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28/04/2014

La République, l'idolâtrie et le Respect...

Le "Respect des Valeurs Républicaines" a connu de beaux jours récemment; manifestations spontanées non déclarées, élections perdues malgré le front républicain, idées "nauséabondes" qui se répandraient dans la population. Il va de paire, nous explique-t-on en cours d'ECJS, avec le "respect des institutions".

Il y a longtemps, certains de mes profs étaient cathos et ne le cachaient pas trop. L'encadrement du lycée était assuré par une congrégation religieuse, dont on peut penser qu'à priori, les membres sont ouvertement catholiques également. Et pourtant, on me l'a ressassé un certain nombre de fois, le "respect des institutions". 

Ne pas respecter les institutions est devenu un péché, en témoigne le tweet accusateur trouvé ce matin, au sujet de  : "@PrintempsFrance alors vous dans le genre "chrétienne quand ça vous arrange"..." Sur le blog de Philippe Ariño je trouvais la réflexion suivante : "Nous avons la trouille d’exposer ouvertement ce que nous pensons, ce contre quoi nous nous battons. Nous sommes tétanisés à l’idée de prononcer la phrase « JE SUIS OPPOSÉ À LA LOI TAUBIRA »."

C'est vrai, ô combien, hélas. Mais pourquoi? Parce que c'est à l'intérieur de notre esprit qu'est la censure! Nous sommes convaincus nous-même qu'il existerait des sortes de dogmes à respecter absolument, comprenant un ordre de priorité absolu; des valeurs propriétés d'institutions du coup sacralisées. Même les chrétiens les plus libres d'esprits, qui remplacent la Tolérance par le Respect, tombent dans le piège facilement (et moi la première).

En effet qui doit-on, chrétiennement, respecter? Et qu'est ce que le respect?
Le Larousse.fr donne trois définitions :

- Sentiment de considération envers quelqu'un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards : Manquer de respect à quelqu'un.
- Sentiment de vénération envers ce qui est considéré comme sacré : Le respect des morts.
- Considération que l'on a pour certaines choses : Le respect de la parole donnée.

"Avec tout le respect que je dois à votre fonction..."

Ce début de phrase sous-entendrait que certaines fonctions sont éminemment respectables.

- La charge morale est un objet de considération; dès lors qu'une fonction implique de grandes responsabilités, la personne qui occupe cette fonction a en effet droit à des égards en raison du poids de sa charge, peu importe la forme concrète que prend cette charge : monarque, président, intendant...
- En revanche, il n'est pas nécessaire de vénérer la forme particulière que prend cette charge. Une fonction se décline selon un système de gouvernement. Inutile de vénérer ce système, certains de nos voisins ont opté pour d'autres systèmes de gouvernements et ne s'en portent pas plus mal. Inutile, par ailleurs, de vénérer d'autres système de gouvernements; la décadence et les erreurs de gouvernance concernent toutes civilisations, quel que soit le régime. Pour un chrétien, placer une institution -or l'Eglise- comme absolu intégral par rapport auquel nous nous situerions est une forme d'idolâtrie.

"Veuillez croire, monsieur le Président..."

Dans cette formule connue, il semblerait que là où la fonction est honorée, c'est la personne qui est méprisée. En bref: je respecterais la fonction de Président de la République, mais je ne respecterais pas François Hollande. Les derniers Papes ont assez insisté sur la dignité inaliénable de la personne humaine pour que le plus chèche-mèche-tradition, s'il a vraiment la Foi, se sente obligé de respecter Hollande et sa clique (ainsi que mon voisin de pallier et l'embryon qui grandit dans le sein de sa mère). Ici, on va même au-delà de la simple "considération". Plus que de respect, il s'agit de Charité: regarder l'autre avec le regard du Christ, se découvrir son Prochain, prier pour le Salut de son âme et espérer de tout cœur passer l'éternité ensemble. Si vous n'espérez pas passer l'éternité avec Caroline Fourest ou "Chri-chri", c'est qu'il y a un problème (et comme disaient les antifas aux soirées Veilleurs lilloises, "retournez dans vos confessionnals" - quoi, on dit des chacaux ?).

Plutôt donc que d'écrire "Avec tout le respect que je dois à votre fonction, veuillez croire, Monsieur le Président de la République...", je devrais dire : "Avec tout l'amour que j'essaie d'avoir pour votre personne et respectueuse de l'importance des responsabilités qui sont les vôtres, veuillez croire à mon entière désapprobation concernant votre comportement vos actions et vos décisions, et on-ne-lâche-rien-jamais-jamais-jamais."

Mourir pour des valeurs...

En effet, si on doit le respect pour les fonctions de pouvoir et la charité pour les hommes qui occupent ces charges, respect ne se confond pas avec Tolérance absolue:
- Il est TOUJOURS possible de s'opposer aux actions et aux comportements que l'on considère comme injustes et foncièrement mauvais. Surtout si ces actions ont une incidence sur toute la communauté. 
- Il est TOUJOURS possible de contester la forme que prend la charge. Par exemple, on peut contester que la République soit, à un moment donné de l'histoire d'un pays, le meilleurs régime possible. Cela n'est pas manquer de respect à la fonction présidentielle, mais simplement émettre l'idée que la charge du pouvoir pourrait s'exercer sur une autre forme, peut-être plus adaptée.

Rappelons-nous qu'il n'existe pas de lois humaines immuables; que les civilisations sont éphémères par nature; que les valeurs ne sont la propriété de personne ni d'aucune institution. Que je peux donc être pour la liberté, l'égalité, ou la fraternité sans pour autant être républicaine. Si ces lois, ces civilisations, ces institutions cessent d'être au service de l'humanité, elles n'ont plus aucun sens "en soi". Elles ne peuvent donc être considérées comme un absolu, puisqu'elles sont relatives à leur mission de servir l'homme. Il y a en effet plus d'absolu et de grandeur dans une personne humaine que dans tous les grands mots à majuscule écrits sur les frontons de nos bâtiments officiels, et c'est cet absolu là que les institutions doivent servir.L'inverse est une forme d'idolâtrie.

Alors, quid de ceux qui donnent leur vie pour des "valeurs"? C'est beau, et cela révèle générosité vraiment admirable. Mais, en passant, une petite réflexion: aux yeux du chrétien, l'Homme a plus de valeur que toutes nos valeurs; et c'est à l'aune de cette valeur que se mesurent toutes les valeurs. En effet ce ne sont pas pour des valeurs que des chrétiens donnent leur vie depuis 2000 ans, mais pour une personne; le Christ. Et Lui non plus n'a pas donné sa vie pour des valeurs, ni des institutions, ni des fonctions. 

Il l'a donnée pour toi.

Publié dans Cité, Dieu | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

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