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01/07/2010

Les Petites Soeurs de l’Agneau à Béthune : un ordre mendiant peut-il connaître la crise ?

p15_petitessoeurs2.JPGMgr Jeager, évêque d’Arras, bênissait l’autel et le Petit Monastère mardi 29 juin, devant les nombreux amis de la communauté.

Ils viennent de toute la région, parfois de plus loin. Des vieux, des jeunes, des parents avec leurs enfants. Des prêtres, de Lille et d’ailleurs, des scouts, des religieux... Mgr Jaeger se déplace, ce mardi 29 juin, pour bênir l’autel de la chapelle du Petit Monastère de Béthune.
Cette inauguration officielle met fin à sept mois d’un labeur « pas comme les autres » que commence la messe, à 18 h 30, il y a bien quatre ou cinq cents assistants sous le soleil... Ce qui fait de cette journée un événement ? « C’est leur monastère », explique Petite Soeur Esther-Marie. « Ce qui est bouleversant, c’est de voir la Providence de Dieu à l’oeuvre. Toute l’aide nécessaire qui nous est parvenue en si peu de temps ! C’est l’espérance pour beaucoup de gens de voir qu’aujourd’hui, ce projet était possible », témoigne la religieuse. Le chantier a été expédié en seulement sept mois.

Pas de superflu

Les six Petites Soeurs de l’Agneau vivent dans leur Petit Monastère depuis Noël 2009. Une chapelle, quelques pièces communes, réfectoire et cuisine, et des cellules individuelles : le nécessaire, sans le moindre élément superflu. Le dépouillement de la vie monastique élevé en exemple. Dans ce quartier très simple, les Petites Soeurs de l’Agneau, une communauté reconnue par la famille dominicaine en 1983, trouvent un lieu d’intercession. Au milieu de la ville, une ancienne ferme, que des laïcs de la Communauté de l’Agneau retapent. Une cour intérieure, une chapelle, une cloche qui appelle à la prière - ou au calme, aujourd’hui ! Car le silence peine à revenir avant le début de la pièce de théâtre présentée par les Petits Frères et Soeurs de l’Agneau. De là, on entend aussi, de temps en temps, les « locataires », de la prison voisine se parler de cellule en cellule. Deux d’entre eux, grace au concours des services sociaux de la prison, ont même participé à la construction du Petit Monastère. Ils sont loin d’être les seuls. Les aides ont afflué de partout : aides financières, qui ont permis de faire appel à une entreprise pour le gros travail, apport matériel, de briques, de bois, de ciment... et aide humaine : des Equipes Notre Dame Jeunes, du MEJ, des chrétiens en monde rural... C’est le cas de Marie Laure Leclerq, cheftaine au groupe SUF Baudouin IV de Béthune, qui a participé activement à la fondation du monastère. Comme ses camarades, elle s’affaire aujourd’hui à l’organisation. « Les louveteaux et les jeanettes ne sont pas trop venus. Mais les guides, les éclaireurs et les chefs ont énormément travaillé à ce projet », témoigne la jeune fille. « A mes heures libres je faisais des meubles à partir de bois de récupération... et avec mon frère on a aussi fait de la peinture ». Elle s’écarte bientôt pour servir le dessert.

p11_appels_bethune.JPG« On mange ce qu'on reçoit »

Les Petites Soeurs de l’Agneau commencent à être connues dans le quartier. Tous les jours, à midi, elles partent deux par deux en mission, sonner aux portes des particuliers. « On ne mange que ce qu’on reçoit, c’est Jésus qui nous envoie », explique une des Petites Soeurs. Elles se dispersent dans tous les quartiers, surtout les plus pauvres, évitant de sonner deux fois à la même porte. Elles assurent recevoir un très bon accueil dans le quartier. Témoin ce voisin, qui est venu chaque jour avec sa caisse à outil pendant quelques semaines. L’Ordre, qui rassemble des Petites Soeurs et des Petits Frères et s’entoure de laïcs, est à la fois contemplatif et mendiant. Frère Jean-Claude, co-fondateur de l’ordre, raconte ainsi sa rencontre avec Soeur Marie, qui sera à l’origine de l’Ordre. « On s’est rendu compte qu’on était dans la même attente de la prière. La mendicité, c’était dans la logique même de l’Evangile ». L’idée d’un ordre mendiant germe alors dans l’esprit des deux religieux. Mgr Jaeger témoigne lui aussi de la nature humble du Petit Monastère, inauguré en la solennité de Saint Pierre et Saint Paul. Une fête qui rappelle la mission. Une fête qui rappelle aussi la fondation même de l’Eglise, « dans la mort et la résurrection du Christ. Et à tout jamais, Sa force est en Sa faiblesse ». Mgr Jeager ajoute, après avoir béni chaque pièce : « ce monastère n’est pas seulement petit parce qu’un évêque ne peut franchir les portes avec sa mitre... Il est aussi symbole du renoncement des apôtres, des fidèles et finalement de l’Eglise. » Les soeurs n’ont pas de quoi loger les gens de passage. Mais elles reçoivent beaucoup de visiteurs qui viennent prierou confier une intention de prière... La joie des soeurs est contagieuse ! « Quand on donne tout, absolument tout, on peut être comblé de cette joie que Dieu nous donne », rappelait l’évêque, après avoir béni l’autel. « Quand je bénis un autel, je me demande toujours s’il y aura un prêtre pour y célébrer la Messe, » a t-il ajouté avant de confier à nos prières, non sans humour, les vocations « dans vos familles, pas dans celle du voisin ! »
Dans le soir tombant, les amis du Petit Monastère de Béthune se dispersent à présent. Les Petites Soeurs ne se retrouveront entre elles que dans un jour ou deux ; les membres de la communauté sont venus de toute la France pour participer à la fête. Cette nouvelle forme de vie religieuse transcende les modes de vie contemporain. « Nous sommes livrées à la Providence. Nous laissons donc une large marge à l’écoute, et cela signifie une grande disponibilité ».

Publié dans Croix du Nord le 2 juillet 2010