17/04/2011
Piss Christ : à qui profite le "crime" ?
Le Piss Christ a été aujourd'hui défoncé à coup de masse et de marteau par un groupe d'hommes d'une vingtaine d'années, entrés comme simples visiteurs dans le Musée d'Avignon où l'"oeuvre" était exposée.
On ne versera pas de larmes cette perte pour le patrimoine artistique. Signalons également que les Catholiques en général et en particulier se sont montrés assez désolés de cet outrage fait au Christ. "Devant le côté odieux de ce cliché qui bafoue l'image du Christ sur la croix, cœur de notre foi chrétienne, je me dois de réagir. Toute atteinte à notre foi nous blesse, devant le côté odieux de ce cliché tout croyant est atteint au plus profond de sa foi", annonçait Mgr Cattenoz, évêque d'Avignon, dans un communiqué. La pétition a reçu 80 000 signatures et une manifestation hier rassemblait un millier de participants environ.
Et aujourd'hui, on nous apprends que la photographie a été détruite. "Ils auraient pénétré dans la Collection Lambert en payant leur entrée, comme de simples visiteurs. Puis, le visage découvert, ils ont détruit la protection en verre et sont venus à bout de celle en plexiglas avec des masses et des marteaux avant de s’en prendre au « Piss Christ ». Une bombe peinture aurait également été utilisée par les individus. Ils ont quitté le musée aux cris de « Vive Dieu ! vive Dieu ! ». Une altercation aurait eu lieu avec le service d’ordre, rapidement débordé. Quelques coups auraient même été échangés. Aucune interpellation n’a pour l’instant eu lieu," nous apprend le site Nouvelles de France.
Curieux quand même.
D'autant plus curieux que nous sommes aujourd'hui le dimanche des Rameaux, au début de la Semaine Sainte, période idéale pour casser du dos sur le sucre des chrétiens.
D'autant plus curieux que ça tombe à pic pour conforter les artistes dans leur sentiment d'être des martyrs de l'Art.
D'autant plus curieux que cela tombe à pic aussi pour diviser l'Eglise, désolidariser les plus modérés des actions pourtant non-violentes entreprises par les plus actifs.
D'autant plus curieux que cela tombe à pic, tout simplement, pour décridibiliser aux yeux de l'opinion publique toutes les protestations qui se sont élevées de part et d'autre, de la part de catholiques choqués, et on le comprends, de voir insulté, bafoué, méprisé, le Sacrifice qui nous a sauvés.
Y'a un truc. On n'a pas beaucoup réfléchi, en tout cas. Un coup de tête. Si je n'étais pas certaine de la sincérité de ces jeunes, et de leur bonne foi, je me serais dit que l'artiste lui-même, apparemment enclin à la mégalomanie - d'ailleurs, réaliser une telle photographie dénote une candidature au pseudo martyr de bon ton - avait monté un canular. D'après mes sources, ce n'est pas le cas.
Le diviseur s'y entend pour susciter des entreprises hasardeuses dont les conséquences seront à mesurer. Rappelons les principes de la guerre juste tels que détaillés dans le Catéchisme :
Pour être licite, l'usage de la force doit répondre à :
- ce que le dommage infligé par l'agresseur soit durable, grave et certain,
- ce que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces,
- ce que soient réunies les conditions sérieuses de succès,
- ce que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer.
J'ai de sérieux doutes. Le premier principe était peut-être là : le blasphème est assez évident. Le second, et bien... il y avait quand même des progrès : et il était encore trop tôt pour détailler les conséquences de la manifestation de la veille. Le troisième : la photo est détruite. Les jeunes vont probablement encourir les foudres de la justice, mais demain tout le monde verra t-il cette merde - ah pardon, on m'informe que c'est du pipi - sur les écran de télévision et en première page des journaux ? Auquel cas la victoire ressemblera étrangement à une défaite. Ce qui donne aussi une idée de la réalité du quatrième principe. Nous verrons bien, mais je ne parierai pas sur la mansuétude de l'opinion publique pour un tour de force qui, contrairement aux manifestations et pétitions classiques et légales, risque de choquer.
Bonne Semaine Sainte, et n'oubliez pas : après Vendredi Saint, c'est Pâques.
Publié dans Cité, Dieu | Commentaires (2) | Facebook | | | Isabelle
Commentaires
de quel crime parlez vous ?
Ce collectif d'artistes a réalisé une oeuvre d'art génialissime.
S'ils vendent des photos, j'achète illico !
Et je fais une expo avec.
Écrit par : roro | 17/04/2011
Il y avait sûrement des caméras de surveillance. Je suggère donc un film au festival de Cannes.
Ça s'appellerait "Blasphème (contre l'art contemporain), une œuvre subversive". J'avoue et c'est sincère qu'il y a un bon potentiel derrière. Mais c'est aux auteurs de revendiquer leur acte comme tel, et on pourra peut-être effectivement gérer positivement les retombées médiatiques.
Crime entre guillemets, ça veut bien dire qu'il n'y a pas eu mort d'homme... Un mec s'est pris trois mois dans les gencives pour avoir pissé sur le Coran. La question que je me pose est la suivante : au tribunal, sera-ce le catholicisme ou l'art contemporain qui sera reconnu contre religion ? Si c'est l'art contemporain, comme je le crois (comment, pas une religion ?) la seule défense qu'il reste à ces jeunes est d'élever leur action au rang de "performance" artistique. Au point où on en est, ils goberont peut-être ça. Et en plus on rigolerait bien.
Écrit par : Isabelle | 17/04/2011
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