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30/08/2012

Comment j'ai infiltré les chachas (9/9).

Les précédents articles : le n°1, le n°2, le n°3, le n°4, le n°5, le n°6, le n°7 et le n°8

Le cliché n°4 : le chacha, spécialiste du syncrétisme religieux.

Saint Crétisme, priez pour eux. Car pire encore , le chacha n'aurait-il pas tendance à penser que toutes les religions se valent et entamer la grande ronde de l'amitié intergalactique ?

grande ronde de l'amour.jpg

Il est en effet notable que des décennies de communication journalistique bâclée sur Assise ou Taizé, de gaffes ecclésiales et de malentendus ont laissé leur trace. J'en veux pour exemple cette image :

Vous voyez ce jeune homme ? Il est en position d'adoration chachaïque.

chacha en ado.jpg

Ça ne vous fait pas penser à quelque chose d'autre ?

musulman en prière.jpg

Eh, j'ai infiltré les tradis, et rien à faire, quelque chose en reste, je suis choqué là. Et on touche le cœur du problème.

Ceci dit, ne nous attachons pas trop aux apparences : si toutes les religions se valaient, à quoi servirait d'évangéliser autrui ? Or le chacha se remarque trèèèès souvent (pour ne pas dire toujours) par la propension à l'évangélisation directe, c'est-à-dire sur les places publiques. Ce qui lui fait un point commun avec les tradis ; les deux descendent porter leur témoignage dans la rue. On apportera quelques nuances sur les méthodes pour présenter ledit témoignage, mais je risquerais de perdre ma neutralité méthodologique si j'avouais une préférence "méthodique" pour les chachas. Je n'entrerais donc pas dans le débat, et ce qui compte, c'est que tout le monde s'aime, etc.

En conclusion...

Malgré mes a-priori ovinesques et mes histoires de familles si pittoresques, infiltrer les chachas n'est pas si difficile au final ; une fois assimilé leur langage technique pas toujours compréhensible, ils sont globalement sympathiques. Le plus dur ? Ne pas prendre la fuite au premier rendez-vous. Ni au deuxième. Après deux ou trois mois, on s'habitue.

Suis-je pour autant devenu charismaddict ? Le plus grand danger de l'infiltré est de se faire infiltrer à son tour. Mais je tiendrais bon. Il est tant de choses que j'ignore encore : la Trinité, l'Incarnation, la Rédemption, tant de Mystères restent si mystérieux pour moi. Et tant que je n'aurais pas tout essayé et tout compris, je chercherais encore. Il ne sera pas dit qu'Eddy se couche devant l'ennemi...

eddy repos ds l'esprit.jpg

Publié dans Les aventures d'Eddy | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

27/08/2012

Comment j'ai infiltré les chachas (8/9).

Les précédents articles : le n°1, le n°2, le n°3, le n°4, le n°5, le n°6, et le n°7

Le cliché n°3 : le chacha, roi de l’œcuménisme.

À l'origine du Renouveau Charismatique, Wikipédia cite les églises évangéliques, méthodiste, épiscopalienne, l'Église catholique romaine. Donc, beaucoup de protestants. Cela prédispose le chacha, même l'actuel, à se mettre fréquemment en collaboration avec nos frères protestants, qu'il appelle gentiment les prots.

Alors, grande question: les chachas sont-ils vraiment catholiques?

Rien de tel pour cela qu'un bon petit tableau pour s'y retrouver dans les arguments de comptoir que je vais balancer! Je vous conseille, pour une meilleure interactivité, de le lire de la gauche vers la droite.

 

Les chachas cathos sont tout à fait cathos

En est-on bien sûr ?

Ils disent le chapelet et se trimbalent même parfois avec, et prient la Vierge Marie.

Ils laissent des protestants prêcher dans leurs assemblées de prière.

La plupart du temps, c'est sous condition qu'ils ne dénaturent pas la foi de l'Eglise.

Ils préfèrent la louange avec des prots qu'une autre forme de prière avec des cathos. Bam.

Ils croient en la Présence Réelle (transsubstantiation, si vous insistez). Ils font mêmes plein d'adoration pendant leur veillée.

Mais ils lisent vachement la Bible, et comme les protestants ils ont tendance à sortir un verset de son contexte...

