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22/01/2014

St Paul 13 : Mariage mixte !

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Quant aux autres, c'est moi qui leur dis, non le Seigneur : si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. Une femme a-t-elle un mari non croyant qui consente à cohabiter avec elle, qu'elle ne répudie pas son mari. En effet le mari non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le mari croyant. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints ! Mais si la partie non croyante veut se séparer, qu'elle se sépare ; en pareil cas, le frère ou la sœur ne sont pas liés : Dieu vous a appelés à vivre en paix. Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? (1 Co 7, 12-16)

mixte1.jpgDe fait, dans une communauté réduite, le mariage « mixte »  est un peu la seule solution. Ok, le terme "mariage mixte" est un peu un anachronisme, j'avoue. Aujourd’hui cela recouvre le mariage entre deux confessions différentes (un chrétien et un non chrétien) ou entre dans un sens large entre deux cultures différentes, deux ethnies différentes, deux espèces différentes. Au temps de Paul, le baptisé et le non baptisé.

On en arrive au verset 12. "Quant aux autres, c'est moi qui le dis, non le Seigneur". Ici, St Paul indique qu'il va faire une adaptation pastorale à ce cas précis. Ce n'est pas "parole d'évangile"Si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui...". Et il en va de même pour la femme baptisée. Toujours la réciproque : ce qui vaut pour les hommes s'appliquera aux femmes, pas de favoritisme.

Le mariage mixte est une possibilité que St Paul ouvre.

mixte3.jpg

Cependant, les unions entre des chrétiens et des non croyants sont soumises ici à une condition drastique. Pas si cool, St Paul... ''Habiter avec'' signifie à l'époque partager les dieux lares*. Si un non croyant accepte de cohabiter avec un chrétien, c'est donc qu'il est d'accord pour mettre les dieux en commun, en l'occurrence partager le Dieu du chrétien puisque celui-ci, et St Paul l'a abondamment rappelé dans le chapitre précédent, ne peut s'adonner à d'autre culte que le culte chrétien.

"En effet, l’homme non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le frère/baptisé. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints", lit-on au verset 14. A l'époque en effet, les enfants de chrétiens ne sont pas baptisés car ils sont considérés comme purs du fait de la foi de leur parents qui les fait partager le même Dieu. Le baptême pour les enfants viendra assez vite cependant, parce qu'on va considérer que si la simple ouverture à la foi peut être offerte par les parents, combien plus peut apporter le baptême dans le Christ.

mixte2.JPGCependant, l’union entre le baptisé et le non baptisé ne peut perdurer si la "partie non croyante" (verset 15) souhaite se séparer. "Le frère et la sœur ne sont pas asservis (dédoulôtai) dans ces conditions", c'est-à-dire que l'un n'est pas esclave de l'autre. Dès lors que ce n'est plus le Christ qui est aimé en l'autre, on retombe dans l'esclavage de l’idolâtrie. Et si le Christ a été refusé par le non baptisé, ce n'est pas au conjoint chrétien de vouloir sauver l'autre par lui-même ; croire qu'on peut sauver l'autre, c'est se prendre pour Dieu. C'est là le sens du verset 16**.

CECI DIT se séparer ne signifie pas divorcer -le mot n'existe pas à l'époque- répudier. On disait précédemment (verset 3-5) que le mari et la femme ont besoin l'un de l'autre, se doivent l'un à l'autre, bref, sont appelés à passer du temps ensemble. Et bien dans ce cas non, dans un cas il vaut mieux qu'ils évitent de se voir. 

* dieux lares = dieux domestiques
** "Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ?"

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16/01/2014

Genre et stéréotype : la grande manipulation

"La théorie du Genre n'existe pas". C'est un peu comme Voldemort Vous-Savez-Qui, il est interdit de prononcer son nom et quand elle revient tout le monde se voile la face. Nier l'existence d'une théorie est en effet un très bon moyen de la propager sans craindre la contradiction.

Du coup, ceux qui vont nous promouvoir la théorie du Genre utilisent une autre rhétorique : ils prétendent lutter contre les stéréotypes de genre. Ça tourne à l'obsession et même au ridicule, comme essayait de le montrer la Manif Pour Tous (maladroitement mais à raison). Rayons jouets dans les grandes surfaces, sensibilisation des enseignants, ABCD de l'égalité, c'est une politique visiblement un peu plus prioritaire que alphabétisation.

Déjà, rappel de définition :

Pour les psychologues sociaux, le stéréotype est une croyance collective et non pas une réalité concrète (sauf si vous considérez qu'une croyance est concrète). Les stéréotypes sont des "croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, […] les traits de personnalité, […] les comportements, d’un groupe de personnes" (Leyens).

De nature, le stéréotype n'est pas mauvais en soi. Il permet de se repérer et de se positionner dans la société. En revanche, dans l'usage courant le terme "stéréotype de genre" est désormais toujours connoté négativement. Un peu comme le terme homophobe. En fait, il y a manipulation sémantique et cela tient à l'usage qu'en fait la Théorie du Genre dans sa pratique la plus extrémiste. C'est ce que je vais essayer de montrer. Les différentes positions ont été simplifiées et présentées sans nuance (vous rencontrerez rarement quelqu'un d'aussi catégorique) ; mais cela permet de mettre en valeur le mécanisme. Néanmoins, faut s'accrocher !

