28/07/2016
Cracovie, journal de bord d'un lycéen aux JMJ
Mayeul*, jeune gaillard de 18 ans**, raconte son quotidien des JMJ avec un groupe parti de région parisienne***. Témoignage véridique écrit par un adolescent flegmatique à en faire pâlir d'envie tous les anglais, à destination des historiens à venir et des sociologues, psychologues et l'ensemble du corps médical présent. Esprit chagrin s'abstenir. A lire de bas en haut, comme les comptes-rendus de manifs et d'attaques terroristes.
Actualisez régulièrement !
Aujourd'hui
1er août
10:37
Demain départ à 7h30 :(((
Journées précédentes
18 juillet
7:54
a y'est, je me casse et j'ai pris l'ovin. Une chorégraphie sur Feel the magic in the air... Je me suicide ? Le réel problème, c'est quand ils nous demandent d'exécuter leur petite chorégraphie devant tous les groupes de la communauté.
19 juillet
12:24
Sinon le mouton se porte bien, il m'a évité de nombreux torticolis cette nuit. Sur ce, bons baisers de Czestochowa.
16:45
Fin de la messe d'ouverture de la semaine missionnaire, avec toute la communauté (1500 personnes environ).
16:48
La journée s'est déroulée au sanctuaire marial de Czestochowa, le plus important d'Europe de l'est (et la bouffe était dégueulasse.
18:32
Eddy a récupéré du Zlotych. Ce soir, c'est tournée (...) à Katowice !
23:26
Attrapez-les tous, attrapez-les tous, les goodies !
20 juillet
18:54
L'ambiance est énorme. En revanche, je te raconte pas la bouffe... Ci-dessous : galette mutante polonaise. Ignoble cette chose.
21:24
Le chœur ressemble à la salle de contrôle du Tardis.
21:47
Et demain, Auschwitz ! (Ouaiiis! :D) Tiens, faudrait que je teste Pokemon Go au passage #seconddegré.
22:23
Et on retourne chez la famille d'accueil. Super sympas : un couple de petits vieux tout à fait charmant [NDLR : ils ont quoi, 50 ans ?] Et ils vont me faire prendre du poids, ma foi.
Sinon, devinez quel est ce livre ?
Harry Potter à l'école des sorciers !
21 juillet
23:49
Désolé, pas de photo d'Eddy a Auswitsch, j'ai oublié mon portable chez la famille d'accueil. Sinon, c'est un gros mythe qui s'effondre :
1 : Auswitch s'appelle en fait Oświęcam
2 : Il peut parfois y faire grand beau temps avec 30 degrés
3 : D'ailleurs quand c'est le cas, ça fait plus vilaine colonie de vacances qu'autre chose
4 : Et, au passage, en fait Auswitch/Oświęcam n'est pas en noir et blanc (en même temps, c'est construit en briques rouge)
5 : En fait, on se croirait plus dans un truc style Ötzi-dorf que dans un lieu où s'est déroulé le pire crime de l'histoire
22 juillet
0:00
6 : D'ailleurs, c'est très proche de Disneyland par rapport au fait qu'il faut y aller hors jours d'affluence (type JMJ), et plutôt par jour de sale temps, en automne, quand les Détraqueurs rôdent et que les Autres descendent du nord.
En conclusion, voilà la preuve que le sens de la mise en scène des nazis n'est pas à l'épreuve du temps, ni du tourisme. Je ne sais pas si je suis un psychopathe ou un esprit fort, mais cette journée m'a laissé de marbre [NDLR : c'est pour ça que tu vas en reparler pendant deux jours]. En même temps, j'avais envie de faire caca, tellement que j'en était plié en deux. Vaux mieux ça que d'être plié en deux de rire (ce qui serait vraiment chelou).
10:55
Les JMJ : Le premier endroit au monde où je vois des filles au milieu des chiottes des mecs. C'est gênant de pisser là. Non mais quel sans gêne, tout de même. Tant pis pour elles : elles écoperons des blagues crasseuses de type : merde, j'aime pas les grosses queues. Sur ce, je vais à la Sainte Messe.
17:06
On ne fait pas les choses à moitié. Je viens de voir un prêtre danser comme jamais un homme n'a dansé !
17:21
Et voila maintenant les rues de Katowi degueulassées a la craie avec des jeux de mots douteux type : je vous salie ma rue...
17h48
Vue béante sur l'enfer
Malgré le petit coeur, je préfère Sillage à Toitoi.
23 juillet
8:55
Et je viens de choper le wifi de ma famille d'accueil. Ça va faire des économies ! En revanche, le sauciflard à 8h du mat', c'est hardcore...
11:51
Là il y a une méga journée organisée avec tous les JMJistes de Katowice. Je sais pas combien on est, mais ça doit être impressionnant vu de dessus.
Là, on est plus en mode pélé de Chartres qu'autre chose.
Le pélé de Chartres organisé par l'armée polonaise.
Vraiment très, très organisé par l'armée...
Si ça se trouve, il nous conduisent en camp de concentration dans qu'on le sache...
12:42
En tout cas il facho *fait chaud. On a activé le mode marche ou crève. Aucune minette n'a encore fait de malaise. Les passants nous offrent des cerises et de l'eau, et on n'arrête pas de gueuler bonjour en polonais comme des cons. Ça se prononce Djendobré, ça s'écrit Dźien dobry.
13:15
Maintenant on est dans le train. On va à un aéroport pour le méga événement de mort. Il fait hyper chaud ici...
14:17
Et la marche de la faim reprend Ici a cathowice...
14:57
Voilà, l'enfer. Pire que l'hippodrome de Rambouillet. Sont présents tous les JMJistes qui sont hébergés cette semaine en Silésie (région sud-ouest Pologne). Ce soir il y aura plus de monde à Muchowiec...
16:34
Là, on a une comédie musicale en polonais. Inutile de me demander de quoi ça parle : c'est en polonais.
19:34
Fin de la messe.
20:13
Ils ne font pas les choses à moitié ces polonais. Oui, ce sont bien des chiottes à perte de vue...
Le juge...
Et la victime.
21:10
Le concert se poursuivra jusqu'à 10h30. Fin des transmissions.
23:50
Enfin j'ai pu recharger mon portable. Désolé de n'avoir pu transmettre la fin du concert. Il y avait une ambiance de dingue, et la France n'était pas en reste !
24 juillet
0:04
Anecdote : à l'aérodrome de Katowice, s'était tenu (déjà !) un rassemblement organisé par JPII en 1983. C'était encore a l'époque des cocos.
9h32
Aujourd'hui, rien de grandiose. Journée en paroisse avec nos paroissiens polonais absolument ADORABLES. Je me suis demandé s'ils ne nous engraissaient pas pour nous manger Mais demain, c'est le grand jour ! On vaaaaa à Cracovie !! Sur ce, je m'en vais bouffer de la charcuterie.
13:01
Sinon déception de l'année : mon portable n'est pas compatible avec pokemon go. :'(
13:06
Ils ont un rythme de repas chelou en Pologne : Petit déjeuner, Second petit déjeuner, Collation de 11h, Déjeuner, Goûter, Dîner, Souper. Non, je déconne : Petit déjeuner comme on peut le trouver à l'est du Rhin. A 15 heures le déjeuner (le vrai), goûter dînatoire à18h30. Et ils nous font manger de ces trucs... Imaginez de la graisse de porc sur du pain. Tu sens tes artères se boucher à chaque bouchée. Ce midi, c'est repas typique :
Je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi ça ressemblera.