Ils pensent que le prêtre agit In Persona Christ quand il donne un sacrement

Mais ils croient aussi que Dieu peut aussi se manifester en plénitude sans intermédiaire...

...Et sans le recours au sacrement d'ailleurs (non mais tu me laisse finir mes phrases?)

Ils croient que les sacrements sont au nombre de sept : ceux du Catéchisme

Ils font les JMJ

Ils écoutent des groupes de louange protestants

Ils vont à la Messe

Ils portent des sweat à capuche

WTF ?

Ils se tiennent la main au Notre Père !

Oui mais sur leur lit de mort, c'est pas un pasteur protestant qui les confessera, sauf s'il est revenu dans la communion de l'Eglise et qu'il a été validement ordonné. Parce qu'ils croient que les sacrements donnés par les prêtres catholiques, ils sont valides, quelle que soit l'émotion ressentie ; ouais, quand le prêtre dit « je te pardonnes tout tes péchés » c'est vraiment Jésus qui te les as pardonnés, et c'est bon quoi, c'est du certain... ils croient que c'est pas un repos dans l'Esprit qui va te les pardonner, tes péchés, mais la confession qui le suivra et qu'il aura permis, parce que Dieu est quelqu'un de génial qui est prêt à tout, même à nous renverser par terre, par amour pour nous (et encore ça c'est rien par rapport à ce qu'il a déjà fait). Et parce que l'Eglise est le corps du Christ, et qu'ils y croient, peu importe qu'ils écoutent Hillsong ou qu'il préfère Berger King à Mc Do. Vas-y, répond à ça pour voir ?

Attend euh... Tu m'as pas bien lu, là... Ils se tiennent la main au Notre Père !

Ami lecteur, à toi de juger !

ange eddy.jpg

Et ne loupez pas le dernier épisode !

Publié dans Les aventures d'Eddy | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

17/08/2012

Comment j'ai infiltré les chachas (7/9).

Les précédents articles : le n°1, le n°2, le n°3, le n°4, le n°5, et le n°6

Le cliché n°2 : le chacha, bisounours aux mœurs de hippie.

A quoi ressemble un chacha ?

L'imaginaire collectif le voit encore comme l'avant dernier type du schéma de l'évolution : un hippie avec une guitare, une chemise à fleur et une barbe de Jésus. On lui doit le célèbre slogan « souris, Jésus t'aime ».

Pour cet imaginaire collectif, le chacha ne parle pas de l'enfer. Il ne joue pas sur la peur ou la culpabilité des gens. Ses méthodes sont donc exactement à l'opposé des méthodes utilisées par le tradi, qui insiste tant sur la nécessité de se confesser. Pratique barbare qui devrait être révolue depuis longtemps ! D'ailleurs, l'enfer n'existe pas. Si l'on en croit cet idéal-type, le chacha ne se confesse jamais. Regardez une dernière fois le symbole de tout ces préjugés ancienne mode, parce que bientôt vous n'en entendrez plus jamais parler.

enfer.jpg

On valide ici le paradigme évolutionniste présenté précédemment : si le tradi est un résidu de grand-mère pré-conciliaire (équivalent dans la bouche de notre ethnologue à préhistorique), alors le chacha est l'aboutissement d'un processus d'évolution qui mène à une humanité libérée de son sur-moi culpabilisateur. Il ne parle que de petites fleurs, de petits oiseaux, de petits nuages, de papillon et de soleil et de plein de trucs tout rose. 

paradis.jpg

eddy déçu.jpg

On comprend pourquoi certains prennent la fuite.

Mesdammes, messieurs, je suis au regret de vous informer qu'il s'agit plus ou moins d'un cliché sans aucun fondement. Vous êtes déçus ? Moi aussi.

Nous avions bien vu précédemment que le processus d'évolution peut impliquer des retours en arrière, comme le chapelet par exemple. Et bien figurez vous que pour ce qui est de parler diableries, le chacha n'est pas en reste. Je n'ai pas entendu moins de fermeté dans la bouche des prédicateurs chachas qu'ailleurs. Et plutôt plus que dans certaines paroisses que je connais...