A - Ce que dit l'observation du réel

1) Il existe des croyances collectives sur les caractéristiques que partagent les personnes de même sexe = des stéréotypes de genre.
Jusque là, on est d'accord. Il existe effectivement des représentations collectives de l'homme et de la femme. C'est un phénomène naturel. Qu'elles soient justifiées ou non, universelles ou non, souhaitables ou pas, là n'est pas encore la question.

2) Parmi ces stéréotypes de genre, certains sont dévalorisants. 
C'est sur que de dire "les femmes conduisent mal", ce n'est pas sympa. Pour l'instant, on ne peut pas désapprouver. Même si sémantiquement on glisse du stéréotype (neutre) au préjugé (négatif).

3) Ces stéréotypes influencent en partie notre comportement, les rôles que nous tenons dans la société, jusqu'à notre caractère, nos désirs et nos goûts.
On ne peut pas le nier non plus. Chaque être humain répond à des attentes de la société, plus ou moins consciemment, et tend à correspondre naturellement à l'image qu'il se fait de lui-même en fonction des représentations de la société. On ne dit pas non plus (pour l'instant) que ces représentations sont le principal moteur de nos décisions.

Si on s'oppose à ces trois points, on passe pour des débiles parce qu'ils sont quand même pas mal fondés sur le réel. Voyons maintenant comment le glissement s'opère :

B - Du réel au théorique

4) Ce qui différencie un homme d'une femme sur le plan du comportement, du goût, des désirs etc. est le produit des stéréotypes de genre véhiculés par la société. Et non de la biologie.
Là, c'est ce que certains appellent la théorie du Genre. On adhère ou pas. C'est pourquoi on [les pas-d'accord] aimerait que cela s'appelle une théorie... et non un théorème

5) Les différences ainsi artificiellement causées sont toujours discriminantes.
En voilà un de beau, de préjugé, au passage : différence = discrimination. Il est suffisamment répandu dans la société pour qu'on puisse parler de croyance collective, vous ne pensez pas ?

6) S'il y a différence, c'est qu'il y a eu stéréotype même si on ne s'en est pas rendu compte. Dans l'analyse des stéréotypes, on doit donc non seulement inclure ce qui est de l'ordre de la croyance mais aussi des différences effectives constatées sur le terrain.
Voyez comment le glissement sémantique s'opère... On n'est évidemment plus dans l'analyse factuelle. On est dans une nouvelle sorte de paradigme, un système de pensée, une théorie, quoi oups.

Voyons maintenant, en trois points, les décisions qui font suite à ces conclusions.

C - De la théorie à l'idéologie

7) Il faut lutter contre les discriminations => il faut donc lutter contre les différences associées au sexe des individus.
En effet, le résultat des points précédents, c'est qu'il faut lutter contre les différences sexuelles puisqu'elles sont toujours discriminantes et qu'il est mal de "discriminer" (même si choisir c'est discriminer - ah c'est vrai, on a un président qui ne choisit pas). Il faut donc transformer le réel.  

8) Les stéréotypes sont à la source de ces différences => les stéréotypes sont mauvais en soi, il faut supprimer l'influence des stéréotypes.
Les partisans de la théorie du genre passent leur temps à établir des listes de stéréotypes qui correspondent ou non à la réalité pour en prendre le contre pied systématique. Ils entendent par là changer les repères de la société pour en instaurer des nouveaux.

9) Pour libérer les enfants des stéréotypes, on veillera à modifier directement leur comportement par l'incitation directe (organisation d'une activité) ou indirecte (lectures, films...)
Bref, on adopte une démarche volontariste. Notez qu'en faisant cela, les enfants ne sont pas moins sous influence (et même plutôt plus puisque les adultes sont volontaristes) !!! On n'a pas du tout lutté contre les stéréotypes, contrairement à ce qu'on voulait faire croire, on en a imposé artificiellement d'autres !!

Ces deux derniers points sont compliqués à mettre en oeuvre ; il faudrait isoler l'enfant de sa famille et du reste de la société pour éviter toute influence négative, raccourcir le délais de prise en charge de l'enfant par l'Etat, transformer en profondeur tous les secteurs de la société : entreprises, commerce, publicité, éducation, famille...

=> On est passé de la lutte contre les préjugés à la lutte contre la réalité. Vous n'êtes pas bluffés ? Elle est là, la grande manipulation. Et voilà comment de l'observation du réel, via une théorie contestable (système cohérent d'idées conçu à partir d'une hypothèse), on passe à une idéologie (l'idée s'impose au réel en vue de le transformer). La théorie du genre connaîtra le même sort que toutes les idéologies qui ont cru pouvoir changer le Réel mais si on pouvait éviter le million de morts cette fois ça serait cool.

Quelques pistes pour réagir

Pour ne pas donner du grain à moudre aux idéologues, je suggère du coup trois principes :

- Ne plus parler de stéréotypes de genre. Son utilisation dans le langage courant est désormais péjorative. L'utiliser, c'est actualiser la menace qu'on voudrait faire planer. [Si on veut être méchant, on peut aller jusqu'à assurer que les stéréotypes de genre sont inventés par les défenseurs de la théorie du genre qui l'utilisent comme épouvantail. Je suis de mauvaise foi ? Oui. Tout comme ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de théorie du genre.] J'imagine mal les chercheurs abandonner un terme au motif qu'on lui fait dire n'importe quoi. Mais dans le langage courant, nous pouvons remplacer ce terme par deux autres : "repère" lorsque l'on veut mettre l'accent sur l'aspect positif du stéréotype nécessaire à la construction identitaire et au positionnement social / "préjugé" lorsqu'on veut dénoncer une représentation fausse, méprisante ou réductrice. Par exemple, je dirais que Najat Vallaud Belkacem a de solides préjugés sur les mères au foyer. En revanche, un enfant identifie l'homme au chevalier : bon repère pour se construire. Garde la ligne petit !