Le nom du plat principal, qui est le plat "national" silésien : Kluski śląskie Rolady Kapusta czerwona Mizeria Kapusta pekimśka a ananaseur. La soupe : Rosoł zmacarronem.
Et enfin, le reste, c'est une tarte aux prunes.
Je précise que nous sommes deux JMJistes mineurs ici. "Mes" polonais parlent français, avec l'accent polonais. Le frère JLM qui nous accompagne parle français, avec l'accent philippin. C'est très cocasse.
14:26
A taaaaaaable !
17:06
Rien à voir, mais à mon grand regret, on a pas beaucoup de temps d'adoration. Pour beugler comme des guignols, y a du monde, mais pour adorer en silence, y a plus personne. Pour l'instant on est avec la paroisse d'à côté et les JMJistes qui y sont hébergés : Boulogne St Jean et il y a aussi le groupe de nouvelle-Zélande.
18:05
On est parti visiter Cathowice avec le fils de nos hébergeurs, qui a notre âge. Ils nous ont juste dit : pas de bêtises.
Ici, un quartier entièrement construit pour les mineurs, église et écoles compris
Demain on quitte Cathowice, donc voilà une belle photo souvenir.
23:41
Les initiales sont pour Światone Dni Młodzieżi. Ici on n'utilise pas les initiales JMJ ou WYD mais ŚDM. C'est un grand honneur pour moi de participer à la customisation à outrance d'Eddy [NDLR : mettre sa pierre à l'Eddy-fils, oui je comprend].
25 juillet
10:38
Ambiance grande migration ici. Le départ de Cathowice vient de commencer. On part en train à 13h30. Toute la Communauté est en train de s'organiser.
10:46
Ici à la cathédrale de Cathowice, il y a tous les groupes de st Jean qui se rassemblent sacs au dos. 2000 personnes au moins !
C'est comme ça autour de toute la catédhrale : et elle est grande. En gros, c'est le bordel. Et ici, c'est le coin le plus tranquille. Ce soir, à 2 000 000 dans une ville de 800 000 !
11:33
Là, on visite la cathédrale du Christ Roi. 1966. La plus grande de Pologne.
13:06
C'est notre billet de train.
J'espère qu'on les reverra...
13:19
Ça tourne à l'orage ici. Imagine un quai rempli de JMJistes... Destination : l'infini et au-delà. Ils ont ressortis leurs vieux trains de la période URSS.
13:36
Tu connais le sens du mot promiscuité ? Et en plus, tous le monde va beugler tel consanguins... Tu as déjà vu les trains dans les pays pauvres ? Bon, il y a personne sur le toit, c'est déjà ça.
13:46
Et dans les trains de l'union des prolétaires, il n'y a pas de clim. En fait, y disent qu'il nous emmènent à Krakow, mais on va à Oświecam.
14:50
Le train vient de s'arrêter au milieu de la forêt. Il y a 80km entre Cathowice et Krakow. On est arrêtés sur les voies sans savoir pourquoi. On est part il y a 1h20. Le tonnerre gronde... Et la connexion est pourrie. Les détraqueurs vont venir...
15:43
Plus si moins de Kralow... Mais un nouvel arrêt.
15:47
Plus très loin...
16:11
On arrive !
16:12
KRAKOOOOOOOW !
16:13
On est à KRAKOOOOOW !!!
16:28
Ouiiii ! Elles sont là elles aussi !!! (Toitoi)
16:44
Ici, c'est un beau bordel. On sait même pas si on dort dans une école où en famille d'accueil. Chaos dans le tram ! Là on patiente sans savoir pourquoi au pied d'une des églises chelou qu'ils ont en Pologne.
18h47
Les nuits vont être longues. On a été logés à plusieurs cars de Boulogne dans une école cracovienne aux allures de prison soviétiques, et qui c'est qui écope du gymnase de merde avec 50 mecs ? C'est bibi. Ceux que je plains le plus, ce sont les frères qui dorment avec nous. Sinon, je suis ZE enc*** de Jupiter qui a récupéré la prise pour envoyer les infos.
19:37
Aussi, le problème, c'est ceux qui utilisent cet endroit comme ce qu'il est : un gymnase où l'on fait du sport.
Sinon, je t'envoie un petit dialogue entre le frère responsable du lieu et la foule (moyenne d'âge, 20 ans) :
Le frère : les garçons dans leur grande magnanimité iront se doucher dehors.
Les filles : Ouaiis !
Le frère : les garçons iront se doucher en maillot de bain, et on mettra un écran ou quelque chose pour éviter les regards indiscrets.
Les filles : Ooooh !
19:47
On doit attendre 1h nos tickets restau :-( Mais on a 1/4 de chances de bouffer à Burger King !
21:14
Ce soir, je mange whopper et pas toi !
21:28
Il faut vraiment que je change de portable : chasse aux pokemon dans Burger King ! La secte pokemon fait des adeptes... Et c'est pire chez les mexicains. Le frère John Louis-Marie est parti chercher des pokemon dans le centre commercial mdr !
22:43
Dans notre quartier il y a des tags antisémites partout. C'est chaud. En gros, on est dans la téci de Krakow. Un quartier à évangéliser.
Au fait, vous vous rappelez le jour des tags cathos dans Cathowice ? J'étais là devant la scène à me faire chier, et y a un type chelou qui vient me voir, genre un type d'Anuncio... Et le type, il me sort : "Salut, ça te dirai d'aller faire de l'évangélisation? " Là je me dit : "mdr, un mineur novice en la matière et pas spécialement charismatique, évangéliser dans un pays de sauvages dont il ne parle pas la langue ? Pas possible !" Il a quand même réussi à me convaincre d'y aller, le con. Autant dire qu'aller parler de Dieu à des polonais, les deux parties s'exprimant dans un anglais approximatif, c'est un sacré défi. Et non, je n'ai pas eu le don des langues. Il m'a dit : un qui parle, un qui prie. Autant dire que j'ai plus prié que parlé. Je transpirais de là où le soleil ne brille jamais, je ne te raconte pas... Expérience stressante, mais ça s'est globalement bien passé. Pas de gens agressifs. En revanche, les deux tiers nous sortaient qu'ils ne parlaient pas anglais. Il y en a un qui nous a embarqué dans une longue discussion sur la politique polonais. Un qui a voulu nous embarquer sur la nécessité de fermer les frontières (il faisait signer un pétition celui là). On a pu parler avec quelques-uns de façon un peu plus longuement. Une famille de beaufs, pas spécialement religieux de façon extrême, mais ils aimaient Jésus. Le fils était trop marrant. Le petit bout de chou était en larmes, sa maman lui à demandé de nous dire bonjour, il nous a fait coucou toujours en pleurant. On lui a dit de pas être triste. Le type avec moi a ajouté "Jésus loves you". Ça a fait marrer le père. Sinon, il y a une fille qui nous a demandé de prier pour sa situation familiale.
Généralement, il y a quelles genres de difficultés en France ? Déjà, il y a l'obstacle de la langue en moins...
26 juillet
7:32
Réveil difficile après une mauvaise nuit, et ça va être comme ça chaque matin. Sinon je ne veux pas savoir ce qu'ils font dans cette école...
[NDLR : ça veut dire "nos partenaires". Rien de sulfureux, donc. A priori]
9:29
Des JMJistes... Partout... PARTOUT !!