La preuve par l'image :

Chez les tradis, le banc d'attente pour les confessions ressemble à cela :

confessions tradi.jpg

Chez les chachas, le banc d'attente pour les confessions ressemble à ceci :

confessions chacha.jpg

Ah évidemment, l'arrière plan est un peu différent. Mais ceci dit, les témoignages ne manquent pas, de prêtres qui se mettent exprès dans le confessionnal pendant les veillées de louange pour avoir plus de clients, des prédicateurs qui se confessent avant de parler, des mecs qui passaient par là, qui ont entendu de la musique, et qui se sont retrouvés devant le prêtre en se demandant si au fait, ils étaient bien baptisés (true story).

Et pour en finir avec la théorie du chacha hippie, je suis au regret d'informer le lecteur que non, on ne met pas des herbes bizarres dans l'encensoir. Non, le chacha ne vit pas d'amour et d'eau fraîche dans une ferme retapée où il élève des moutons, il n'est pas non plus berger dans l'Ardèche. Il vit dans le vrai monde. Il a un vrai métier avec un I-Pod, il bouffe au Mac Do, il prend le métro, il est éduc spé, ingénieur, comptable, prof, ou au chômage.

S'il se fait appeler berger, c'est par des êtres humains, et s'il se fait appeler papa, c'est par son mouton adoptif. Fin du cliché, on rend l'antenne : le chacha est un mec comme les autres.  

eddy content.jpg

N'oubliez pas non plus la suite les n°8 et n°9

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15/08/2012

Comment j'ai infiltré les chachas (6/9).

Les précédents articles : le n°1, le n°2, le n°3, le n°4, et le n°5

Le cliché n°1 bis : le chacha, sommet de l'évolution

Ces deux derniers specimen sont nés après Vatican II, d'où un traitement un peu plus complet.

  1. 1968.jpgLe baba-cool des années 70. Il a été élevé par les congénères d'au-dessus. Ses parents trouvaient très bien qu'il essaie la guitare à la messe. Mais s'il est resté catho, c'est qu'il s'accrochait à la Bible, à l'Eucharistie, à des communautés toutes petites mais bien vivantes qui en voulaient. Et qui, souvent, étaient justement issues de ce fameux « Renouveau Charismatique ». C'est comme ça qu'il a rencontré des prots, ceux là même qui avaient fait du Renouveau Charismatique un succès aux Etats-Unis. C'est tellement bien, de parler à toutes les religions, Assise, Taizé, tout ça... Ses parents lui ont donné une éducation très cool. 

    Enfin s'il avait moins de 25 ans aux JMJ de Paris, il s'est dit qu'il éduquerait différemment ses enfants. Ou qu'il serait prêtre et qu'il remettrait la soutane à l'ordre du jour. Mais s'il avait plus de 25 ans, c'est mort pour lui ; il restera baba-cool toute sa vie.

  2. 1988.jpgCe gosse là, je l'aime bien. Il est de la génération Y tardive, celle de la fin des années 80, des années 90. Il a été élevé par des survivants, par des mecs qui grattaient dans des groupes de prière chacha dans les 80s, à l'époque où c'était trop la folie en France, même qu'il y a eu quelques dérapages. Son père, il était fan des Béat' parce que ça commence comme Beatles, il avait connu la genèse de l'Emmanuel, il avait survécu aux répertoires liturgiques les plus atroces. Alors ce gosse, il a été élevé dans une ambiance de folie, genre communauté nouvelle, tout ça.

    Il n'avait pas encore 10 ans quand Jean Paul II a lancé les JMJ à Paris, et il voyait ça de ses grands yeux en se disant « moi aussi, quand je serais grand, j'irais dormir dehors comme un clodo juste pour être à la messe avec quelques millions de cinglés ». Et il y a eu droit. A Cologne, à Madrid. Avec Benoît XVI.

    Y'a plein de trucs qui ont changé dans les années 2000. Il le sait bien, qu'il est minoritaire dans ce monde. Et il a eu plus que les autres l'occasion de croiser des jeunes cathos qui vivaient autrement, qui pensaient autrement, qui priaient différemment.

    Notez le retour du chapelet ; oh rassurez-vous, il n'était pas parti bien loin. Sauf que maintenant c'est fashion au poignet. Mais du coup, ça fait un point de divergence avec les charismatiques protestants. Notez aussi la présence de la Bible. On s'y accroche. Il y a intérêt. Dans ce monde de fous, mieux vaut avoir de solides soutiens.