- Ne pas lister sans fin les caractéristiques des hommes et des femmes. D'abord parce que les cas particuliers démentent trop souvent ces listes : des petites filles qui ont tout, à première vue, du petit garçon et réciproquement, sans que cela ne soit pathologique ( -> on donne des arguments faciles à la partie adverse) ensuite parce que la différence entre un homme et une femme ne se résume pas à une liste de caractéristiques (voir article précédent). Les repères sont importants pour se construire, mais ils n'expliquent pas réellement nos différences fondamentales ! Ce serait comme décrire la route pour faire le portrait d'une voiture. Si vous n'utilisez aucune liste de ces particularités (lesdits "stéréotypes") pour définir et différencier l'homme et la femme, vous arriverez quand même à démontrer votre propos et votre adversaire sera privé de ses arguments habituels !

- Répondre à l'idéologie par la raison, souvent plus mesurée mais aussi plus audible qu'une réaction épidermique. Notre identité d'homme ou de femme : quel sujet passionnant pour la recherche biologique, sociologique, philosophique etc ! Notre société n'a-t-elle pas besoin de réponse ? Pourquoi les garçons sont plus souvent en échec scolaire, comment expliquer l'évolution de corps de métiers (médecin, informaticien...), quelle est l'influence des hormones sur le cerveau, pourquoi certains sont-ils si mal dans leur peau etc... Léonard Sax, chercheur américain, a l'air vachement intéressant par exemple ! Ça ne va pas plaire à tout le monde, mais ce formidable champ d'investigation, où s'expriment des théories très variées, porte justement un nom aux Etats-Unis : on appelle cela les Gender Studies.

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15/01/2014

St Paul 12 : Indissoluble

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Quant aux personnes mariées, voici ce que je prescris, non pas moi, mais le Seigneur : que la femme ne soit pas séparée de son mari – au cas où elle en aurait été séparée, qu'elle ne se remarie pas ou qu'elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne répudie pas sa femme. (1 Co 7, 10-11)

Pour placer l'année 2014 sous de bons augures, nous allons enfin évoquer avec St Paul le cas des personnes mariées.

L'Abbé Jacques Bernard (ie Père Jacques), exégète et prêtre du diocèse de Cambrai, proposait aux étudiants ignares que nous étions alors la traduction suivante de ce passage : "A ceux qui sont fondés en mariage (verbe au parfait) Voici ce que j’évangélise (parangello), non pas moi, mais le Seigneur"

Deux remarques :

1) L'usage du parfait, en particulier dans le grec, signifie qu'on évoque une action ponctuelle terminée. Dans le grec ancien, "l'indicatif parfait est employé chaque fois qu'une action vient d'être terminée. Il correspond, de manière générale, au passé composé de la langue française écrite" (Wikiversity). L'action de se marier est terminée, c'est fini, c'est définitif, donc on évoque désormais un état permanent de personne mariée. L'usage de ce temps chez St Paul éclaire ce qu'il disait du célibat précédemment (célibataire permanent/célibataire temporaire). C'est intraduisible en français (ceux qui sont fondés en célibat ?)

2) Quand St Paul dit : "non pas moi, mais le Seigneur", il annonce en ces termes que ce qui va suivre n'est pas un conseil qu'il donne mais est "parole l'Évangile" (contrairement à précédemment). L'Évangile en question, c'est Matthieu 19: "Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme – sauf pour "porneia/culte païen" – et en épouse une autre, commet un adultère". C'est-à-dire, si vous divorcez, c'est comme si vous trompiez votre femme. Mais si vous trompez votre maîtresse n°1 avec une maîtresse n°2 est-ce que vous trompez plus votre femme ? Le doute demeure #Gayet. Ceci dit, suivant ce principe, on ne peut pas échanger sa femme avec celle d'un autre (même quand on s'appelle Arthur Pendragon)

Le Christ rappelle ici l'indissolubilité du mariage monogame, consacré dès Genèse 1, et c'est sur cette parole que St Paul s'appuie. Pour plus d'infos, lire la première partie de "Homme et Femme il les créa", de Jean Paul II, 696 pages seulement, d'une simplicité enfantine #SecondDegré. Ou alors contentez-vous de lire cette audience générale : Audience Générale du Pape Jean-Paul II du 2 avril 1980.

Fait intéressant : dans le terme porneia, on retrouve l'argument selon lequel on ne peut se livrer à deux cultes (cf précédents épisodes, ici puis ). Si les deux membres d'un couple n'ont pas la même finalité de sanctification, ils ne peuvent être mariés

-> Donc la question se pose : dans quelle mesure peut-on se marier chrétiennement avec quelqu'un qui ne partage pas notre foi ?

C'est un cas que Paul va détailler alors. Car on en revient toujours au drame du village savoyard : "Ok, mariez-vous, ça va vous sanctifier", dit St Paul. "C'est sympa de ta part de nous dire ça mais on est toujours dix, dont ma sœur, ma nièce, et deux cousines, la seule gonzesse libre de notre église a 70 berges", répond le chrétien de Corinthe. "Et je fais comment moi pour me marier, mec ?" 

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14/01/2014

Stéréotype de Genre, caricature de Sexe.

La défense de notre identité doit-elle passer par la défense de ses stéréotypes, dans un monde ou désormais stéréotype signifie caricature ?

