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30/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre IV (10/20)

Quel espoir y a-t-il...

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Pendant que se mènent de grandes batailles dans les terres des hommes, Sam et Frodon, nos deux hobbits, avancent vers le Mordor pour détruire l'anneau de Sauron. Leur quête est moins spectaculaire. Elle s'opère dans le silence, dans la discrétion. C'est pourtant d'elle que dépend la victoire, que ne peuvent espérer les hommes tant que l'anneau n'est pas détruit. Sur la route, les hobbits oscillent entre espoir pour eux-mêmes et désillusion. 

« A propos de la nourriture, dit Sam. Combien de temps ça va-t-il prendre pour accomplir le boulot ? Et quand il sera accompli, que fera-t-on ? Ce pain de route vous tient merveilleusement sur vos jambes, bien qu'il ne satisfasse pas convenablement le ventre, comme qui dirait : pas à mon sentiment, en tout cas, soit dit sans irrespect pour ceux qui l'ont fabriqué. Mais il faut en manger tous les jours, et ça ne pousse pas. Je calcule qu'on en a assez pour, mettons, trois semaines, en se serrant la ceinture et en ayant la dent légère, notez. On n'y a pas trop regardé jusqu’à présent. »

« Je ne sais pas combien de temps il nous faudra pour... pour achever, dit Frodon. Nous avons été malheureusement retenus dans les montagnes. Mais Samsagace Gamegie, mon cher Hobbit – en vérité, Sam, le plus cher des Hobbits, l'ami par excellence – je ne crois pas qu'il y ait lieu de penser à ce qui arrivera après. Accomplir le boulot, comme tu dis – quel espoir y a-t-il de jamais le faire ? Et si nous le faisons, qui sait ce qu'il en résultera ? Si l'Unique va dans le Feu, et que nous soyons à côté? Je te le demande, Sam, y a-t-il la moindre probabilité que nous ayons encore besoin de pain ? Je ne pense pas. Soigner nos membres pour qu'ils nous amènent jusqu’à la Montagne du Destin, voila tout ce que nous pouvons faire. Plus que moi je ne peux faire, commence-je à sentir. »

Livre IV, chapitre II, p 671

Même si l'anneau est détruit, quelles sont les chances qu'eux-mêmes en réchappent ? Frodon a perdu tout espoir pour lui-même. Il a renoncé à sa propre vie. Sam s'y accroche encore. Nous pouvons nous laisser aller au désespoir. Lorsque cela arrive, inspirons-nous de Sam. Il ne se préoccupe pas de grandes choses ; le pain quotidien, un lieu pour dormir, de l'eau... Il est attaché à des choses qui paraissent triviales. Mais sans lui, Frodon se serait laissé mourir. Nous risquons des moments désagréables si nous continuons à veiller envers et contre tout. Nous risquons des moments plus désagréables encore si nous n'emportons avec nous ni nourriture ni boisson. Pour vaincre, il ne faut pas seulement se soucier de stratégie et d'objectif. Il faut aussi prendre soin de soi. C'est ainsi que nous tenons jusqu'à la victoire, et que nous nous laissons une chance d'y survivre.

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29/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre III (9/20)

Ne voulez-vous pas descendre ?

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Les renforts de Gandalf sont arrivés à temps, et d'autres renforts imprévus ont permis de remporter la bataille. Maintenant l'assiégeant est assiégés. Saroumane est prisonnier de sa tour, et les vainqueurs se rendent sous sa fenêtre pour parlementer. Gandalf le supplie ; car Saroumane n'a pas toujours été mauvais, et il faut croire en une rédemption possible.

