18/01/2009
Formation : Frémissement dans les inscriptions à l’étranger
Les universités occidentales sont les plus sollicitées par les jeunes bacheliers alors que les moins fortunés se tournent vers des campus africains.
Un jeune homme attend à la sortie du Centre pour les études en France, situé au consulat de France à Yaoundé sa mère achève de discuter. Maintenant, c’est presque sur, l’université de Nancy lui ouvrira ses portes à la rentrée prochaine. Son oncle, médecin pédiatre là-bas, attend de pied ferme le rejeton de la famille. Le voyage s’annonce sous de bons auspices ; pourtant, ce garçon timide qui souhaite devenir ingénieur en informatique et télécom a l’air anxieux. " C’est la première fois que je quitte la maison. Et puis, je m’inquiète de ce qui m’attend… " Sera-t-il à la hauteur ? Il a pourtant mis tous les atouts de son côté, suivant cette année des cours particulier qui doivent le préparer à affronter l’univers (hostile ?) universitaire. Pour la maman, femme de caractère, pas question de lâcher le fiston comme ça dans la nature. L’oncle, médecin pédiatre, a une position sociale respectable à Nancy ? Ce sera Nancy. Le garçon regrette un peu l’Allemagne… Rien à voir avec cette étudiante en droit de vingt ans : " Les voyages forment la jeunesse ", lance-t-elle. Elle compte sur un grand frère pour la piloter, mais pas question de se laisser chapeauter !
A cette période de l’année, on a passé le cap de l’orientation : les étudiants ayant franchi cet obstacle sont dans l’attente de leur visa, et nous les retrouvons assis sur les bancs des consulats, attendant que leur nom sorte. Ils vont étudier en Allemagne, en France, en Italie, aux Etats-Unis ou au Canada, mais aussi au Maroc, au Sénégal, en Afrique du Sud. Ils quittent famille et amis pour partir parfois là ou personne ne les attend. Leur motivation ? Obtenir un diplôme valorisant, telle est leur première réponse. Trouver ailleurs de meilleures conditions d’enseignement : une future étudiante à Valencienne dénonce par exemple " le cumul des fonctions des professeurs, leur manque de disponibilité. De nombreux cours ont sauté en fin d’année ".
Dans cette quête d’un système faisant la part belle à la méritocratie, ils se tournent souvent vers de grandes écoles ou universités réputées, qu’ils ont découvertes sur la Toile, par des amis, ou encore grâce aux conseillers d’orientation de leur établissement ou des structures étrangères adaptées, que l’on trouve par exemple au British Council et au Centre culturel français.
Les choix ne se portent pas tous vers l’occident. Profitant des opportunités et souvent pour des raisons financières, ils sont nombreux parmi ces jeunes voyageurs à ne pas quitter le continent. Ils se dirigent dans ce cas principalement vers le Maroc, l’Afrique du Sud ou les pays d’Afrique de l’Ouest, ciblant des formations précises. C’est le cas de cette jeune informaticienne, qui a obtenu son diplôme dans une école burkinabé de réputation internationale, l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE).
Casse-tête
Elle savait qu’avec les bourses que lui procuraient le DAAD allemand et l’Etat français, ses parents n’auraient pas à supporter la charge de ses études à l’étranger. Avec le recul, elle juge maintenant ce type de voyage formateur : changer d’horizon, quitter la famille, devoir ne compter que sur soi… Si cela permet d’acquérir assurance et maturité, elle juge néanmoins à la lumière du comportement de camarades de l’école que " certains risquent de se perdre; il faut partir dans de bonnes conditions ".
Obtenir le financement de leurs études, tel est l’autre casse tête auquel se trouvent confrontés les candidats au voyage d’étude. Le financement intégral par les familles accroît le risque de pression sur le jeune pour qu’il cherche sur place un emploi, parfois au détriment des études, de façon à rentabiliser l’investissement réalisé.
La responsabilité du remboursement incombe à l’étudiant, lequel n’a pas forcément les moyens ni même l’envie de prolonger son séjour à l’étranger pour profiter d’un emploi rémunérateur. Les étudiants se tournent donc vers les bourses, et cherchent à limiter les coûts du voyage. "Bien sûr, le Canada serait génial " confie ce bachelier du lycée Leclerc (Yaoundé). " Mais ce n’est pas la peine d’en parler à mes parents. Si je pars, c’est en Allemagne ou mon oncle peut m’accueillir. " Il ne faut pas rêver. Les étudiants ont appris à s’autocensurer, adaptant leurs désirs à leurs possibilités. Mais malgré les conseils, les grandes villes ou la vie est trépidante et… chère fascinent. Paris, Londres, Berlin… New York, Montréal. Le consulat britannique annonce clairement la couleur : la vie à Londres coûte 12,5% de plus que la vie en province.
Publié le 30 juillet dans Mutations
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