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21/04/2009

L'Islam serait-il insoluble dans la France ?

Les français d'origine musulmane n'hésitent plus à attaquer en justice s'ils se sentent discriminés.

Cette petite phrase d'apparence anodine, au coeur d'un article laissant la part belle à la tolérance, me laisse songeuse, depuis ce matin.

20070810fraterniteinside.jpgJe connaissais les "français musulmans", mais les "français d'origine musulmane", ça me fait bien rigoler. A ma connaissance, on pouvait être français d'origine chinoise, hongroise, algérienne ou malienne... mais l'Islam, c'est une religion, pas une région.

images-1.jpegDes "français musulmans" aux "français d'origine musulmane", le symbole d'une évolution curieuse des mentalités - je me comprends. Par "français musulman", on entend français et musulman, les deux identités n'étant pas antinomique. Par "français d'origine musulmane", on pourrait entendre que l'Islam n'est pas d'origine française... Ou que la France n'est pas, à l'origine, une terre d'Islam.

Un lapsus qui ne signifie sans doute rien de la part de l'auteur de l'article, dont le compte-rendu est par ailleurs un modèle de neutralité.

Publié dans Cité | Commentaires (3) |  Facebook | | | Isabelle

Commentaires

Le moraliste d'origine italienne Rivarol a écrit ceci : "Mon pays, c'est ma langue.", ce qui va dans le sens du journaliste que vous critiquez pour faire de la religion une "patrie".

Il y a d'ailleurs dans la religion laïque une idée similaire qui consiste à penser que si le monde entier parlait la même langue (laïque, bien sûr), il n'y aurait plus qu'une seule patrie et la paix règnerait.

Il me semble que quand on veut faire preuve d'esprit concret comme vous paraissez, on doit aussi souligner qu'il n'y a pas un islam unique, mais des tas de religions islamiques parfois très différentes. Les querelles fréquentes entre catholiques, récemment entre lefèbvristes et progressistes rappellent assez d'ailleurs qu'en ce qui concerne le catholicisme, c'est la même chose, il regroupe des "idées de Dieu" très différentes, parfois opposées.

Pour prendre un exemple radical et précis : bien que je sois catholique, la théologie de Benoît XVI ne m'intéresse quasiment pas, elle ne m'intéresse qu'en tant qu'elle 'reflète' l'époque ; tandis qu'Aristote ou Averroès, Avicenne, pour prendre des exemples en dehors du catholicisme, m'ont beaucoup appris.

Là où je veux en venir, c'est qu'il n'y a qu'au plan 'médiatique', au plan du langage, que la religion, islamique, chrétienne ou laïque, islamique, peut être considérée comme un ensemble de principes communs invariables, quasiment une marque ou une étiquette, conception assez peu compatible avec le baptême dynamique dans l'Esprit. C'est seulement au plan de l'amour ou de la charité que la religion peut être universelle, au plan 'immédiat' et non 'médiat', au stade le l'accomplissement et non de la simple déclaration de bonne intention.

On peut soupçonner légitimement la religion laïque (ensemble de principes communs dans le domaine moral, philosophique ou scientifique), religion éminement médiatique et très récemment née, comme elle a relativement peu évolué depuis sa naissance, de prêter aux autres religions ses propres caractéristiques, son côté "déclaratif".

Que l'islam soit soluble ou pas dans la France est une question qui ne se pose qu'à condition d'avoir des préjugés "nationalistes". A un catholique communiste comme moi, par exemple, elle apparaît comme étant complètement 'journalistique' et dénuée d'intérêt. Une chose est sûre, c'est que parmi les religions islamiques il en existe certaines qui admettent volontiers, les sunnites en particulier, le principe nationaliste, ce qui constitue peut-être un motif d'entente (ou de dispute ?) avec des patriotes français pour savoir s'il faut ajouter -ou pas- un croissant de lune sur le drapeau français compte tenu du principe républicain d'égalité ou de proportionnalité.

Écrit par : Lapinos | 21/04/2009

Ce n'est plus un commentaire, c'est une dissertation ! Mais un retour pour le moins intéressant... Je vais répondre point par point :

Je ne critique qu'en apparence l'auteur de ces mots coupables : en fait, ma réaction a été plutôt de l'amusement que de la consternation. D'une part parce que l'expression "d'origine musulmane" semble entrer en opposition avec la position du journaliste qui raconte le sujet à travers le regard d'une de ces françaises "d'origine musulmane". D'autre part parce que le terme, en effet, peut signifier beaucoup. J'ai réagi un peu à chaud, ce matin : à la réflexion, le terme me pose une autre question : "ah bon, elle n'est plus musulmane maintenant ?" Voilà la question qu'on peut légitimement se poser à la lecture de ce terme, sorti de son contexte. Mais dans le contexte, il prend une autre signification, celle dont je parlais ce matin.

La citation de Rivarol me rappelle que l'Islam possède une lange sacrée, qui est l'arabe coranique. Si ma religion c'est ma lange et que ma langue c'est mon pays, on peut en conclure effectivement qu'une religion (les principales ont toutes ou presque une langue sacrée - la religion laïque, qui veut décidément tout copier des autres, s'en chercherait-elle une ?) sont bien des pays au sens noble du terme.

Dans ce cas là, "français" est quoi ? Ravalé au simple rang de nationalité ? Pourrait-on dire "un chrétien d'origine française", "un musulman d'origine marocaine", ou un mélange des deux au choix. Curieux mélange des genres ! Mais la question mérite d'être posée.

En ce qui concerne l'existence de différentes religions islamiques, tout comme on connaît différentes religions chrétiennes ou hébraïques etc., j'approuve la réflexion. Et cela en rajoute à mon amusement de ce matin. Sans doute que, par les termes "français musulmans" (plutôt péjoratif), "français de confession musulmane" (plutôt neutre), "français d'origine musulmane" (qui peut être soit très péjoratif soit très vite écrit dans la perspective d'un bouclage imminent), on désigne justement, sans forcément en être conscient, différents "types" d'Islam ? C'est une piste de réflexion, non une réponse.

Le terme "journalistique" employé pour décrire mon titre est fort bien trouvé. Si j'en suis à donner à mes papiers des titres journalistiques, me voilà effectivement tombée bien bas ! Plus sérieusement : si le ton était un peu provoquant, c'était volontaire. S'il fait 'journalistique', nous mettrons ça ou sur le compte d'une déformation professionnelle, ou d'un petit 'foutage' de gueule à l'égard des médias.
L'un étant parfaitement soluble dans l'autre !

Écrit par : Isabelle | 21/04/2009

Pire qu'une dissertation, je crois que j'ai entamé une véritable conférence de salle de rédaction.

La population française vieillit et elle a de plus en plus tendance à étiquetter "musulman" tout ce qui est jeune et fait un peu trop de bruit à son goût.

Écrit par : Lapinos | 22/04/2009

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