(…) « Mais écoutez, Saroumane, pour la dernière fois ! Ne voulez-vous pas descendre ? L'Isengard s'est révélé moins puissant que votre espoir et votre imagination le faisaient. Il peut en aller de même d'autres choses dans lesquelles vous mettez encore votre confiance. Ne serait-il pas bon de l'abandonner un moment ? De vous tourner vers de nouveaux objets, peut-être ? Réfléchissez bien, Saroumane ! Ne voulez-vous pas descendre? »

Une ombre passa sur le visage de Saroumane ; puis ce visage prit une pâleur mortelle. Avant qu'il ne put la dissimuler, ils virent sous le masque l'angoisse d'un esprit dans le doute, ayant horreur de rester et redoutant de quitter son refuge. Il hésita une seconde, et chacun retint son souffle. Puis il parla, et sa voix était stridente et froide. L'orgueil et la haine le subjuguaient. 

« Veux-je descendre ? dit-il d'un ton de raillerie. Un homme désarmé descend-il parler dehors a des voleurs? Je vous entends assez bien d'ici. Je ne suis pas idiot, et je n'ai aucune confiance en vous, Gandalf. Les sauvages démons de la foret ne se tiennent pas ouvertement sur mon escalier, mais je sais où ils sont tapis, à vos ordres. »

« Les traîtres se méfient toujours, répondit Gandalf d'un ton las. Mais vous n'avez pas a craindre pour votre peau. Je ne désire pas vous tuer, ni vous faire de mal, comme vous le sauriez si vous me compreniez vraiment. Et j'ai le pouvoir de vous protéger. Je vous offre une dernière chance. Vous pouvez quitter Orthanc, libre – si vous le voulez. »

Livre II, chapitre X, p 627

« Dans les circonstances exceptionnelles, agissez de manière exceptionnelle », disait Kipling. Mais qu'il est difficile de changer sa façon de faire et de penser. Saroumane ne le peut pas. Et de nombreuses personnes, autour de nous, ne le peuvent pas non plus. Nous leur parlons avec la voix de la raison : il y a un an, vous pensiez que jamais les français ne se mobiliseraient massivement sur un sujet de société. Ne faut-il pas prendre en compte la nouvelle donne ? Mais beaucoup se rattachent encore aux vieilles alliances, aux vieilles logiques, et refusent de penser que nous pouvons pardonner, que ces vieilles allliances n'ont plus vraiment de sens à la lumière de ce nouveau contexte. D'autres, autour de nous, refusent même le dialogue, refusent une rencontre dans la paix, parce qu'ils ne croient pas que nous en soyons capables. Ils craignent le piège, le guet-apens. Et parfois nous ne pouvons rien faire contre leur aveuglement.

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28/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre III (8/20)

Je regardais pour voir l'aurore

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Le roi Théoden a enfin compris le danger dans lequel il se trouve. Il s'est décidé à affronter Saroumane. Mais n'est-il pas trop tard ? Acculée par les armées de Saroumane, l'armée du Rohan se replie dans le fort de Helm, et soutient le siège pendant toute une nuit. Gandalf, qui est parti juste avant que ne se referme le siège pour chercher des renforts, n'est pas revenu. Les pertes sont nombreuses, la défaite est certaine, et la nuit n'en finit pas. 

Enfin, Aragorn se tint au-dessus des grandes portes, insoucieux des traits de l'ennemi. Comme il observait, il vit le ciel pâlir à l'est. Il leva alors sa main vide, paume en dehors pour indiquer qu'il demandait à parlementer.

Les Orques poussèrent des vociférations et des huées. « Descendez ! Descendez ! crièrent-ils. Si vous voulez nous parler, descendez ! Amenez votre roi ! Nous sommes les combattants ourouk-hai. Nous irons le tirer de son trou, s'il ne vient pas. Amenez votre roi qui se dérobe ! »

« Le roi reste ou vient selon son bon plaisir », dit Aragorn.

« Alors que faites-vous ici ? demandèrent-ils. Pourquoi regardez-vous au-dehors ? Est-ce pour voir la grandeur de notre armée ? Nous, les combattants ourouk-hai. »

« Je regardais pour voir l'aurore », dit Aragorn.