StereotypeDuGenre-21.png

Cet article s'adresse en premier lieu à ceux qui n'ont pas tiqué en voyant cette affiche, en particulier ceux qui l'ont laissé paraître (pour les autres, respirez, il parait que c'est de l'humour).

Outre le fait que ce slogan est ridicule, je suis vraiment convaincue qu'on se trompe de débat en se fixant sur la défense des stéréotypes. En effet notre identité sexuelle ne dépend d'aucun stéréotype ; si on ne rappelle pas cela, si on focalise le débat sur ces stéréotypes, on sera à la merci du relativisme qui a présidé à la naissance de cette théorie. En effet, par essence, le stéréotype est mouvant et relatif.

A quoi sert le stéréotype ?

Larousse : "l'expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché" ou "la caractérisation symbolique et schématique d'un groupe qui s'appuie sur des attentes et des jugements de routine".

Pour les psychologues sociaux, le stéréotype est une croyance collective et non pas une réalité concrète (sauf si vous considérez qu'une croyance est concrète). Les stéréotypes sont des "croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, […] les traits de personnalité, […] les comportements, d’un groupe de personnes" (Leyens).

Bref, c'est le mot poli pour dire cliché... un genre de catégorisation fantasmée que l'on peut calculer à partir du recueil des déclarations d'une population donnée au sujet d'une catégorie de personnes. Personne ne peut se reconnaître dans un stéréotype à moins d'être une caricature incarnée ! On ne peut donc pas se prévaloir d'un stéréotype puisqu'on n'est jamais propriétaire des stéréotypes qui nous sont accolés. 

Le concept de stéréotypes de genre a été inventé par les idéologues du genre !

Et ils en sont du coup les premiers défenseurs, en étant les créateurs. Paradoxal, mais logique. Pourquoi ? Parce qu'ils en ont BESOIN de ces $£*#&]" de stéréotypes ! En effet si l'identité d'homme et de femme se réfère à des stéréotypes (et non pas à la biologie par exemple) alors cette identité est superficielle et relative et on peut la changer

Bien-sûr, je ne suis pas d'accord avec cette théorie. Réfléchissez, combien de petits garçons ont joué à la poupée et sont devenus des hommes, des vrais, et combien de gamines en rose paillettes se sont vues offrir des montagnes de barbies pour finalement devenir ces femmes testostéronée que la société veut nous vendre ?

Ce n'est pas le fond du débat...

Un homme et une femme ce n'est pas la même chose, c'est vrai. Mais pas à cause d'un stéréotype. A cause de leur vocation différente et d'une biologie différente. Et c'est là, la vraie raison qui fait que des garçons qui ont joué à la poupée deviennent des hommes, des vrais, pendant que des little miss sunshine deviennent des féminators.

Parce que dans un cas, les parents se souciaient des stéréotypes comme d'une guigne, mais ont appris à leurs enfants la beauté de leur vocation d'homme et de femme. La protection des faibles, l'accueil de la vie, le don de soi à l'autre. Leurs enfants ont appris à respecter leur corps, à ne pas se polluer à coup de pornographie, de pilules ou de préservatifs. Ils ont appris à respecter l'autre, à le protéger, à grandir ensemble plutôt qu'à se casser la gueule ensemble, ou comme le disait moins prosaïquement Guy de Larigaudie, parce qu'ils ont appris à être, "les uns pour les autres une source, non de fautes, mais d'enrichissement". Ils ne se sont pas entendus dire "sors couvert" mais "conduis-toi bien". 

Alors que la petite fille en rose s'est vue offrir des barbies à 5 ans, du rouge à lèvre à 10, et la pilule à 15. Hyper sexualisée depuis le plus jeune âge à coup de stéréotypes, justement, elle a appris que la féminité était quelque chose de superficiel, qui devait surtout rester en surface pour ne pas encombrer les profondeurs. Cette gamine a appris à séduire et non à aimer, à se détruire, en niant son identité à coup d'hormones de synthèses. Elle fait le métier qu'elle veut. Mais si elle offre un Action-Man à sa fille, c'est peut-être parce qu'elle aurait préféré qu'on l'éduque autrement. Elle a tort de réagir ainsi. Mais elle a raison sur un point. Les stéréotypes ne l'ont pas sauvée. Au contraire. Ils ont participé à faire d'elle une caricature de femme, et non une femme.

Lutter contre le gender ?

On ne va pas rendre nos enfants malheureux en les obligeant à jouer à ce qu'ils n'aiment pas, bien-sûr. Et je ne dis pas non plus qu'il est bon de détruire leurs repères. Mais en donnant tant d'importance à cette branche du débat, nous nous placerions sur le même terrain que ceux que nous voulons convaincre et nous leur donnerions des armes contre nous.

Si on veut lutter contre le genre, mieux vaut plutôt défendre la VOCATION COMPLÉMENTAIRE de l'homme et de la femme et le RESPECT DE LEUR CORPS (ça, c'est pas du stéréotype, c'est de la BIOLOGIE) et on tapera juste. 

Notre identité n'est pas superficielle et ne dépend d'aucun stéréotype. De ce fait elle transcende les cultures et les époques. Inquiétons-nous donc de la pornographie, de la contraception et tout ce qui perturbe le fonctionnement normal du corps humain, de la sexualisation précoce des enfants, de la pénalisation financière des femmes au foyer, de la propagande LGBT. Mais par pitié, ne donnons pas dans la défense des clichés ; on en ferait un beau.