9:30
L'enfer dans le tram. L'oxygène commence à se raréfier.
10:09
C'est comme si le pelé de Chartres traversait la ville dans tous les sens. Les tags anti juifs ne se trouvent pas seulement ds notre quartier. Des étoiles de David barrées, on a aussi eu un 'Anty Jude'.
Notre lieu de catéchèse :
Ici, on est arrivé au beau lieu d'un témoignage sur la vocation à la vie religieuse. Un peu décousu, on a pas eu le début. On est sur le parvis, plus de place inside. Des hélicoptères de l'armée sillonnent le ciel. On a aussi vu passer 33 voitures de flics toutes sirènes hurlantes.
10:51
Topo de frère JLM : "Dieu a t'il un plan pour moi ?" Citation : "la vie religieuse, c'est une méga teuf". Je déconne. Elle n'est même pas de lui
11:59
On discutait avec le frère JLM de l'apocalypse et du diable. Là on vient d'aborder Jarry Potier et les reliques de la mort. On a aussi été mis au courant de l'assassinat du prêtre à Rouen. On a eu un temps de prière. La sono était pourrie, du coup j'ai regardé sur Internet.
13:07
Après un trajet laborieux en tram, on va à Błonia. Mais d'abord : manger. Là on galère à trouver un restau qui accepte les tickets JMJ. Les stands 'officiels' on une queue de 3km comme moi. Du coup on bouffe à nos frais. Forfait chips et soda dans une épicerie : on s'en est tirés à moins de 10Zł (2€50). J'ai 29% de batterie...
13:22
Belle bête...
14:46
Ma batterie portable est morte. Je ferais un point info plus tard.
15:52
Ici, messe internationale. Le tonnerre gronde toujours, on a de la pluie.
Mytho pechu, hein ?
16:32
Il s'est arrêté de pleuvoir. Mais le ciel en a encore à dire.
17:03
Là, on a un récapitulatif de tous les JMJ précédents.
17:46
Début de la messe à Błonia. Impressionnant, la foule ! Le plus grand rassemblement catho que j'aie vu, c'était le pélé de Chartres, dépassé... Et le plus grand rassemblement tout court, c'était LMPT. Le cardinal local nous souhaite la bienvenue.
19:40
Chant de sortie : l'hymne des JMJ de Chestochowa ! Le frère JLM nous l'a fait remarquer : il les a tous sur son portable ! Ce n'est pas la première fois qu'on le chante. On va finir par plus le chanter que celui des JMJ de Krakow !
19:53
Scènes de panique à Błonia. On observe des photos de groupes totalement incohérentes, ne tenant pas compte des nationalités, le tout sur une musique complètement épique de l'orchestre qui déchire de ouf.
20:15
Plus de batterie...
27 juillet
0:29
Bon, j'ai récupéré de la batterie, donc debrief. En gros, la messe au Błonia avec les JMJistes, c'était ultra stylé. En revanche, je raconte pas la troisième mi-temps. Il régnait un parfum d'apocalypse sur Krakow: des flots de JMJistes ont déferlés sur la ville. On a voulu aller au KFC le plus proche, mais un million de jeunes ont eu la même idée. On a du faire la queue 3/4 d'heure avant de rentrer... Il y avait un videur au KFC. Conclusion : j'en peux plus !!
8:24
Bon, je vous préviens : pas grand chose aujourd'hui. Et je suis chargé seulement à 65 %. Un parfait connard [NDLR : frère en Jésus-Christ] a débranché mon portable cette nuit.
Tabernacle ! On va avoir une catéchèse en québécois par un évêque de là-bas !
10:30
Je cite, lors d'un question/réponse :
Q: Où était Dieu pendant les attentats ?
R: La vraie question est "Ou était l'homme ?" Puis : J'embrasse aussi les femmes, hein.
12:29
Mdr, je viens de tomber sur le groupe du diocèse de Blois ! Il y a Mgr Batut et Félix notamment [NDLR chef scout de Mayeul. Il vont être frais, pour le camp qui commence deux jours après les JMJ...]
Ceci est juste une boisson énergétique au goût indéfinissable :
13:06
Notre mâtiné québécoise s'est finie par une messe. Cet aprèm, conférence de Tugdual Derville. Ce soir, Krakow Beach
14:14
Sanctuaire de la miséricorde divine. Attend, c'est celui de JPII.
14:54
En fait, c'est bien celui de la miséricorde divine.
15:58
Encore un orage qui arrive.
16:16
Bon. Pas de tugtug [NDLR : Tugdual Derville]. La morale de cette histoire, c'est que les trams cracovienne, c'est pas une bonne idée. Ils s'arrêtent très les 2 sec sans raisons. Ils sont bondés. On est parti à 14h45. On vient de renoncer à aller jusqu'au bout
17h05
Krakow Beach. On y sera vers 20h.
17:18
Ça c'est fait... Je le verrais plus d'aussi près ! Il y avait aucune protection. C'était complètement inattendu. Il y avait des gens le long de la route : on se demande pourquoi, Agnès dit que c'est peut-être l'arrivée du Pape. Là on entend la clameur. Sans réfléchir, on court. Et on a bien eu le temps de le voir passer, le coquin ! J'ai mitraillé. Du coup, tout le monde me demande la photo !
18:18
Des hélicoptères militaires sillonnent le ciel en permanence. Et l'orage est sur nous. Mais il ne drache pas pour l'instant.
18:52
Agnès vient de se prendre une bière trop grosse pour elle. Elle va m'en laisser la moitié. Justification : "je connais sa sœur, grosse buveuse de bière. Je pense que son frère saura gérer". [NDLR : j'assume]
19:36
Je viens de tomber sur un pontilevien [NDLR : habitant de Pontlevoy et par extension lycéen de l'établissement catholique présent sur le territoire] C'est le président des futurs terms.
20:08
Krakow Beach : je crois qu'il y a du monde ! Il commence à faire chaud dans la foule... J'ai envie de pisser. Mais bon on se casse pas de devant la scène à la légère.
20:50
La pluie arrive.
20:58
Glorious arrive en scène sur la marseillaise.
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28 juillet
0:02
Bon, je te raconterai Krakow Beach demain [NDLR on EST demain], ça prendrait trop longtemps. Mais globalement : XD <3 XD <3
0:18
Bon, je raconte quand-même Krakow Beach. Jusqu'à ce que Glorious arrive, ce n'était rien. Mais bon sang, Glorious a changé la donne ! Je me suis jamais autant laissé aller dans les manifestations d'enthousiasme... En plus, j'étais tout devant au milieu : la place parfaite quoi.
Seule ombre au tableau, il y a eu pas mal de malaises. Les secours sillonnaient la foule. Ça refroidit quand même pas mal. Devant, ça allait mis à part la fille qui a convulsé vers la fin. Quand ça se passe sous tes yeux, tu ne penses plus au concert, tu ne peux qu'enchainer les je vous salue Marie.
Mais sinon, bon souvenir.
Bon sang, quel pied tout de même. Et quelle ambiance, au retour, dans le bus ! On était avec un groupe américain. Ça chantait, ça gueulait. On a même fait une peña. Et j'ai croisé les gars du diocèse de Blois à Krakow Beach. Mon Dieu ! Quels câlins !