« Qu'est ce que l'aurore a à faire là-dedans ? Crièrent-ils en se gaussant. Nous sommes les Ourouk-hai : nous ne cessons pas le combat en fonction de la nuit ou du jour, ni du beau temps ou de l’orage. Qu'a à faire l'aurore ? »

« Nul ne sait ce qu'apportera le nouveau jour, dit Aragorn. Partez, avant qu'il ne tourne à votre détriment. »

« Descendez, ou nous vous abattrons du mur, crièrent-ils. Ce ne sont pas là des pourparlers. Vous n'avez rien à dire. »

« J'ai encore à dire ceci, répondit Aragorn : aucun ennemi n'a encore pris Fort le Cor. Partez, ou aucun de vous ne sera épargné. Il ne restera pas un être vivant pour rappeler la nouvelle dans le Nord. Vous ne connaissez pas notre péril. »

Une telle puissance et une telle majesté se révélaient chez Aragorn, comme il se tenait là seul au-dessus des portes détruites devant l'armée de ses ennemis, que maints hommes sauvages s'arrêtèrent et tournèrent la tête pour observer la vallée, tandis que d'autres levaient un regard indécis vers le ciel. Mais les Orques rirent à gorge déployée ; et une grêle de flèches sifflèrent au-dessus du mur d'où Aragorn venait de sauter.

Il y eut un grondement et un éclair de feu. La voûte de la porte au-dessus de laquelle il se tenait un instant auparavant s'écroula au milieu de la fumée et de la poussière. La barricade fut dispersée comme par un coup de foudre. Aragorn courut à la tour du roi.

Mais au moment où la porte tombait et où les Orques poussaient les hurlements précédant la charge, un murmure comme un vent dans le lointain s'éleva derrière eux, qui ne tarda pas à devenir la clameur de nombreuses voix criant une étrange nouvelle dans l'aurore. Les Orques qui se trouvaient sur le rocher, entendant la rumeur de consternation, hésitèrent et regardèrent en arrière. Alors, soudain et terrible, sonna du haut de la tour le grand cor de Helm.

Livre III, chapitre VII, p 582-583

Voyez la confiance d'Aragorn. Il bluffe pour impressionner l'ennemi. Ou peut-être pour se convaincre lui-même ? Il garde la foi, et sa foi est payante. Il y a quelques mois, nous étions nombreux à dire « nous ne lâcherons rien, jamais ». Le pensions-nous vraiment ? Nous nous le sommes répétés pour mieux nous en convaincre nous-mêmes. Nous ne savions pas comment cela pourrait se faire. En disant cela, nous redisions notre confiance en l'Homme, en sa capacité à ne jamais abandonner un combat qui est juste, et qui en vaut la peine. Notre confiance a été payante. Car nous sommes là ce soir. Il y a quelques mois, lorsqu'un centaine de jeunes, à l'issue d'une manifestation, alors que la loi était sur le point d'être votée, s'installaient aux Invalides dans les cris, les pétards, les fumigènes, les violences et les gaz lachrymogènes, nous ne pensions pas réaliser ainsi ce vœu que nous avions formuler : nous ne lâcherons rien, jamais. Ils ne nous ont pas cru.

Veilleurs, nous sommes désormais au gouffre de Helm. Des hordes nous encerclent. Nous pourrions avoir peur. Ne craignons rien. Si nous tenons cette nuit, le soleil se lèvera sur notre victoire.

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27/06/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre III (7/20)

Le visage grimaçant de la vérité

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La communauté des neufs marcheurs s'est séparée. Frodon et Sam se rendent en Mordor seuls. Boromir est mort. Après une longue course pour délivrer Merry et Pippin des orques, Aragorn, Gimli et Legolas retrouvent Gandalf, qu'ils avaient cru morts. Le magicien les entraîne à Edoras, le château du roi Théoden, monarque d'un petit pays d’éleveurs de chevaux appelé. Théoden est sous l'emprise d'un allié de Sauron, Saroumane, qui a trahi Gandalf au début de cette histoire. Le roi n'est plus que l'ombre de lui-même quand Gandalf arrive avec ses trois compagnons. Aveuglés par les mensonges de Saroumane, il n'est plus capable de différencier amis d'ennemis, et il a fait mettre en prison son plus fidèle capitaine, Eomer, parce que celui-ci l'avertissait contre Saroumane. Gandalf intervient à temps, et libère le roi des enchantements en dénonçant le complot.