J'espère vivement que cette affiche, qui circule beaucoup chez les antis-LMPT, va rapidement être remaniée. "Pas touche à mes jouets" par exemple conviendrait certainement mieux que "pas touche à nos stéréotypes !!"

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04/01/2014

Tomboy à l'affiche ! Témoignage

Témoignage d'un ancien "Tomboy" qui n'est pas devenue un homme en grandissant - ce qui, par les temps qui courent, est très anticonformiste.

J'ai conscience que ce témoignage pourrait soulever des questions, mais je pense que par les temps qui courent, il pourrait aussi en intéresser plus d'un !

Bonjour, j'ai 28 ans et j'ai passé 15 ans de ma vie à l'état de Tomboy, et c'était cool.

Quand j'étais petite, je voulais être un garçon. Je le voulais très fort. Disons de 5 ans, l'âge où j'ai compris qu'il y avait des différences de comportements entre les garçons et les filles, jusqu'à l'âge de 20 ans environ.

Je suis l'aînée d'une famille catho. Mais à l'époque, on ne parlait pas trop de la "théorie du genre" et lorsque mes parents me voyaient déguisés en garçon, ils pensaient à Claude dans le Club des Cinq et non aux cliniques pour les enfants transgenre. D'ailleurs, à la question "est-ce que tu veux changer de sexe ou qu'on achète un chien", j'aurais été très embêtée pour répondre.

Bizarre dès la maternelle

Mes premiers vrais souvenirs, bien construits, remontent à la moyenne section de maternelle quand j'ai commencé l'école. J'étais déjà disons... turbulente. Nous faisions un jeu qui consistait à quitter la cour de récréation des petits et à s'enfuir dans le parc de l'école, interdit aux élèves. Le goût de l'interdit, la montée d'adrénaline, tout cela augurait une enfance agitée...

A cinq ans, je passais du temps à lire pour mes camarades qui ne savaient pas encore bien déchiffrer. J'aimais les histoires de chevalier, je m'imaginais Robin des Bois, ou encore Peter Pan. Je rêvais de cabanes dans les arbres et de combats épiques. Mais mon imagination débordante entraînait aussi mes camarades, tous des garçons, à des jeux plus violents. Un jour, avec trois copains, nous avons fabriqué des épées avec un jeu de construction (des barres en plastique avec des trous que nous pouvions boulonner les unes sur les autres). On a fait "un pour tous, tous pour un" et on a commencé à se taper dessus en poussant de sauvages hurlements. Sur ce la maîtresse arrive, nous attrape et nous sépare en criant je ne sais plus quoi, et nous envoie chacun à un coin de la classe. Je ne sais plus ce qu'elle m'a dit exactement, mais c'est à ce moment là que j'ai compris qu'on attendait un comportement différent de la part des filles : plus raisonnable, moins agité. Et c'est à ce moment là que je me suis dit que j'aurais mieux fait d'être né dans le corps d'un garçon.

Les filles c'est nul !

A la fin du trimestre, j'ai sauté une classe et je me suis retrouvée en CP. Il n'y avait que des filles dans mon école. Je suis devenue un peu le bébé de tout le monde. Mes copains de grande section me manquaient, et je m'ennuyais beaucoup en classe. D'abord, j'étais plus avancée que les autres. Ensuite, je trouvais mes petites camarades chiantes au possible. Dans la cour de récré, on ne jouait plus à s'attaquer ou à braver l'interdit. Les filles jouaient à l'élastique et moi, je faisais "poteau". Pour ne pas rester seule, j'essayais toujours de trouver un groupe de deux filles avec qui faire poteau.

Exclusion

On jouait aussi aux gentilles et aux méchantes, mais je n'aimais pas ce jeu. Les méchantes étaient des filles de la classe dont on disait qu'elles déshabillaient les gentilles quand elles les attrapaient. Je les trouvais vraiment méchantes et elles me faisaient peur. En plus on ne pouvait pas vraiment se défendre : si on leur donnait un coup de poing dans le nez ou un coup de pied, elles allaient le dire à la maîtresse. Je me souviens encore du nom et du visage de plusieurs de ces filles qui ont été le cauchemar de mon primaire.

J'ai souffert des autres pendant cette période. Les filles, à mes yeux, n'avaient aucune parole d'honneur. On ne pouvait pas compter sur elles. Pendant un voyage de classe, l'une de ces chipies avait répandu du sel dans le lit d'une autre et m'avait ensuite accusée. La maîtresse est rentrée dans la douche pendant que je me lavais, et m'en avait fait sortir en me grondant. Je n'étais pas spécialement pudique en famille, mais cette intrusion m'a beaucoup heurtée, surtout pour m'accuser d'un crime que je n'avais pas commis. Je n'ai jamais attaqué dans le dos, moi. Si j'avais un truc à dire, je le faisais en public, et si l'autre voulait se battre, pas de problème ! On réglerait ça dans le sang ! Lorsqu'on m'attaquait comme ça, je ne savais pas me défendre. J'étais complètement démunie et je me faisais punir. J'ai compris à quel point le monde est injuste.

Un jour, d'autres filles ont glissé un rouleau de scotch avec d'autres petites affaires dans le creux d'un arbre, avec un papier signé de mon nom. Une fois de plus, il s'agissait de me faire accuser. Là encore, j'ai été punie.