08:18
Il y a des commentaires chelou sur La Corbeille à Papier : genre un qui demande si je suis le beau garçon qui a crié amen de gloire à Krakow Beach. Et un qui parle de la méditation de St François de Sales. Je dis quoi !? Je fait quoi ? Je réponds? Ma quiétude est troublée. Tout ceci est louche. Très louche.
9:10
Retour à l'église d'hier.
09:28
Ce matin, catéchèse de l'évêque de Troie sur le thème : se laisser toucher par la miséricorde de Dieu.
10:48
Là, on a une discussion tendue dans le groupe de Boulogne sur la question des divorcés remariés. Là il y a une fille en mode "vous les garçons vous êtes trop fermés, le Pape, il peut se tromper... etc... bla bla bla..." les filles tournent limite en mode hérésie ^^. Le frère JLM vient d'arriver. Il sera ordonné l'an prochain. Voyons ce qu'il a à dire.
[NDLR : malheureusement, notre reporter a dû considérer que la suite de la conversation ne nous intéresserait pas... le suspens reste donc total.]
[Correction : d'après l'intéressé, c'est la messe qui est venue interrompre la conversation.]
12:14
Temps de merde : pluiiiiie... Du coup on est tous partis glander à la prison soviet. Et à 16h, messe avec le Pape, toujours à la plaine de Błonia.
14:00
Pour l'instant, j'ai vu le Pape deux fois à moins de dix mètres en quatre mois [NDLR : voyage de classe à Rome, audience]. J'ai vu un autre gars de Pontlevoy qui était parti avec Blois.
15:04
C'est atroce, mon majeur "responsable" me martyrise. Il est vilain :'( il est pas gentil avec moi. Il est méprisant, le fourbe. Mais ce n'est qu'une façade. Je sais qu'il a un petit cœur.
15:15
Le frère JLM est vraiment accro à PokemonGo. Si ça se trouve le Saint-Père y joue... Il faut vraiment que je change de portable. Bon, on est en route pour Błonia, et le frère JML vient de récupérer un Ptitard.
Attends... My bad, je ne crois pas que ce sera une messe, je crois plutôt que ce sera un format type audience papale. Et ce soir, Krakow Beach avec Hopen de ce que j'en sais. Mais je ne suis pas sûr de rester jusqu'à la fin.
Dans les jours à venir, on va délaisser le Błonia et inaugurer le campus Misericordiae. On arrive sur l'apothéose des JMJ, ça va être crevant. Et après j'enchaîne sur trois semaines de camp sans passer par la case maison, sans récupérer 20 heures de sommeil.
Mon Dieu.
O_°
15:49
On va marcher sous la pluie... Tout ce petit monde va au Błonia.
17:08
C'est atroce : les italiens sont partout.
17:19
Confirmation : on aura juste la liturgie de la parole.
17:37
Là je crois qu'il s'amuse à se promener dans la foule en papamobile. Je suis sûr qu'il fait des drifts en papamobile.
De l'ambiance ici en attendant le Saint-Père !
17:40
PAPA FRANCESCO !!! Le pape est là !
Hymne des JMJ : mythooooooo !
17:49
On a tous les écouteurs dans les oreilles. On écoute la radio pour les traductions. Rabbi François, il va parler ! Mais avant, dans polonaise ! Ballet de Cracovie !! Enjaillement le plus total. Et maintenant, tango argentin. Danse africaine maintenant. Ballet de Cracovie a nouveau. On se croirait dans it's a small world... J'espère que le Saint-Père aime Disney.
18:05
Aaaaaaaaaah ! Ta gueeeeeeeuuuule ! Il y a une fille qui vient de brailler au micro. J'avais envie de faire comme OSS117 avec le muezzin... Maintenant les drapeaux défilent : l'Afrique pour l'instant. L'Amérique du Sud. L'Amérique du Nord. L'Océanie. L'Asie. On se croirait vraiment dans It's a small world. Et enfin l'Europe. Le seul continent qui compte ^^
18:29
Maintenant, évangile. Un alléluia qui claque bien... MYTHOOOOOOOO !!!
[NDLR : coupure de live due à la concentration de notre reporter sur l’Évangile. On ne peut lui en vouloir.]
18:50
Il a du succès l'article ? Sinon, il faudra mettre un titre bien putaclic : Type : INCROYABLE, CET ADOLESCENT VOUS RACONTE SON EXPÉRIENCE VÉRIDIQUE AUX JMJ...
18:50
Le pape prend la parole
"J'ai été très triste de rencontrer des jeunes qui étaient des retraités avant l'heure "
"Ce sont des jeunes qui s'ennuient et qui ennuient les autres "
"Des jeunes qui sont en quête de sensations fortes, et qui suivront des marchands d'illusions, qui leur prendrons le meilleur d'eux même "
"Chers jeunes, voulez vous vivre une passion aliénante ou la force de la grâce ?"
"Dans l'art de l'escalade, le tout n'est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester à terre "
"La miséricorde a toujours un visage jeune "
"Écoutez vos grands-parents, eux ils ont la sagesse
19:14
Fin de l'homélie du pape. Les papa Francesco retentissent.
19:21
Maintenant KFC run !
19:47
Le pape arrive et repart en tram. C'est une TRÈS mauvaise idée. Tout Krakow est bloqué.
20:12
2/3 quart d'heure de queue au KFC. Ils se sont mieux organisés ce soir : la queue n'est pas un gros troupeau.
20:57
Changement de sujet. Maintenant, ce sera dédié au comparatif détaillé des différents fast-foods de Krakow. Pour l'instant, je penche pour KFC.
22:16
Désolé pas de Krakow Beach. Sommeil. Prison soviétique. Dodo.
Fascinant ce mécanisme par lequel on a la même démarche quand on veut chier et quand on a mal aux pieds.
22:59
Sur ce, il est l'heure de se coucher : Ça fait 4h30 que cette discussion est un monologue...
[NDLR : le propriétaire de ce blog a une vie sociale. En l'occurrence, je mâtais Doctor Who avec une pote, alors bon, le portable, il était en silencieux au fond de ma poche.]
23:49
Pourtant je suis un ajout qualitatif conséquent à ton blog. Même si la moitié sont des chinois engagés par moi. Je déconne, ce sont des italiens. [NDLR : suite à la suggestion du rédac chef de ce blog qu'il pourrait peut-être dormir au lieu d'envoyer des textos, réponse :] Et oui, je suis ds mon gymnase. Je voudrais bien dormir mais des consanguins alcoolisés font les guignols dans le gymnase...
29 juillet
8:37
Pas grand chose ce matin. On retourne à l'église d'hier et d'avant-hier.
8:23
J'ai fini par prendre mon duvet et aller dormir dans le couloir, quand un abruti fini s'est dit que ça serait marrant d'allumer lumière à minuit.
8:47
Je suis arrivé en retard au topo du matin parce que je voulais que mon portable chargé au max... Et le parfait connard frère en Christ débrancheur de chargeur a récidivé : 90 pour cents cette fois.
8:48
Quatre mecs se sont faits engueuler parce qu'ils étaient ivres en rentrant et qu'ils sont ressortis acheter de l'alcool, mais rien ne dit que ce sont les mêmes que ceux qui faisaient le bazar hier.
9:30
Topo de Mgr Aubertin archevêque de Tours.
10:37
Il vient de passer une idée novatrice dans ma tête. Je me cite : "Au pire, je me reposerais pendant le camp" [NDLR : mdr]
11:00
Je tiens à prévenir : cette matinée n'a rien d'exceptionnel...
