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18/01/2009

Récupération : Le dernier voyage des voitures

Le véhicule hors service peut encore avoir son utilité et même connaître une seconde vie.

Trois ou quatre mécaniciens s’affairent autour de la voiture, capot ouvert et moteur apparent. Nous sommes à la casse de Mvog-Ada. Ici, la spécialité est l’électricité mécanique. Plus loin, des ferrailleurs rachètent aux enfants du quartier les pièces dont plus personne ne veut. Ailleurs, on retape portières et capots pour les remonter sur d’autres véhicules. Rien ne se perd, tout se transforme, telle pourrait être la devise des gens de la Casse. " Une véritable organisation ", explique Monsieur Okoro, ancien chef de la Casse. Dépecée, la carcasse, la " coque ", est récupérée par la Communauté urbaine de Yaoundé, à moins que son état ne permette d’en faire encore quelque chose.

Mais lorsque la voiture est emportée vers son dernier repos, les gens de la Casse ont déjà retiré tout ce qui pouvait être utilisé. " On rachète le véhicule à son ancien propriétaire, souvent des véhicules accidentés", indique Casimir Mbok-Mbok, patron d’un atelier à Mvog-Ada. " Une carcasse, on la paye environ 200 000 F Cfa. On récupère ce qu’on peut, et si la coque est encore bonne, on complète ". En bref, il s’agit, avec plusieurs véhicules hors service, d’en refaire un neuf. Portières, capot, vitres, moteur, roues et pneus, banquettes, le squelette est peu à peu mis à nu.

Dernière étape du processus, les ferrailleurs trient les morceaux rejetés et mettent de côté ce qui pourra être recyclé. Ces métaux seront récupérés par les entreprises oeuvrant dans le secteur du bâtiment, principales intéressées par ce type de matériaux. Un syndicat de représentants travaillant en collaboration avec la Cuy se charge de surveiller que le travail se fait conformément à la légalité.

Ce recyclage de l’automobile qui ne tient plus la route permet d’éviter de trouver trop souvent ces mêmes véhicules abandonnés au bord du chemin, en état de décomposition plus ou moins avancé dans les hautes herbes, sur un terrain vague à servir de jeu aux enfants du quartier. Mais le transport de la carcasse pose problème : un véhicule encore en bon état peut justifier un effort pour le déplacer. Mais quid du cadavre qui ne vaut plus tripette ? En effet, même à la fin du processus de dépeçage, il peut rester un résidu dont on ne saura quoi faire : coque d’une voiture accidentée, dont le métal ne peut être recyclé, ou que la rouille a trop attaqué…

Il n’est pas rare dès lors de voir, dans certains quartier de la ville, une épave de voiture échouée dans un fossé, épave pillée sur place puis livrée à la rouille plusieurs mois avant que quelqu’un ne se décide à payer pour s’en débarrasser. Car si la salubrité est un des premiers soucis de la Cuy, il faut néanmoins 10 000 F Cfa pour qu’un camion vienne emporter la carcasse.

Finalement, c’est dans des lieux comme on en trouve sur la route de Soa où à la laverie municipale que les restes du véhicule peuvent reposer en paix, en attentant qu’une idée géniale la nature de cette encombrante pollution. D’ailleurs, le sait-on souvent : une boîte de conserve peut mettre un siècle à se décomposer, une canette en aluminium deux, un sac plastique quatre et une bouteille de verre met… 4.000 ans avant de se dégrader ! Alors une voiture…

Publié le 1 août 2007 dans Mutations

Publié dans Cameroun | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

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