    C'est lui qui a inventé l'évangélisation sur internet, la vraie bande annonce d'Inquisitio, et avant ça le pouvoir Chacha. C'est pour ça que je l'aime bien : en fait, je lui ressemble un peu.

    eddy pouvoir chacha.jpg

    N'oubliez pas non plus la suite : les  n°7, n°8 et n°9

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13/08/2012

Comment j'ai infiltré les chachas (5/9).

Les premiers épisodes : le n°1, le n°2, le n°3, le n°4,

Le cliché n°1 : le chacha, sommet de l'évolution catholique

Toujours est-il que dans les conscience populaire, le chacha est souvent considéré comme l'aboutissement d'un long processus d'évolution. Même si d'autres sources, moins écoutées par les médias, le voient parfois comme le résultat de la dégénérescence programmée post-conciliaire – post conciliaire étant dans ce cas synonyme de post-apocalyptique.

évolution chacha.jpg

Mesdames et Messieurs. Ne croyez en rien ce schéma mensonger, et pourtant si répandu dans les conscience.

eddy suspicieux.jpgL'évolutionnisme ne vaut pas dans l'Eglise.

Soyons créationniste.

Oui parce que, en même temps que naissait le chacha, naissait aussi le tradi. Bah oui, avant Vatican II, il n'existait pas encore. Car avant Vatican II, pas grand chose n'existait. D'ailleurs, des mauvaises langues prétendent même que l'Eglise n'avait pas encore été créée : les progressistes, une autre de ces nouvelles races issues du Concile, comme les deux précédentes.

D'ailleurs, observez bien ce schéma d'un peu plus prêt, car il contient malgré tout une part de vérité :

  1. 1908.jpgL'arrière grand-mère née dans les années 1910. Bien-sûr, elle a toutes les chances d'être morte à présent. Il n'empêche. Notez le chapelet à son bras gauche : il va disparaître des autres dessins. Cette brave petite vieille là ne s'est jamais vraiment soucié du Concile ou de la réforme liturgique : elle commençait déjà à être sourde quand les chants les plus... bucoliques (un grand champ à moissonner, par exemple) étaient à la mode. Au pire, l'abandon du latin dans les années 70 lui a brisé le cœur et elle est morte précocement.

  2. 1928.jpgLe grand-père né dans les années 1930. Il avait déjà une cinquantaine d'année au moment de Vatican II : il s'est vraiment pris dans la face la réforme liturgique, c'est pour cela qu'il se trimbale un missel avec lui. C'est qu'à l'époque, on prenait la liturgie au sérieux. Soit il était très pour, soit il était très contre : en tout cas, il avait un avis bien ancré. Ce missel disparaîtra des dessins suivants également. La plupart des gens nés après ont tendance à penser qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un missel pour mieux suivre la messe.

  3. 1948.jpgLa tante née dans les années 1950. Elle avait 18 ans au moment de mai 68. Faut lui pardonner si elle cherche maintenant à être le servant d'autel qu'elle n'a jamais pu être. D'ailleurs, elle milite à présent pour le droit des femmes à être prêtre. C'est à elle qu'on doit le succès des plus belles chansons des années 70, Jo Akepsimas, Claude Tassin... Un héritage magnifique à conserver (ironique, moi ? Je suis fan de Sheila voyons!). 

Soyons honnête. Il y a aussi eu pas mal de résistants dans cette génération : ceux qui, dans les années 70, demandaient quelque chose d'un peu plus excitant que la révolution liturgique et musicale de leur paroisse. Et qui, par conséquent, sont allés chercher ailleurs que dans leur paroisse. Dans les années 80, ils ont commencé à fonder tout un tas de communauté en France, et des groupes de prière inspirés des Etats-Unis, où il se passait vraiment des trucs de ouf, genre des miracles et tout ça. Et puisqu'il fallait faire les choses nous-mêmes, la guitare s'apprend plus vite que l'orgue (et c'est moins encombrant). Et puis ça bouge plus. Rock'n'roll !

Suite aux prochains épisodes :  le n°6, le n°7, le n°8 et le n°9

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