13:36
Il faut savoir que la liturgie des JMJ suit celle de la semaine sainte. Donc aujourd'hui, vendredi saint. Et là on a la messe. Cherche l'intrus. Si on suis la liturgie du vendredi saint, on n'était pas sensé avoir la messe !
13:38
Eddy a un problème médical. Je ne le sors plus, histoire de ne pas aggraver la situation. Je l’emmènerai chez un veto dès mon retour en France.
14h29
Là, je glande à la prison soviet avec quelques potes, histoire de se reposer. Vu que demain, c'est nuit blanche...
15:05
Encore un orage qui arrive...
15:29
Les routes sont bloquées, les bus ne passent pas. Commence une longue marche pour rejoindre Błonia avant 17h pour le chemin de croix.
16:21
Il pleut.
16:52
Je crois que le Saint-Père va encore se croire aux 24h du Mans. D'où le blocage de ville. Fini le tram pour lui, on dirait... Et on prend les bus/trams municipaux. Pour l'instant, je n'ai pas encore trouvé l'occasion d'aller à la confesse. Mais dès que j'irais, je ne manquerais pas de faire un témoignage émouvant dont vous ne serez pas déçus. En revanche, la qualité du réseau au Błonia est... disons variable. Je dois me décaler de 40 m pour avoir du réseau. Donc pas de LT, désolé...
17:54
Le grand beau temps est revenu. Le Saint-Père est là pour le chemin de croix.
18:27
Difficile de suivre. Pas d'écouteurs. Le type qui amène toujours sa radio ne l'a pas amenée. Pas de bonne visibilité, mais on suit sur les carnets.
19:17
On se casse aussitôt que possible pour éviter les foules. Destinations : vers Burger King et au-delà !
30 juillet
12:02
Désolée pour cette interruption momentanée dans nos programme. Reprenons. Le Burger King, bien-sûr... Pour le jeûne [NDLR demandé par nos évêque suite à l'assassinat du père Hamel], pas sûr que ce soit une bonne idée de jeûner la veille de la journée la plus éprouvante des JMJ. Et sinon, le Błonia, c'est fini. Cet aprèm, on se case au Campus Misericordiae pour l'apothéose des JMJ. Ce matin, on a eu une messe avec des Slovènes, puis un petit topo sur l'adoration et l'eucharistie. Sinon, cette nuit fut silencieuse : les Petits Gris sont entrés en action quand une bataille de bouteilles vides a démarré. Bataille dans laquelle je n'étais, bien-sûr, pas impliqué.
13:55
Il fait chaud. Ça bouchonne en direction du Campus Misericordiae.
15:22
Le Campus Misericrdiae. Imaginez une plaine immense... Qui s'étend à perte de vue. Quand tu es à un bout, tu ne vois pas le côté opposé. Gigantesque.
16:49
Je vous préviens, on ne voit rien d'ici. Grand beau temps. Aucun risque de pluie pour l'instant.
17:00
Suis à mi-batterie.
NB vue les grosses queues pour les services d'intendances, on n'a toujours pas déjeuné...8:00 : un bol de lait. 12:00 : une soupe. Et c'est tout pour l'instant. En fait, il n'y a plus de bouffe du tout. Ils ont épuisé leurs stocks. On me reprochait de ne pas jeûner hier soir ? Comme quoi, le Burger King était une bonne idée. Au moins, on a des radis et de l'eau... Si Jésus avait eu faim sur la croix, on lui aurait donné des radis.
18:10
Ce n'est pas drôle. On souffre, là. Ça n'a rien d'excellent. Je suis sûr que tout ceci va à l'encontre de la convention de Genève. J'ai un creux, là. Comme dirait Obélix... en plus, on est à côté des italiens. Je les déteste. Ils sont mieux que nous. Et ils sont plus nombreux. Ouh qu'ils sont vilains... Sur ce, je vais faire un petit dodo. Avec un peu de chance, ça me permettra d'oublier que j'ai faim...
19:08
Le Pape est arrivé !
19:55
Grâce à des Philippins généreux, on a un peu de bouffe. Mais on s'est tout de même fait arnaquer du prix de 4 repas (parce que oui, c'était 4 repas consécutifs qu'ils distribuaient en même temps). Maintenant le Pape parle. On ne sait pas de quoi, on n'a pas la traduction.
20:10
Le soleil se couche au Campus Misericordiae.
"La pire forme de paralysie qui puisse exister, c'est celle qui fait croire que le bonheur passe par un canapé" ... "Pour certains, qui voudraient décider de l'avenir des autres cela représente un avantage" ... Le Saint-Père poursuit sa métaphore du canapé. La traductrice est un peu nulle. En gros, François nous avertit contre l'attrait de la commodité, qui peut nous conduire à la perte de notre liberté, et de l'avenir qu'on voudrait. "Il est temps de délaisser le canapé pour une paire de bonnes chaussures" ! J'ajoute : j'ai fait tous les JMJ avec une paire de vieilles bateaux trouées, donc le "bonnes" est à nuancer.
20:20
Mon Dieu. Voilà maintenant que le Saint-Père fait une métaphore sur le foot. 0_o
20:30
Le discours du Pape s'achève sous les acclamations et les 'Papa Francesco !' L'adoration ne va pas tarder.
21:24
Il semblerait que ça soit déjà fini et qu'on enchaîne sur un concert... Nous, on a eu un (léger) ravitaillement. On va bouffer. Ils sont insupportables ces italiens. Ils t'étalent des bâches de 6m sur le sol, quils collent bien sûr les unes aux autres, et après ils t'engueuler si tu passe dessus. Putain de détour de 3km pour aller aux chiottes. Sur ce, bonne nuit.
22:17
Non, pas bonne nuit ! Juste Ciel ! Maman a commenté :-(
22:23
DODO
22:33
Pas dodo. Dans la file pour les chiottes, une fille me demande en anglais avec un pitoyable accent français : exciouse mi, ouate t'aime ième ite pliée ? Sur ce, je lui réponds dans mon français le plus correct : il est 22h30. Elle s'est sentie con.
31 juillet
9:28
Globalement, une nuit tranquille. Beau temps mais risque de pluie. Plus de batterie.
11:49
Panama 2019 !
16:26
Bon. Les JMJ se sont officiellement terminés, avec un splendide black-out de mon appareil, en panne de batterie. Sinon, le lieu et la date des prochains JMJ est bien officielle : 2019 sera l'année de tous les placements financiers. Je ne dis pas que l'aventure est terminée pour moi, mais que la journée after-JMJ, les 20h de car et le train pour Blois n'ont pas grand intérêt. Et oui, on a reussi a quitter le Campus Misericordiae (sinon, je n'aurais, bien sûr, pas de batterie). T'as pas idée de qui sont ces anonymes qui me lisent ? Sinon, qu'ils se présentent en commentaire. Je suis très curieux de connaître les étranges psychopathes qui suivent mes moindres faits et gestes.
16:35
Là, on est en prison soviétique, à glander. Il y a des gros orages et j'ai faim. J'ai pas jeûné vendredi, mais je me suis rattrapé hier et aujourd'hui. Bon... Avec l'aide de Dieu, ce soir ce sera Burger King ou KFC. Je préfère grandement KFC à KGB au passage. Sinon, vous avez lu le commentaire de ma mère ? J'ai honte... Au moins, au Panama, elle ne pourra plus faire ce genre de choses. Je serais vraiment majeur. En plus, je rentrerais (moyennant coup de pied au cul coup de main de là haut) en école d'ingé. La vache. Le flash foreward, quoi.
