16/11/2009
Voyage Un pèlerinage vers Jérusalem en 305 break... (4)
La route sans fin... quand le temps n'existe plus !
Nous sommes pris dans une machine à remonter le temps. Le catholicisme triomphant de Saint Pierre de Rome est loin. Déjà loin sont aussi les monastères grecs de Meteora. Nous marchons sur les pas de Saint Paul, de Marie, des premiers chrétiens. Nous commençons à perdre toute notion du temps.
En une semaine, le décor a bien changé. Nous avons rencontré en Grèce un paysage aride, parsemé de plantation d'oliviers... Après un bref passage à Istanbul, nous retrouvons ces collines brûlées par le soleil. Le bleu vert indéfinissable des oliviers ne nous quitte plus, alors que nous descendons vers Ephèse, ville où Marie vécut ses derniers jours. Les turcs sont accueillants, chaleureux, mais nous sentons à présent fortement le changement de civilisation. Au moment de la consécration, l'appel du muezzin s'élève au dehors... La présence chrétienne est visible, mais minoritaire. Les églises sont toujours entourées de murs, de grillages, et sont souvent fermées... Quel dommage, elles sont si belles ici ! Le XIXe siècle et son austérité ne sont jamais venu retirer les peintures qui ornaient les murs des chapelles de France autrefois. Ici,tout est enluminé, peint de faux marbres et de trompes-l'œil, de couleurs chatoyantes... A Sainte Sophie, difficile de savoir quelle culture a dépeint sur l'autre. Curieux de savoir que cet édifice, construit au VIe siècle, a inspiré la construction de nos cathédrales !
A Istanbul, nous faisons des rencontres : chez les dominicains, deux autres aventuriers, Gabriel et Pierre-Yves, dont le premier continue avec sa Dyane jusqu'en Sibérie. A Bromonti, un quartier d'Istanbul, nous sommes accueilli par les petites sœurs des pauvres, qui y tiennent une maison de retraite. Ici, tout est ordre et beauté, disait le poète... La maison accueille beaucoup de Levantins, c'est à dire des européens, grecs, italiens, roumains... qui se sont installés en Turquie et n'en sont jamais revenus. On parle un peu français dans les couloirs, on nous salue avec plaisir dans la langue de Molière. Les quelques sœurs, tout en blanc, nous traitent comme des hôtes de marque. Nous en sommes un peu confus ! Serge, un résident de 87 ans, nous fait visiter « sa » maison. « Ici tout ceux qui peuvent ont un rôle. Moi, je tiens l'accueil le vendredi... » explique t-il. Même dérisoire, ce rôle est une façon de se sentir encore plus chez eux dans cette auberge espagnole pour personnes âgées. Nous y sommes si bien que nous peinons à repartir... Mais la route nous attend ! Nous emportons les intentions de prières de la maison en descendant vers le sud. Le paysage est devenu plus aride encore.
Les oliviers et les abricotiers s'espacent. Les collines sont aussi plus escarpées. A la maison de Marie à Ephèse, les guêpes assaillent les pèlerins de toutes origines. Nous sommes marqués par l'humilité du lieu : une simple chapelle en pierre dans le silence de la montagne. L'eau de la source est fraiche. Du paysage alentour, rien n'a du beaucoup changer en 2000 ans. Y avait-il déjà des guêpes, quand elle venait chercher l'eau à la source ? J'aime à penser que oui...
Le bon plan
Crevaison
Crever un pneu sur la voie rapide à 20 km de Denizli et à 100 m d'une station essence... On a du mal à le croire mais c'est effectivement un bon plan ! Une fois la roue changée (en un quart d'heure, peut faire mieux), nous allons rencontrer le vendeur de pneus pour vérifier la pression, que la chaleur a du modifier, et acheter une nouvelle roue, histoire d'en avoir toujours deux en réserve. En 10 mn et 25 TL (Lires Turques) voilà chose faite... Juste le temps qu'il fallait à la femme du vendeur pour nous préparer le thé et les cerises ! Nous nous y attardons une demi heure au final, partageons speculos et prunes et prenons une photo pour marquer l'aventure !
La galère de la semaine
Circuler à Istanbul...
Quelques règles simples de circulation : un feu ici ne se grille pas, en raison de la potentielle présence de radar. Il a fallu s'habituer, après la Grèce... Ensuite, au volant, on s'occupe de ce qui se passe devant. Derrière, c'est le problème des autres. Vous voulez aller à droite ? Imposez vous, ou c'est peine perdue. Le bus est toujours prioritaire. Le piéton n'est jamais prioritaire. D'autre part, l'usage du klaxon est conseillé. Il est possible de voir quelqu'un faire demi tour sur l'autoroute, mais l'action est fortement déconseillée pour qui n'a pas des nerfs d'acier. Enfin, attention : certaines voies rapides ne mènent nulle part. Si vous ne voyez personne dessus, méfiez-vous ! Soyons honnête : sortis de leur voiture, les Turcs sont aussi hospitalier qu'ils sont mauvais conducteurs, ce qui n'est pas peu dire !
Au compteur de la 305 break
A point
En dix jours, Grèce et Turquie ont défilée sous nos roues. Nous arrivons en Grèce dimanche 12 juillet au matin, et quittons la Turquie le 21 au soir. Au total, près de 2500 km. Les deux conducteurs (j'ai échoué à obtenir le permis deux mois avant le départ) se relaient souvent, et dorment à l'arrière à tour de rôle, à l'abri du pare soleil. Cuisson des voyageurs : à point. Un bon 35°C à 10 h.
Articles publiés dans Croix du Nord du 10 au 16 juillet 2009
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