16/01/2015
Pourquoi les parisiens sont peu accueillants ? Le potentiel de potitude en maths.
Nous ne pouvons être amis avec la terre entière. Chacun a une limite de personnes avec qui développer des relations suivies. On ne parle pas de la grande amitié à la Chateaubriand, mais plutôt de ce qu'on nommera des potes.
X : on appellera X, le nombre de personnes maximum avec qui je peux être pote en même temps. X reste globalement stable, même s'il peut évoluer lentement au cours de ma vie (on n'a pas le même nombre de potes enfant, étudiant, parent, retraité...).
Y : appelons Y le nombre de potes effectifs à un instant t. Y évolue plus rapidement que X. Il existe un écart plus ou moins important entre X et Y : je n'atteins pas nécessairement mon maximum, puisqu'il existe un turn over de personnes avec qui j'entretiens de relations suivies. Cet écart est égal à (X-Y).
Si X > Y, je peux me faire de nouveaux potes. Si Y > X, la potitude va être réduite, en quantité ou en qualité... X-Y est le nombre de places maximum qu'il reste dans mon carnet d'adresse pote.
Z : appelons maintenant Z le nombre de personnes qui croisent mon chemin au cours d'un mois, et parmi lesquels je choisis mes potes.
R : Votre potentiel de potitude sera donc égal à :
R = (X-Y) / Z
Vous commencez à saisir : plus Z est important et X-Y sera faible, plus R sera faible. C'est-à-dire : plus je croise de personnes, plus le pourcentage des gens avec qui je garde contact est faible. Or c'est ce ratio qui indique notre potentiel de vous faire de nouveaux potes.
Prenons exemple :
Disons que je peux entretenir des relations régulières avec 20 personnes à la fois à raison d'une rencontre personnelle par mois. Donc X = 20.
Disons que j'ai effectivement 15 potes ce mois-ci. Donc Y = 15
Il me reste de la place pour 20 - 15 potes, donc 5. En bref, potentiellement, je peux me faire 5 nouveaux potes ce mois-ci.
- Mais si j'habite un petit village, durant ce mois, je rencontrerais 5 nouvelles personnes.
Donc mon potentiel de potitude sera défini par l'équation suivante :
R = (20 - 15) / 5 = 5/5 = 1 = 100%
Dans ma vie, il y a de la place pour que toutes les personnes que je rencontre deviennent des amis (après, ça dépend aussi d'elles et des potentielles antipathies).
- En revanche, si j'habite une grande ville et que je sors beaucoup, je rencontrerais par exemple 200 personnes. Mon potentiel de potitude sera défini par l'équation suivante :
R = (20 - 15) / 200 = 5/200 =2,5%
Dans ma vie, il n'y aura de place que pour 2,5% des personnes que j'aurais croisées. Il est certains qu'à moins de détester tout le monde, le jeu des antipathies ne m'empêchera pas d'atteindre mon maximum. Autrement dit, ce mois-ci, 97,5% des personnes que je vais croiser vont être jetées.
Comment augmenter son potentiel de potitude ?
En fait, si je reste sur un rythme de grande ville et mondanité, je suis presque en permanence à mon maximum. D'où la difficulté à se faire de nouveaux potes. Pour augmenter cette possibilité, je vais agir sur plusieurs facteurs :
- rencontrer moins de monde. Je peux sortir tout autant, seulement, dans les soirées, je ne parle qu'aux gens que je connais déjà.
- accélérer le turn over des potes. Au lieu d'être amis 5 à 6 ans avec quelqu'un, voire plus, je ne "garde" les relations que quelques mois avant d'en changer.
- réduire la fréquence des relations avec mes potes. L'indicateur X, qui est le nombre de personnes maximum avec qui je peux entretenir des relations suivies avec régularité, peut en fait se développer en l'équation suivante : P (nombre de personnes) multipliée par F (fréquence avec laquelle je les vois). X reste fixe. Donc, pour augmenter le nombre de personnes, je dois diminuer la fréquence à laquelle je les vois. Au lieu de voir une amie toutes les semaines, je peux ne la voir qu'une fois par mois ; ça multiplie par 4 le nombre de personnes que je peux voir sur ce rythme !
Les conséquences sociales possibles de cette loi :
- La qualité des relations en pâtit. Je vois mes amis moins souvent, je suis moins disponible pour eux.
- Je n'approfondis pas les relations, ne gardant pas le contact plus de quelques mois au lieu de quelques années.
- Etant toujours à mon maximum ou presque, je rencontre moins de nouvelles personnes.
Et voilà pourquoi si vous êtes à Paris...
... vous avez en règle général au moins 90% de chance de vous faire jeter en arrivant, y compris par les personnes que vous connaissiez avant. Le nouveau venu du fond de sa province risque de trouver les débuts difficiles...
... vous allez mettre vachement plus de temps que la moyenne à trouver l'âme sœur.
... les parisiens réagissent très mal quand on force leur amitié. Ils sont déjà à leur maximum de Potitude ! C'est très dur d'avoir plus de potes qu'on ne peut supporter, de fonctionner en surrégime en permanence. Ils font de leur mieux, pardonnez-leur !
Et c'était la minute Barney Stinson !! Merci d'avoir suivi !
Publié dans Mortuus Ridendo Suum, Société | Commentaires (2) | Facebook | | | Isabelle
Commentaires
Billet prochain : pourquoi Paris est-elle blindée de célibataires qui le restent ? :)
Écrit par : Incarnare | 16/01/2015
Lol Incarnare !
Je pense que tous les éléments sont déjà présents dans la démonstration. Pour faire THE rencontre, il faut prendre le temps de la rencontre ! En l'occurrence, dans les grandes villes, on ne la prend pas. Manque une disponibilité du cœur. On ne remplit pas un pot qui est déjà plein. Il y a des voix qu'on ne peut entendre que dans le silence ; et à Paris le vacarme ne cesse jamais.
Je serais heureuse d'avoir votre recette pour trouver le silence sans quitter la grande ville dans laquelle j'ai du boulot ;-)
Écrit par : Hermine Babel | 20/01/2015
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