Pour survivre, je trouvais des filles plus grandes que moi et je fondais un clan secret à la vie à la mort (le type 6 dans l'ennéagramme)

Il y avait des malentendus permanent avec les filles de mon âge. Une anecdote : tous les trimestres, on présentait des fiches de lecture dans la classe. Les miennes, c'était systématiquement des signes de piste. Un jour (en quatrième) une fille me demande :

- Pourquoi tu présentes toujours des histoires avec que des garçons ?
- Parce que j'aime bien les garçons à cet âge.
Toute la classe a explosé de rire. La prof de français, qui était loin d'être stupide, a lancé avec sarcasme :
- Inutile de prendre votre cas pour une généralité, laissez votre camarade vous expliquer.
J'ai expliqué comme j'ai pu, mais ça n'a pas fait cesser les ricanements. La fois suivante, je leur ai présenté "La Forêt qui n'en finit pas"*. Voilà pour leur gueule !

Le scoutisme était mon lieu d'épanouissement n°1. J'étais aux Europes, pas avec ces fillettes de sufettes (oui, je sais, c'est méchant...). Nous on faisait dans le mytho! Un de mes camps c'est très mal passé ceci dit, parce que j'étais une patrouille de guidettes (maquillage et 0 pointé en grand jeu...) et que j'ai souffert de leur rejet à tel point que j'avais demandé aux parents  de venir me chercher. J'ai fini le camp dans la tente de copines d'une autre patrouille, aussi royalo-péchu que moi. C'était des filles, mais elles étaient ok. 

Les bêtises

Je me faisais toujours gronder aussi pour les jeux turbulents voire dangereux que j'inventais : bataille de feuilles, courses sur les pierres, combat de boxe... Pour impressionner les fillettes de la classe un jour, j'ai escaladé l'escalier de l'autre côté de la rampe. La maîtresse m'a retenu avant que je ne sois trop haute et je me suis pris le savon de ma vie !!

A la maison, je me lâchais. J'avais décrété une fois pour toute que j'étais mieux réussie comme garçon que comme fille. Il fallait se rendre à l'évidence : j'aimais les cabanes, les bagarres, le foot, l'escalade de tout obstacle un peu haut (arbres, murs, balcons, toits...). Au début du collège, avec mes cousins, nous avons fondé une armée dont j'étais bien-sûr un des généraux (il n'y avait que des officiers ou presque dans notre armée). Nous passions nos vacances à fabriquer des armes, construire des cabanes dans les ronces ou dans les arbres, organiser des concours sportifs entre les enfants (piscine, courses, combats...) et à jouer à la petite guerre. Avec le temps, c'est devenu plus spectaculaire ; fumigènes, catapultes... Nous avons obtenu le droit de dormir dans nos cabanes, de faire des randonnées au loin. Je me battais souvent avec mes frères ou même mes cousins. Mes frères étaient plus jeunes : mais je me souviens avoir pris un coup dans le nez de la part d'un de mes cousins qui m'a presque assommé. Avec d'autres cousins ou des amis du voisinage, on jetait des pétards pour effrayer les petits, on allait explorer des maisons, on cambriolait parfois (je me souviens des cannes à pêche de ma voisine), on faisait du feu pour cuire des saucisses, on fabriquait des bombes à eau spectaculaires. J'avais un flingue à bille avec lequel traumatiser les petits du primaire. On avait un club terroriste à l'école. Je cherchais tout le temps des trésors, des fantômes et des souterrains.

Dieu s'est trompé de sexe en me créant

La première fois que j'ai entendu le terme "garçon manqué", j'étais à un voyage de classe. On visitait un château fort. Les filles posaient des questions inintéressantes: qu'est ce qu'on mangeait à l'époque, comment les gens s'habillaient, les belles robes que les femmes mettaient... Je lève la main et je demande :
- Est-ce qu'on peut visiter des souterrains ?
La guide me regarde et s'exclame :
- Vous disiez qu'il n'y a que des filles, mais il y a un petit garçon dans votre classe !
- Non non, elle c'est une fille.
La maîtresse avait dit cela d'un air un peu dégoûté, comme si j'étais moins qu'un fille. La guide est venue près de moi en voyant mon désarroi, et pour me consoler, elle m'a expliqué :
- Excuse-moi, mais c'est la première fois qu'une fille me pose ce genre de question. D'habitude c'est toujours les garçons... Mais tu sais, ce n'est pas grave du tout d'être garçon-manqué, c'est très mignon! Tu es un très mignon petit garçon-manqué. 

C'était en CM1, j'avais 8 ans. J'ai compris ce jour là qu'en fait, j'aurais dû être un garçon. Ça expliquait tout. J'avais un corps de fille, mais j'étais un garçon à l'intérieur. J'ai complètement décomplexé, et je me suis même mise à mépriser un peu les autres filles. J'ai décrété, une fois pour toute, qu'elles étaient bêtes.

J'insistais de plus en plus pour qu'on me coupe les cheveux courts, pour mettre des vêtements de garçons. Je faisais un blocage total sur les robes puis les jupes. Il fallait me supplier pour que j'en mette et je pouvais même piquer des colères terribles quand on m'y forçait. Je voulais ressembler à un garçon et j'y arrivais assez bien.

Jusqu'à 20 ans, je rêvais très souvent qu'un matin, je m'étais transformé en garçon. D'un seul coup, tout le monde se mettait à me respecter. Je n'osais pas trop raconter ce rêve. J'étais toujours dans un collège de fille, et les filles se seraient moqué de moi. S'il y avait eu une opération, j'aurais supplié les parents de me l'offrir.

Je suis un garçon

Durant mon enfance et mon adolescence, il est arrivé fréquemment qu'on me prenne pour un garçon.