Sinon, je pense qu'on peut féliciter la Pologne : 2 millions de jeunes catholique arrivent dans une de leurs villes et pas un seul attentat. 3 millions de jeunes (apparemment, les jeunes polonais ont fait la surprise !).
Je suis hyper déçu : apparemment, Le Pape a parlé d'informatique pendant toute l'homélie et la traductrice a tout viré. D'ailleurs, elle a pété un câble celle-là. Genre quand le Pape commence une phrase par "chers jeunes' comme à son habitude, elle commence par dire la phrase en apparté et par s'esclaffer avant de reprendre le cours de sa traduction médiocre. Elle ne devait pas avoir capté qu'on entendait tout. Sinon, j'ai decouvert la métaphore du Pape sur le Figaro. Ils ont dû trouver une bonne traduction. Ça m'a pas l'air inexact, et même plutôt bien trouvé. Il a dit des trucs de type Dieu est prompt au ctrl+A, ctrl+suppr et suppression de la corbeille.
17:38
Avec le temps de merde qu'il fait, cet endroit peut difficilement être plus lugubre. Je suis bien parti pour passer une soirée de merde. Mon majeur est parti sans prévenir, comme presque tout le monde, en ville, donc me voilà immobilisé. #VDM. Il n'y a presque personne ici, et certainement pas de mineurs. En fait, si : ce lieu pouvait être plus lugubre.
19:04
Bon baaaah... Je crois que je suis vraiment tout seul. Tout le monde s'est cassé. Il y a juste trois filles qui papotent dans un coin et un mec qui compte dans un autre. Qui c'est qui continue à jeûner ce soir ? C'est bibi...
20:12
Ah ! Modification : le temps que j'aille faire caca et me voilà effectivement tout seul... Il n'y a plus dans cette bâtisse que moi et la vieille concierge polonaise qui ne parle pas un mot de français (ni d'anglais, d'ailleurs). Je serais bien tenté de.contacter Agnès pour lui annoncer mon auto-émancipation. Ou de me suicider. Au choix.
20:50
Nickel, j'ai le feu vert d'Agnès pour aller bouffer.
21:06
Je viens de croiser mon majeur irresponsable qui rentre de bouffer avec ses potes. Je l'aurais bien étripé. Et mon tram galère à venir. Enfin... je vais m'éclater avec mon burger. Rends toi compte que ça va faire deux jours que je n'ai pas eu un repas normal. Pourquoi doit on partir juste au moment où je commence enfin à retenir ma station de tram ?
21:34
Là je me suis retrouvé dans une station chelou et inconnue... Je dois faire 1km de marche et bouffer des restes. Deux jours de jeûne consécutifs.
22:45
Bon, au final, un sympathique personnage a ramené de la bouffe du KFC ! Donc j'ai la panse pleine. Mais j'aurais préféré Burger King, et j'aurais plus l'occasion d'y re-aller (bon, je sais que BK a racheté Quick et qu'il y a (avait) un quick à Blois) mais c'est pas en France que j'aurais un menu Whooper avec boisson à volonté et petit burger d'appoint... LE TOUT POUR LA MODIQUE SOMME DE 20 ZLOTY, SOIT 4€70 !!! Pensez-vous qu'ils ont des Burger King à Panama ? Reste plus qu'à rattraper les 5600 heures de sommeil perdues... Je ferais ça :
-dans les 20h de car de Krakow à Paris
-dans les 2h de train de Paris Austelitz à Blois
-dans les 7h de car de Blois à Montigny sur Ain.
Mais même comme ça le compte n'est pas bon. En plus, vous avez déjà réussi à avoir un sommeil réparateur dans le car, vous ? Tout ceci ne me dit rien qui vaille... Surtout quand j'enchaîne sur 3 semaines de camp, qui s'insèrent dans mes fesses telle la brise du matin... Au moins, je connais les dates de l'explo, qui ne peuvent pas varier.
23:01
Le silence le plus absolu règne. Mais tous ne sont pas encore rentrés. Je n'ai pas la foutre moindre idée d'avec quel groupe je partirais à Panama. En même temps, prévoir des JMJ, ça implique un gros voyage dans le futur. Incertain et changeant. **Mayeul entame une rétrospective sur sa décision personnelle de partir aux JMJ** Au moins, ils parlent tous anglais au Panama. J'ai vérifié sur Wikipedia. Ce sera plus facile de communiquer/évangeliser.
23:24
S'il y a eu du suspens ce soir, c'était plus : vais je retrouver mon chemin ou pas ? J'explique : il est 21h30. Mon tram a pris un embranchement inattendu, a sauté un station, et m'a déposé dans un coin inattendu de Krakow. Même pas comme m'a chère téci de Prokocim-Biezanow. Non, dans un coin où il n'y a strictement rien. Même pas de tram pour revenir sur mes 'pas'. Pas de bus. Je contacte Agnès, qui est toujours longue à la détente (ne lui répète jamais ça) [NDLR : je m'en garderais bien. D'ailleurs, ça reste entre nous]. Pas de réponse, normal. Et là, Google Map au secours. Heureusement que les parents m'ont pris un forfait Internet. Au début, je crois me situer à un endroit, pas loin de là ou le tram à bifurqué, parce que Google map est un peu comme Agnès. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas d'indigènes. J'étais sur un rocher solitaire au milieu de l'océan. Et puis je commence à avancer dans une direction approximative, les voies du tram s'ecartant de la route... Je re-regarde Google Map : les lieux ne correspondent pas à ce que j'avais vu sur la carte. Je m'aperçois que je suis vraiment dans le trou du cul de Krakow. Mais j'avais deux atouts de taille :
Atout 1 : mes bonnes grosses ***, qui je m'ont pas laissé succomber à la panique.
Atout 2 : mes compétences innées et acquises en topographie appliquée.
Ces deux points forts biens utilisés m'ont permis de retrouver mon chemin jusqu'à Biezanowska, lieu de la bifurcation. Et vu que je flippais d'arriver à pas d'heure, j'ai fait le kilomètre de marche en courant... Morale de cette histoire : le chemin paraît toujours plus long quand on le fait à pied. Morale de cette morale : surtout au pelé de Chartres. Dans le tas il y a trois couillons. Sur cette citation de "Jeanneton prend sa faucille", bonne nuit !
* Le prénom n'a pas été changé pour lancer une fausse piste
** Enfin, presque. Enfin, presque presque.
*** On ne dira pas d'où (indice dans le texte), mais il a pris le métro avant de prendre le bus.
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21/07/2016
"Here lies Dobby, a free elf" - le serviteur souffrant
Pour fêter les neuf ans de la sortie de Harry Potter et les Reliques de la Mort (en anglais, donc techniquement, c'est Harry Potter and the Deathly Hallows), je vous partage quelques passages de l'essai qui m'avait valu une bonne note il y a cinq ans.
Contexte : le titre de l'essai est "faut-il une baguette magique pour être maître de la mort". Les quatre parties de l'essai : Vie et mort, le fruit défendu / Vers l'acceptation / L'immortalité au risque de l'éternité / La mort transfigurée. Cet extrait s'inscrit en fin de deuxième partie (Vers l'acceptation).
C'est un extrait, donc nécessairement incomplet, merci de votre compréhension !
