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29/01/2012

Faut-il brûler Harry Potter ?

Et bien voilà, ça va sortir. Après combien de polémiques enflammées, "à chaud", et finalement sans beaucoup de recul à l'époque... Tous ces gens qui critiquaient ou défendaient Harry Potter alors même que les derniers livres n'étaient pas encore sortis. C'était plein de bons sentiments. 

Wait and see : j'ai attendu, j'ai vu. L'année dernière, alors à l'Iifac, je voulais travailler sur la thématique de la mort. Pas très joyeux, au départ. Je me suis donc demandé comment rendre mon mémoire un peu plus attractif... Car c'est sûr qu'avec un sujet aussi glauque, je n'aurais pas beaucoup de relecteurs ! Je me suis dit que ça serait intéressant de faire mon mémoire sur ce thème. Harry Potter. Plus précisément : la mort dans Harry Potter. Plus exactement : la mort dans Harry Potter 7. Et finalement, je ne me suis pas trop plantée puisque ça va être publié dans un mois... Et pas à compte d'auteur s'il vous plait, parce que là, j'avais pas les moyens...

Harry%20Potter.JPGOn a dit que Harry Potter était sanatiste parce qu'il parlait de sorcellerie avec bienveillance. Très bien, je ne sais pas, je n'y connais rien moi en pouvoirs occultes. Donc je n'en parlerais pas.

On a dit aussi que Harry Potter était un divertissement au sens pascalien du terme, qu'il détournait les gens des vrais questions. A la lecture du dernier, cela me fait doucement rigoler.

On a dit enfin que Harry Potter était une lecture glauque, à déconseiller à des adolescents déjà mal dans leur peau. Ce n'est pas faux. C'est surtout vrai du dernier, Harry Potter et les reliques de la mort. Et sur ce coup, le peu de théologie dont on m'a gavée l'année dernière peut donner des éléments de réponses... assez complet.

Avec pour commencer la grande question : est-ce que c'est mal, de parler de la mort à des adolescents ? Fondamentalement, non. La mort, c'est une question à laquelle on doit se confronter. C'est la question qui nous ouvre à toutes les questions : le sens de la vie, l'éternité, l'au-delà. Pourquoi meurt-on ? Pourquoi vit-on ? Et qu'est-ce qui nous attend derrière ? Non, rien de mal à se poser ces questions... Au contraire ; on ne se les pose peut-être plus assez.

Après... Tout dépend de la réponse qu'on y donne. Que nous dit Harry Potter là-dessus ? Quel sens donne-t-il à la mort ? Chrétien ou païen ? Et dans tous les cas, comment, à partir de ce livre, peut-on rediriger les jeunes vers une notion chrétienne de la mort et du Salut ?

Et puis d'abord, c'est quoi, le sens chrétien de la mort ?

En partant des quatre grandes étapes de la foi (l'Exode, l'Exil, l'Incarnation et l'Eglise), j'ai remarqué tout d'abord que l'humanité, même guidée par Dieu, avait pas mal évolué depuis Moïse dans son rapport à la mort.

harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort-partie-1-de-david-yates-10303569gpnsc.jpg?v=1Je me suis ensuite demandée si on pouvait trouver le même cheminement dans le dernier Harry Potter. Si oui, alors on peut recommander le livre. Si non... Et bien sinon, on aura au moins de bons arguments pour le déconseiller !

Il y a donc quatre parties : Vie et Mort, le fruit défendu ; l'acceptation de la Mort ; l'opposition entre immortalité ou éternité au cœur de l'ouvrage, et enfin la possibilité de vaincre la mort. Dans ces quatre parties, nous regardons l'évolution de Harry, Ron et Hermione, d'une part, et d'autre part la pensée de Voldemort qui est totalement figée.

Souvent, la réflexion des cathos est biaisée sur Harry Potter. Parce qu'elle est le fait d'adultes qui avaient déjà une opinion lorsqu'ils ont ouverts les livres. On découvre donc beaucoup d'approximations, d'amalgames, parfois si important et qui nous écartent tellement des livres que cela fait sourire ou soupirer. Mon atout, c'est d'avoir lu les histoires moi-même adolescente. Ma grand-mère, bibliothécaire, voulait mon avis. A l'époque, les films n'étaient pas sortis, personne ne connaissait encore Harry. J'aurais pu aimer, ou ne pas aimer. Ou trouver cela malsain, comme La Croisée des Mondes (pas pu m'empêcher de finir ces livres, mais ils m'avaient mis très mal à l'aise). Dans le même temps, je lisais des critiques très violentes contre Harry Potter dans les journaux que recevaient mes parents - j'avais 13-14 ans, l'âge où on commence à s'intéresser à l'actu. Ces critiques, je ne les comprenais pas : je n'étais pas fan de Harry, mais j'avais tout de même l'impression que nous n'avions pas lu du tout les mêmes livres ! Les erreurs étaient grossières, on citait parfois le méchant pour montrer la perversité du livre (bien-sûr, le méchant étant méchant, c'est normal que l'auteur lui fasse dire des choses mauvaises). Mais la ferveur autour des films m'énervait tout autant. Des files ininterrompues de fans qui achètent des livres à minuit, cette société de consommation avec ces produits dérivés, cela n'enthousiasmait pas l'ado rebelle que j'étais.

Alors ?

Alors, j'ai pris le temps d'attendre. Et c'est seulement après être passé par Tolkien (le Professeur, pas le cinéaste s'il vous plait), après avoir bûché sur la bioéthique pour la Croix du Nord, après être allée à Jérusalem, que j'ai pris le taureau par les cornes.

Harry, je t'ai épluché jusqu'au trognon ; je vais sûrement me faire plein d'ennemis, entre les fans et les cathos, il y a plein de gens qui n'aimeront pas ne serait-ce que le principe d'une lecture chrétienne des Reliques de la Mort. J'espère juste qu'avec toi, je resterais au moins en terme courtois.

"Faut-il une baguette magique pour être maître de la mort" sort chez Nouvelle Cité, fin février : toutes les infos seront sur la page facebook que vous pouvez aimer si vous voulez être informé...