Au collège, j'étais inscrite à la chorale. En apprenant que j'étais une fille, avant un concert, une camarade s'est exclamée: "c'est pas vrai ! Je croyais trop que tu étais un garçon ! Je voulais même sortir avec toi !" J'ai pensé en moi-même que je l'avais échappée belle, mais j'étais flattée en même temps !!!

Au pèlerinage de Chartres, un garçon de mon âge (14 ans) avait parlé des heures avec moi de ski, de basket... Il s'était lancé dans une description de grand jeu scout et j'avais lâché :
- Ouais, moi un jour aux guides...
- Quoi, t'es une fille ?
- Ben... oui... Pourquoi ?
- Zut, depuis tout à l'heure je te parles comme si t'étais un mec !
- Oh ! Bah c'est pas grave, je m'en étais pas rendu compte.
On avait rigolé et repris notre conversation. Bien-sûr, je l'avais senti, mais là encore j'étais assez fière.

C'est arrivé encore à 15 ans, aux sports d'hiver, alors que je skiais avec mon frère. Nous skiions seuls, c'était la première fois qu'on n'était pas inscrit en compète. Nous avions rejoint une piste fermée en faisant du hors piste. En surplomb, deux autres jeunes nous regardaient :
- T'as vu par où ils sont passé les deux mecs !!

Mon heure de gloire.

J'adorais le ski (j'adore toujours) parce qu'il n'y avait plus ni homme ni femme une fois la combinaison enfilée. Seul le talent compte. Et l'audace. J'aimais (j'aime) l'adrénaline, ce moment où, lancé à pleine vitesse, on sait qu'une chute peut-être fatale (et on repense à sa dernière confession ^^). Les moniteurs de compète disaient que je skiais comme un homme (même qu'ils pensaient toujours que j'allais tout remporter, et au final j'étais tellement stressée au moment d'y aller que j'avais juste le bronze :S). J'ai appris que Carole Montillet aussi skiait comme un homme. La grande classe, quoi.

Loyauté

Je ne voulais pas mentir, ce que je voulais par dessus tout, c'est que les garçons m'intègrent dans leur bande, dans leurs jeux. Qu'ils me jugent à leur hauteur, digne d'être leur ami. En amitié, avec les garçons comme avec les filles, j'étais quelqu'un de loyal et d'exigeant (je pense toujours l'être). J'avais des amies filles, mais qui avaient la même conception de l'amitié que moi et qui se moquaient bien de maquillage. On jouait aux billes et à cache-cache pour lutter contre la mentalité sac-à-main.

Je n'ai JAMAIS menti sur mon identité (sauf lorsque j'étais le chef masqué et anonyme d'un groupe terroriste bien-sûr, mais est-ce que ça compte ?). Mentir, c'est tromper l'autre. Je ne voulais pas qu'une fille tombe amoureuse de moi. Si une bande de garçons me prenaient pour un autre garçon, cela pouvait avoir son utilité le temps qu'ils acceptent mon comportement et qu'ils m'intègrent. Mais j'avais une conception de l'amitié et de l'honneur qui me faisait rétablir la vérité dès que j'avais la preuve qu'il y avait malentendu. Je voulais être quelqu'un de loyal, de sûr, l'homme de confiance, quoi. J'ai trop souffert des mensonges et des petites mesquineries des filles pour en faire autant. Je me reconnais à 100% dans le personnage de Claudine Dorsel dans le Club des Cinq ; comme elle, je faisais tout comme un garçon, comme elle, j'aurais préféré l'être, comme elle je ne mentais jamais. Comme elle aussi, je ne voulais pas grandir, comme elle j'aurais préféré vivre à l'âge adulte seule dans mon île avec mon chien.

Syndrome de Peter-Pan

Grandir me terrorisait. J'en faisais des crises d'angoisse dès que j'y pensais. J'ai accueilli comme un soulagement le redoublement du CM2, et j'ai pu sympathiser avec des filles plus jeunes, qui partageaient donc plus mes centres d'intérêt. Mais la puberté a été quand même terrible pour cette raison. Je ne voulais surtout pas devenir comme ces femmes que je connaissais. Surtout comme ma mère. J'avais l'impression qu'elle vivait sa maternité comme une source de frustration, à l'époque. S'il fallait grandir, je voulais garder le goût de l'aventure, le plaisir du jeu. Un peu comme un homme, me disais-je. Je voulais être militaire, pilote de chasse, parce que c'était à mes yeux le truc le plus enivrant qu'on puisse faire. Ma vue, qui s'est détériorée, ne m'a pas permis de perdurer dans cette ambition.

A partir de 14 ans, je me suis progressivement volontairement coupée des jeunes de mon âge, jusqu'à finir dans un isolement complet en prépa. J'étais devenue une fille repliée sur elle-même, asociale, complexée, effrayée de tout. J'ai aussi développé une terreur de tout ce qui est administratif.

Devenir femme

On ne naît peut-être pas femme, mais quand on est de sexe féminin, on le devient fatalement un jour ou l'autre. C'est juste que ça peut se passer plus ou moins bien en fonction du contexte. Pour moi, c'était très progressif et peut-être plus long que pour mes congénères, mais relativement simple.

Premiers amours

A l'adolescence, j'ai commencé à regarder les films autrement. Je craquais pour les acteurs, mais au lieu de m'imaginer vivre une histoire très romantique avec eux, je m'imaginais dans leur peau, je m'imaginais eux. C'est un peu bizarre, mais je pense quand même que c'était bien du craquage adolescent.