Dobby, serviteur souffrant
Et pourtant. Malgré la vie éternelle, malgré une récompense ultime et magnifique, malgré une juste cause, la souffrance et la mort du juste apparaissent à un certain moment comme une injustice tellement immense qu’elle en est incompréhensible. (...) Et là, plus d’explications qui tiennent, plus de discours possibles ; seulement la douleur et l’acceptation.
Le Seigneur Yahvé m'a ouvert l'oreille,
et moi je n'ai pas résisté,
je ne me suis pas dérobé.
J'ai tendu le dos à ceux qui me frappaient,
et les joues à ceux qui m'arrachaient la barbe ;
je n'ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats[1].
Cette figure du serviteur souffrant apparaît de manière particulièrement forte dans la personne de Dobby. Dobby, le serviteur par excellence, esclave libéré par Harry quelques années auparavant, et qui décide de le servir jusqu’à la fin de ses jours avec une reconnaissance exagérée qui fait sourire et qui émeut. Son admiration pour Harry, son courage et son abdication n’ont rien de comparable. Dobby, avec sa fascination pour les chaussettes et sa capacité à mettre en danger la vie de Harry chaque fois qu’il cherche à le sauver, est l’innocence personnifiée (...).
Il trouve la mort en sauvant des griffes des Mangemorts Harry, Ron et quelques autres de leurs amis. (...) Atteint en plein cœur par un poignard, il meurt entre les mains de son ami, après l’avoir mis en sûreté, en prononçant son nom.
Techniquement, l’auteur a soigné cette mort. L’aspect poétique de la scène ne peut nous échapper. Nous sommes arrivés au bord de la mer, l’auteur décrit l’odeur salée, le sac et ressac des vagues. Un endroit magnifique pour mourir, ainsi que le fera remarquer plus tard Harry. C’est aussi la seule mort que l’auteur a véritablement décrite, insistant sur le visage et en particulier les yeux.
Nous ne voyons pas les yeux de Dumbledore ou de Fred quand ils meurent. Nous voyons le sourire de Sirius au moment où il tombe, et nous voyons les visages de Cédric ou de Fred après leur mort. Mais c’est pour Dobby que le processus est aussi détaillé.
La mort de Dobby, contrairement aux autres, est plus lente. On a le temps de la voir s’installer, le temps de crier au secours, de constater qu’il n’y a plus rien à faire. Dobby est le seul des personnages à avoir le temps de prononcer des derniers mots, et ces derniers mots sont le nom de celui pour qui il se sacrifie.
Ses yeux restés ouverts reflètent les étoiles sans les voir... Tiens, le lecteur n'avait pas vu la nuit tomber, dans le feu de l'action. Nous ne la découvrons que reflétée dans les yeux éteints de Dobby. Et pourtant, cette nuit-là n'est pas seulement présente pour l'ambiance. Cette nuit, c'est la nuit qui recouvre le cœur de Harry à la mort de l'elfe. C'est la nuit de désespoir et de chagrin qui verra Harry veiller jusqu'à l'aube... Mais les yeux de Dobby sacrifié ne reflètent-ils pas les étoiles plus que la nuit ? Dans la nuit de la foi que va traverser Harry, l'espérance brille encore.
La mort du juste
(...) Ni la mort des parents de Harry, ni celle de Cédric, ni même celles de Sirius, de Fred, de Lupin, de Dumbledore, ne nous ont arraché autant de larmes. Pourquoi ? Il ne s’agit après tout même pas d’un être humain ! Il y a pourtant plus de 42 000 personnes encore, neuf ans après, qui aiment la page « RIP Dobby, a free elf » sur facebook, et la page de Dobby attire presque six fois plus de fans que la page de Dumbledore. Mais Dumbledore, contrairement à Dobby, expie une faute. (...) Dobby lui, est le sans faute, tout entier pur. (...) On se rappelle ainsi la mort de Cédric, dans le tome 4, meurtre gratuit de celui qui incarnait la justice. Quoiqu’on ait pu dire sur la mort et le sacrifice, celle-ci semble anormale, injuste, contraire à l’ordre des choses.
Confronté à la mort du juste, il n’y a pas grand-chose à faire. Harry l’a bien compris, et il renonce même à fuir cette réalité si horrible qu’elle est hors de toute compréhension. Harry n'a pas eu souvent l'occasion de faire un deuil. C'est même la première fois qu'il a l'occasion d'en être acteur, et non plus simple spectateur comme lors de l'enterrement de Dumbledore.
(...) Harry ne veut utiliser aucune technique, aucun artifice pour apporter à l'elfe l'hommage qu'il mérite. Et la magie est une forme d'artifice. Pour que le travail soit fait dans les règles, il faut que la souffrance physique, la peine, la douleur, les ampoules et la sueur viennent accompagner le deuil, le chagrin, la peine morale. Harry a besoin de se défouler. Il a aussi besoin de payer sa dette envers l'ami qui est mort pour lui, à sa mesure, qui est toute petite en comparaison, mais qui est aussi sa façon de dire merci (...).[2]
Harry comme Abraham, la confiance dans la nuit
Alors qu’il enterre Dobby, Harry relit tous les événements de ces derniers mois. Il revoit à la lumière de sa souffrance présente sa fascination pour les reliques de la mort, sa quête personnelle malsaine. C'est aussi à ce moment que les derniers indices s'assemblent. (...) Le choix que va poser Harry à ce moment est crucial et il ne sera absolument pas compris par Ron. Harry renonce délibérément aux Reliques, acceptant même que Voldemort mette la main sur la baguette invincible.
On assiste ici à un étrange combat spirituel. Harry doit choisir de faire confiance à son professeur mort, qui l'a terriblement déçu quelques mois auparavant. (...) Harry doit, pour affermir son choix, faire mémoire des réussites imprévues de Dumbledore : le vieux professeur n'avait-il pas vu juste au sujet de Ron, prévoyant sa faiblesse, lui donnant la possibilité de revenir sur ses pas ? N'avait-il pas prévu aussi le remord de Queudver, cet homme détestable qui a trahi les parents de Harry... Et épargné Harry 16 ans plus tard ? Si Dumledore avait vu juste pour ces personnages, pourquoi n'aurait-il pas vu juste pour Harry ?
Dans ce débat intérieur, alors que s'écoule la nuit et que le matin vient, Harry se débat contre sa raison. Il doit accepter, petit à petit, de lâcher prise : accepter que ce n'est pas par la raison qu'il se sauvera, mais par la confiance. (...) Harry a si longtemps cru qu'il devait suivre la piste laissée par Dumbledore. Mais le vieux professeur avait vu plus loin encore. « Sciences sans conscience n'est que ruine de l'âme », écrivait Rabelais ; Dumbledore, qui lit la Bible, savait aussi qu'il ne sert à rien de gagner le monde si c'est pour perdre son âme.
Harry comprend, au terme de cette longue nuit, que Dumbledore n'a pas souhaité qu'il possède la connaissance sans avoir acquis la sagesse au préalable. Dumbledore a fait en sorte que Harry ne découvre pas les moyens de vaincre la mort sans avoir la conscience morale nécessaire pour ne pas en user abusivement. Dans sa sagesse, le professeur a voulu épargner à son élève le drame de l'homme moderne : posséder tant de techniques qui permettraient de soigner, et s'en servir pour détruire la vie. (...) Au final, la leçon est simple : Harry doit accepter d'obéir sans comprendre[3]. C'est le dilemme d'un Abraham, qui choisit de sacrifier le fils unique que Dieu lui-même lui a donné (...) [4].
