mais parfois, c'est le faible qui est choisi pour confondre le fort. St Paul s'en faisait aussi la remarque dans ces lettres : « Ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Co 1, 27). Nous avons été choisis pour notre faiblesse ; ainsi nous ne prétendrons jamais à la violence. Assumons-le. C'est notre plus grande force. Frodon l'ignore : mais c'est son humilité et la confiance qu'il a mis en ceux qui l'avaient envoyé qui lui ont permis d'affronter le pire. 

Histoire de rigoler, cette version parodique :

"Nous revenons une fois de plus à l'abrogation, dit le Candidat, mais nous ne nous en approchons pas davantage. Quelle force avons-nous pour rallumer le Feu dans lequel la loi fut faite ? C'est là la voie du désespoir. De la folie dirais-je, si les huées du public ne me l'interdisaient.

- Du désespoir ou de la folie ? dit le Sens Commun. Pas du désespoir, car celui-ci n'appartient qu'à ceux qui voient la fin indubitable. Ce n'est pas notre cas. La sagesse est de reconnaître la nécessité après avoir pesé toutes les autres solutions, bien que cela puisse paraître de la folie à ceux qui s'accrochent à de faux espoirs. Eh bien, que la folie soit notre manteau, un voile aux yeux de l'ennemi ! Car il est très sagace, et il pèse toutes choses avec précision dans la balance de sa malice. Mais la seule mesure qu'il connaisse est le désir, le désir du pouvoir, et c'est ainsi qu'il juge tous les cœurs. Dans le sien n'entrera jamais la pensée que quiconque puisse refuser ce pouvoir, qu'ayant le Pouvoir de changer les mentalités, nous puissions risquer de perdre des élections pour un motif qui lui semble futile. Si c'est notre but, nous déjouerons ses calculs.

- Au moins pour un temps, dit la Sentinelle. Il faut prendre cette route, mais elle sera très dure à parcourir. Et ni la force ni la sagesse ne nous mènerons bien loin. Les faibles peuvent tenter cette quête avec autant d'espoir que les forts. Mais il en va souvent de même des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c'est leur devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs."

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Publié dans Cité, Culture | Commentaires (1) |  Facebook | | | Isabelle

Commentaires

Je suis tombée sur ton commentaire par hasard. Je suppose que tu es catholique. Je suis bouddhiste. Mais je pense que nous menons le même combat. D'ailleurs, j'ai intitulé mon blog : « l'armée est en marche ». Si çà t'intéresse, voici le lien :
tsedeul.123siteweb.fr

Écrit par : Tsedeul | 29/06/2014

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