11/06/2010
Comment j'ai inflitré les traditionalistes - (4/4)
7h00, 22 mai. Parvis de la Cathédrale Notre Dame de Chrétienté. Je retrouve quelques amis : Gégé, un jeune cathogeek en chemise et sa frangitude, Lionceau, un teenager en veste de treil, Ocelot, lunette de BG passées au col de son polo, Louve, Écureuil et Dauphin, dont les deux premières s'occuperont des chapitres enfants et la troisième marche avec nous. On est rentré à l'arrache dans la cathédrale pour la bénédiction de début. Évidemment, Skywalker a un peu de mal à suivre. Je m'étonne : il y a tant de nationalité que ça ? D'abord on s'exprime en polonais, maintenant en anglais, tout à l'heure en allemand et dans quelques minutes ça sera l'espagnol. Cascouille me les brise histoire de s'amuser (c'est dans sa nature) : « C'est pour ça qu'on va dire la messe en latin, p'tit mouton plein d'poils ! Au moins tout le monde pourra suivre »...
Alors une petite précision : je n'aime pas qu'on m'appelle p'tit mouton plein d'poils. Autre chose : je n'aime pas qu'on me prenne pour un crétin des Alpes. Du pays de Galles, à la limite. Enfin, étant en phase d'infiltration, je n'allais pas me vexer pour si peu : l'heure était grave.
Nous quittons la cathédrale sous le soleil. Dans l'allée, mes compagnons de voyage ont repéré notre chapitre. Croix rose et Lion de Flandre : c'est la Treille. Si je comprend bien l'organisation, le pèlerinage est divisé en région. Chacune se voit attribuée une couleur, par exemple le rose pour le Nord. Ces régions sont elles-mêmes divisées en chapitres, qui rassemblent les pèlerins par paroisse, par ville ou le cas échéant par troupe, compagnie, meute, clairière etc. Je m'y connais, j'ai déjà infiltré deux ou trois groupes scout dans les années précédentes, cette année je m'occupe d'une compagnie SUF (mais il ne faut pas le répéter, c'est un reportage top secret financé par la DDJS et les francs-maçons1).
Me voilà donc au milieu de ces tradis-bourrins-facho-mytho dopés à la testostérone et la graisse de rangos. Des gros bras, quoi, des mecs qui en ont, qui parlent latin et font cent bornes les doigts dans le pif. Je sens que je vais morfler, à les subir. Ça va être jugulaire, mes amis, p'tit doigt sur la couture du pantalon, au rapport à poil et des pompes si tu fais le malin. Et étant un mouton, je ne sais pas pomper. On me présente le chef de chapitre. J'en tremble déjà. Mauvais pour un mouton. Quand on a la tremblote, nous, on nous pique figurez-vous. Et là, destruction du mythe. Chute. Et de haut. Heureusement que je n'ai pas de rédac-chef, qu'est ce que je lui dirais ? Le chef de chapitre n'a pas de rangers, ni de youle, ni de treillis, ni de musette kaki, ni de testostérone d'ailleurs. Le chef de chapitre est... une femme. Une jeune fille pour être exact, et tout a fait charmante en plus. Et comme si ça ne suffisait pas, je constate rapidement que le sexe ratio est légèrement en faveur de la gente féminine dans ce chapitre – je dirais, 55 ou 60% de jeunes filles. J'y perd, en terme de ligne éditoriale, et – hélas – on ne fait pas un pèlerinage pour draguer.
Mes amis, ce sera le début d'une longue, longue, longue suite de déceptions cruelles.
Publié dans Les aventures d'Eddy | Commentaires (2) | Facebook | | | Isabelle
Commentaires
Bon début d'une longue marche ! Merci Eddy Prince de Geaies !
Écrit par : Clotilde | 15/06/2010
Bonjour,
je suis tombé de lien en lien par hasard sur ton blog et cette série de 3 posts sur un voyage avec des tradis et j'avoue que ça m'a bien fait rire surtout la grille de classification qui me rappelle l'esprit du livre les courants de mode expliqués aux parents sortis dans les années 80. Je ne suis pas chrétien mais j'ai connu et fréquenté un certain nombre de ces personnages et ton regard est très pertinent c'est tout à fait ça. Je me prenais à me dire qu'il serait amusant de sortir un opuscule avec différents "voyages" du même genre dans les différentes sphères du même type: les milieux donc tradi mais aussi d'extrême droite (j'avoue des fois ces deux là se recoupent), d'extrême gauche (ils font aussi très fort dans l'auto-ostracisation permanente), les "corporate" ces espèces de sectes souriantes du monde de l'entreprise, les milieux féministes et lgbt (alors là je connais lol y a à dire), ou encore le monde écologiste rempli de gentilles personnes qui te jettent au bûcher si t'as le malheur de prendre un toast de foie gras à noël... bref en effet ça ferait une belle internationale des casse couilles ;-)
Écrit par : Caton | 24/10/2011
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