19/06/2013
St Paul 8 : Il n'est pas bon que l'Homme soit seul
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J'en viens maintenant à ce que vous m'avez écrit à savoir, « il est bon pour l'homme de s'abstenir de la femme ». Toutefois, à cause des débauches, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari (1 Co 7, 1-2)
A Corinthe, la question du mariage se pose avec beaucoup d'acuité. C'est le grand problème du village savoyard : jusqu’où peut-on se marier dans le village? La communauté des chrétiens est extrêmement réduite, le mariage entre baptisés pose donc des problèmes de consanguinité analogues (et bienvenue chez les Chtis). Peut-on se marier avec un non-chrétien? Les chrétiens de Corinthe écrivent donc à Paul pour lui demander conseil, avec probablement la question suivante : "Dans le couple chrétien, chacun est adorateur du Christ dans l'autre ; mais si l’autre n’est pas baptisé, on n’a plus de Christ devant soi ? On est tout seul…" A moins que le non baptisé soit déjà sanctifié par le fait qu’il aime le Christ en celui qui est baptisé ?
La Genèse (chapitre 1) dit qu'il n'est pas bon que l'Homme soit seul. Il lui faut un "soutien comme un vis-à-vis", un relatif transcendant, une icône.
Homme et femme deviennent présence de l'Esprit l'un pour l'autre, pour que l'Homme ne soit plus jamais seul. Mais pour Paul, nous ne sommes plus seuls de toute façon depuis la venue du Christ. Notre réseau s'en trouve donc de toute façon sanctifié.
Dans le judaïsme, le mariage est une obligation. Si la femme est la Torah (cf note 4), chaque homme se doit de posséder sa Torah et de la rendre féconde. Un homme seul est un homme sans Torah.
Paul annonce que l'on a trouvé notre relatif transcendant en Jésus, on n'a donc plus nécessité de le trouver dans la Torah*. Il n'est plus obligatoire pour l'homme de trouver son alliance dans son épouse et donc de se marier. Cependant, le contexte religieux ambiant, les idolatites, la prostitution sacrée etc. le pousse à conseiller aux chrétiens de se marier, dans la mesure du possible.
"Que chaque homme aie sa femme et chaque femme son mari" (Saint Paul, 7, 2) : il est nécessaire de se créer un réseau correctement orienté, pour ne pas risquer de tomber dans la "débauche", c'est à dire de se retourner vers des réseaux qui ne sont pas orientés vers notre sanctification. Bien-sûr, l'idéal serait de se contenter du Christ, mais à Corinthe mieux vaut pas tenter le diable. Et le Seigneur nous a donné un moyen pour assurer notre sanctification, qui est le mariage.
D'où sa réponse directe aux illuminés de Corinthe : "que chaque homme aie sa femme et chaque femme son mari". Les pieds sur terre, les jeunes. Et notez la réciproquité employée*. St Paul est un petit malin ; ses cours sont toujours adaptés aux deux sexes. Il ne mélange pas les deux, mais indique d'abord à l'un, puis à l'autre, des conseils qui sont parfois les mêmes, parfois différents, toujours complémentaires. Parce que les femmes aussi, ont droit à leur cours d'éducation sexuelle. (Non mais c'est vrai, quoi, à la fin !)
Bref résumé pédagogique :
St Paul commence par nous rassurer en nous disant tout d'abord que le mariage n'est pas nécessaire pour avancer vers la sainteté. Il nous indique ensuite qu'il aurait tendance à nous le conseiller quand même... Et ensuite, il va nous expliquer comment cela pourra-t-il se faire sans que la douce Gertrude n'épouse son neveu Gontran ou le vieux Gérard sa petite fille Georgette.
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* Une autre différence radicale avec le judaïsme, qui apparaît entre autre dans cette lettre, comme dans chaque lettre que Paul écrira sur la question conjugale : chaque proposition énoncée est écrite en double, chacune possédant sa réciproque pour l'autre sexe. Dans le judaïsme, la femme est la Torah de l'homme. Dans le christianisme proposé par Saint Paul, chacun est présence du Christ pour l'autre.
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