Je n'ai pas été vraiment amoureuse avant 21 ans bien tassé ; j'étais en Afrique pour un an, j'ai rencontré un gars que je trouvais génial, je parlais tout le temps de lui. Une amie m'a demandé :
- Mais qu'est ce qu'il t'a fait pour que tu penses sans arrêt à lui ? Tu es amoureuse ou quoi ?
C'est à ce moment que j'ai compris ce que c'était qu'être amoureux. Mais j'avais pris beaucoup de retard sur les jeunes de mon âge, et je vivais ce sentiment dans l'instantanéité de l'émotion subie, comme à 13 ans. J'étais une copine très chiante. Outre le fait que j'étais catholique ^^, j'étais accaparante au possible, complètement dans la dépendance affective à laquelle je me laissais aller, prise dans la griserie de ce phénomène nouveau. J'avais enfin l'impression que le Bon Dieu s'était pas totalement planté en me faisant. Ça s'est terminé en queue de poisson. Je lui ai mis un premier râteau-PAM et quelques mois plus tard, il a fini par renoncer à venir en France. Je pense que je l'avais juste trop gavé. Je n'ai été amoureuse qu'une autre fois depuis, il y a quelques années, de manière moins "épique" ; j'ai acquis de la méfiance...

La prière

J'ai pris conscience progressivement que, si j'étais effectivement une femme et que c'était pour le meilleur, il y avait des blessures bien profondes. La prière m'a beaucoup aidé. Il y a un peu plus de deux ans, dans un groupe de prière chacha (je n'étais pas du tout dans le trip, mais c'était en bas de chez moi et j'étais au chômage et complètement désespérée), un copain a proposé de prier pour moi. J'étais au pied d'une statue de St Joseph. J'ai dit oui. Peut-être que j'allais avoir l'intuition géniale de la boite dans laquelle je devais postuler pour trouver le job de mes rêves? Grosse déception : il n'a pas du tout prié pour le taff du siècle. Il m'a confié à la Vierge Marie, pour qu'elle guérisse les blessures liées à ma sexualité, et qu'elle m'apprenne à être fille, épouse et mère. Comme c'était un bon petit gars, un peu coinços, le genre à devenir tout rouge quand on évoque vaguement des trucs de fille, j'ai pris ça au sérieux. En plus je l'avais rencontré après l'Afrique et il ne savait pas à quel point je n'étais pas une fille ordinaire avant. C'est ainsi que j'ai commencé à chercher la guérison auprès de la Vierge Marie et de Saint Joseph.

Sur la théorie du "Genre"

Il y a eu beaucoup de chemin parcouru depuis. Je peux dire maintenant que je suis une femme, heureuse de l'être ; j'espère même l'être plus encore avec le temps. Mais je ne regrette rien de mon caractère, de mes goûts, des jeux qui ont marqué mon enfance et mon adolescence. J'étais une fille turbulente, imaginative, imprudente, et de ce fait souvent rejetée par les filles et acceptée par les garçons. J'espère devenir quelqu'un de combatif, de créatif et d'audacieux. Mes parents n'ont pas essayé de blesser ma nature ; dans une famille nombreuse, les filles jouent aux petites voitures et les garçons demandent des poupées pour Noël (et pendant un temps on voulait tous des playmobiles ce qui réglait la question). C'est l'avantage des familles nombreuses. Mes parents n'ont pas balisé quand je jouais au chef de bande, il n'ont pas non plus balisé quand mon frère a demandé une poupée. C'est idiot, de penser qu'un garçon qui joue à la poupée deviendra une femme dans un corps d'homme, et réciproquement. Un garçon qui veut une poupée pour Noël deviendra un papa affectueux et voilà tout. Et les mecs comme ça, je trouve ça super craquant (d'ailleurs toutes les filles trouvent ça craquant, un jeune homme beau gosse qui fait un câlin à un bébé). Une fille qui joue à la guerre inventera des jeux formidables pour ses enfants !!! Et j'espère vraiment qu'un gars bien va aussi trouver ça craquant un jour.

Chers parents...

A 18 ans, on m'aurait proposé une opération pour me transformer en homme, j'aurais signé tout de suite et ça aurait été la pire erreur de ma vie. J'aurais peut-être pu attendre 50 ans avant de le comprendre, mais heureusement je l'ai su plus tôt. Alors honnêtement, parents, ne transformez pas vos filles en garçons et vos garçons en filles. Apprenez leur plutôt à s'aimer comme ils sont, avec leurs goûts, leurs aptitudes, leur caractère. Parce qu'un garçon ne deviendra pas une femme et réciproquement. Notre âme n'habite pas notre corps comme on conduit un tracteur. Notre corps est tout autant notre identité que notre âme. Nous ne faisons qu'un. Notre nature est de toute façon blessée depuis les origines ; mais il n'y a pas d'erreur sur la personne. Chacune de nos cellules, même bombardée d'hormones, reste marquée par notre féminité ou notre masculinité. Apprenez-leur aussi à être honnête avec ce qu'ils sont, tout ce qu'ils sont. Pas seulement leur esprit au détriment de leur corps ou l'inverse. Apprenez-leur à être honnête avec le monde. A être conscient de leur blessure plutôt qu'à les nier, à aller chercher la guérison plutôt qu'à fuir la souffrance.

C'est comme ça qu'on devient quelqu'un de bien.

* La forêt qui n'en finit pas, un Signe de Piste dont les héros sont des filles signé Jean-Louis Foncine.

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