- J'ai une grande dette envers Eomer, dit Théoden. Cœur fidèle peut avoir langue obstinée.

- Dites aussi, ajouta Gandalf, que pour des yeux déformés la vérité peut porter un visage grimaçant.

- En vérité, les miens étaient presque aveuglés, dit Théoden. C'est à vous que je suis le plus redevable, mon hôte. Encore une fois, vous êtes arrivés à temps.

Livre III, Chapitre VI, p 563

Dans de nombreuses villes de province, nous avons le témoignage d'une haine à notre égard que rien ne justifie. Peut-être en avons-nous fait l'expérience. Ceux qui nous insultent sont profondément persuadés que nous sommes nous-mêmes haineux, violents, dangereux. Ce n'est pas de la mauvaise foi ; c'est une conviction intime. Nous avons souvent le sentiment de ne pas être vus, de ne pas être entendus. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce miroir que nous tend la société. Gandald a tout dit dans une phrase : pour des yeux déformés, la vérité a un visage grimaçant. Abreuvés de mensonge depuis des décennies, nos concitoyens sont nombreux à ne plus pouvoir voir cette vérité dont nous nous faisons les hérauts. La vérité console. Mais elle brule d'abord. Il nous faudra beaucoup de charité pour la transmettre.

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26/06/2013

St Paul 9 : Mon corps t'appartient

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Que le mari s'acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari. La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme. Ne vous refusez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; et de nouveau soyez ensemble, de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre incontinence. (1 Co 7, 3-5)

Lily Marshall.jpgIl existe plusieurs formes de réseaux de sanctification. L'Église, la paroisse, le couple marié et la famille en sont des exemples. Les deux formes de réseaux (marié et non marié) sont sanctifiés, mais pas de la même manière. Il est cependant impossible d'établir une hiérarchie : en effet, hiérarchiser ces réseaux entre eux serait oublier que ce qui les sanctifie, c'est le Christ et non le mérite personnel.

Dans le mariage, les devoirs à l'intérieur d'un réseau de sanctification, sont tous les mêmes : la prière, la charité... il ne s'agit de rien d'autre que des commandements donnés par Dieu. Par « devoir », Paul n'entend pas seulement le « devoir conjugal » (limité à la relation sexuelle) mais tout ce qui doit sanctifier son réseau. Contrairement aux religions de fécondité, mais aussi au judaïsme où elle est la Torah, la femme n'a pas seule le pouvoir de divinisation sur le réseau, et ne dispose – au sens de posséder le pouvoir – pas de son corps – au sens de réseau de sanctification. Mais pas plus l'homme seul : « la femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme ».

Bref, si tu es marié à l'Eglise, tu peux affirmer sans rire à ton époux-se : MON CORPS T'APPARTIENT. Et pour être plus exact, notre corps t'appartient. Et ça vaut pour les messieurs comme pour les dames.

Encore une fois, on note la réciproque habituelle utilisée par Saint Paul. Ici, cela signifie clairement qu'aucun des deux n'a le pouvoir de sanctification sur le réseau, mais ils se le partagent avec le Christ qu’ils sont l'un par l'autre. Si chacun est la sanctification de l'autre, il devient dangereux de se priver l'un de l'autre. C'est la conséquence de l'argumentation de St Paul. La privation ne peut être que temporaire, d'un commun accord, et uniquement destinée à la prière et la sanctification personnelle. Mais l'isolement ne peut durer, « de peur que Satan ne profite, pour vous tenter, de votre « akrasia/faiblesse ».

La leçon de vocabulaire :

Akrasia (ἀκρασία, grec ancien) - incontinence, faiblesse de volonté...

On a bien du mal à traduire le terme traduit souvent dans nos Bibles par incontinence. Mot à mot : 1) intempérie, rigueur intempestive, contre temps ; 2) manque de retenue, manque de maîtrise. L’abstinence devait être un risque dans la réalité corinthienne. 

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