Ce choix, Ron ne le comprend pas. Comment Harry peut-il renoncer à ce qui peut assurer sa survie ? Cette option de la confiance que Harry pose alors qu'il enterre Dobby l'entraînera plus loin encore, jusqu'au sacrifice ultime. Un voyage sans retour pour lequel il n'y aura pas d'au-revoir (...). Mais paradoxalement, c'est alors que Harry pose ce choix que le soleil se lève enfin sur l'océan...
[1] Isaïe 50, 5-6
[2] Les Reliques de la Mort, J.K. Rowling, Gallimard (2007) p 510
[3] Les Reliques de la Mort, J.K. Rowling, Gallimard (2007) p515-516
[4] Genèse 22, 6-8
Vous avez aimé ? Il ne s'agit que d'un extrait, incomplet et raccourci pour les besoins du web. Le reste attend toujours d'être édité... Manque de chance, de temps et d'énergie, sans doute. Un jour viendra, peut-être.
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29/06/2016
Le Missionnaire
Dans un pays européen quelconque, la vie n'est pas toujours de tout repos pour les ministres de l'intérieur. J'ai tenu à raconter cette anecdote, une histoire amusante et poignante, qui ressemble presqu'à un conte moderne. Mais un conte à la mode Perrault, à la mode Andersen, pas à la mode Disney ! Je m'excuse par avance des écarts que je me suis permis avec le scénario d'origine; il fallait bien interpréter un peu les faits, et les ordonner...
Le fichier ci-joint déroule les dix chapitres publiés sur ce blog l'année dernière. J'ai également déplacé les commentaires effectués sur les différents posts, les conservant dans leur intégralité.
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24/06/2016
Liste des catastrophes de cette année
Passés :
- Terrorisme
- Décès d'Alan Rickman
- Cris des réfugiés
- Nouveau film des Visiteurs
- Loi travail
- Grèves
- Manifestations
- Émeutes
- Inondations
- Pénurie d'essence
- Commémorations de Verdun
- Invasion de hooligans
- Brexit
A venir :
- Krach boursier
- Invasion de sauterelles
- Super virus
- Zombies
- Star Wars VIII
- Film en 3D de Justin Bieber
- Remake de Twilight
- Réélection de François Hollande
- Arrivée des extra-terrestres, qui trouveront un pays déstabilisé incapable de se défendre.
Un jour, des historiens seront heureux de retrouver cet article qui leur montrera l'état d'esprit dans lequel nous avons survécu (pour ceux qui ont survécu) à ces temps troublés.
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17/06/2016
Orlando et la course à l'alibi
La Tour Eiffel est aux couleurs de l'arc-en-ciel : tremble, Daesh, ça t'apprendra à revendiquer un massacre homophobe à Orlando - pas l'acteur, la ville.
Refoulez-vous un alibi ?
On l'a vu avec Charlie ; tout un tas de photos de profil de cathos qui disaient "je suis Charlie", le journal qui leur chie dessus. Les mêmes revendiquent le rainbow flag par solidarité après le massacre d'Orlando - pas l'acteur, la ville. Les dents des militant-e-s LGBT grincent. Pourtant, le phénomène s'expliquerait aisément : on nous attaque, on ressert les rangs. C'est instinctif. Chacun sait que l'oignon fait la farce (la farce, dans l'histoire, c'est qu'en fait d'adepte de kamikaze on a un mec qui ressemble quand même vachement à un homo refoulé ; on leur dit, à Daesh, ou on laisse couler ?). N'empêche que si c'était une course à l'alibi, les cathos auraient tout de même une longueur d'avance sur les musulmans (tiens, pour une fois, je serais dans le camp des vainqueurs). Pourquoi ? Les musulmans qui assurent "c'est pas ça l'Islam" sont dans le rejet d'une identification au coupable : "être musulman ne fait pas de moi un membre de ce groupe là". "Voilà ce que je ne suis pas". Les cathos sont dans l'affirmation d'une identification aux victimes : "je suis arc-en-ciel", "je suis des vôtres".
Union sacrée ou unité de façade ?
En ce sens, les cathos seraient plus malins ; en s'identifiant directement aux victimes, ils sont plus assurés de ne pas être identifiés aux coupables. Réagir en protestant de son innocence, c'est se désigner d'office comme suspect. Les élites musulmanes devraient en prendre de la graine ! Mais si ces déclarations sont des stratégies de légitimation (même inconscientes), cela signifie que les communautés sont en concurrence entre elles pour gagner en légitimité au sein de la société occidentale moderne, l'arbitre étant l'opinion publique laïque et républicaine à laquelle les coureurs font allégeance, et l'apparence d'union sacrée n'apaise en rien les profondes tensions. Cela voudrait surtout dire que nos réactions ne seraient pas motivées par une menace réelle, mais par un désir de reconnaissance. Pour s'abriter de la pluie, on va prétexter un hypothétique déluge pour avoir la meilleure place dans une arche que les bâtisseurs, qui n'y croient pas plus que nous, n'ont jamais prévu de faire flotter.
Dark Vador doit mourir
C'est parfait pour l'Etat Islamique qui aurait réussi à créer un ennemi identifié sans que cet ennemi n'identifie la menace. L'enjeu ? Créer l'apparence d'un bloc unifié pour pousser un maximum de personnes de culture ou de foi musulmane à se désolidariser de la civilisation occidentale. L'ennemi identifié serait la société de consommation matérialiste et décadente des Croisés. Rien de cette société ne mériterait qu'on la sauve, car le Mal l'aurait tant corrompue qu'il ne faudrait pas hésiter à la sacrifier. Il n'y aurait pas un seul juste qui justifierait qu'on épargne Sodome. Les mécréants eux-mêmes seraient d'irrécupérables hérétiques se livrant à la pornographie et à la vénalité ; Dieu les aurait déjà jugés, il n'y aurait rien de bon en Dark Vador, Delenda Carthago est bande de sales kouffars. Et de fait, ça marche quand même un peu, puisque le discours des élites musulmanes n'arrive pas à aller complètement jusqu'à l'identification aux victimes. Et on en revient à la course à l'alibi de départ ; ce qui compte, c'est peut-être de ne pas participer...
Jean-Jacques Goldman a raison
Je ne dis pas que nous soyons tous en quête d'un alibi, ni à quel degré ça peut jouer dans nos réactions. Encore une fois, il ne faut pas sous-estimer l'instinct grégaire du troupeau face au prédateur. Mais questionner un peu nos motivations nous donnerait peut-être quelques pistes pour trouver comment promouvoir l'unité sans laisser prise à la stratégie de Daesh. Curieusement, la réaction des militants gays à la solidarité de Christine Boutin me fait relativiser : on aimerait tous que la société se divise entre le bien et le mal. Quel dommage qu'on n'arrive pas à s'entendre sur la frontière entre les deux... Ce serait tellement plus confortable pour s’entre-tuer en toute bonne conscience.
Peut-être faut-il s'en réjouir, et espérer "qu'on nous épargne à toi et moi, si possible très longtemps, d'avoir à choisir un camp" ; non pas que c'est mal, de choisir un camp. Mais ce n'est jamais un très bon signe. Et surtout, parce que citer Jean-Jacques Goldman est aussi puissant que mettre la Tour-Eiffel aux couleurs de l'arc-en-ciel, et au moins aussi révolutionnaire que boire une bière en terrasse.
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