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26/11/2009

Voyage Un pèlerinage vers Jérusalem en 305 break... (8)

Deux semaines de « non existence » officielle

12_08_vue_jerusalem.jpgQuand j'étais plus jeune encore, aux scouts, il y avait une chanson qui disait : « je peux faire de la voile sans vent, je peux ramer sans rame, mais ne peux quitter mon ami sans verser une larme »...
Il a bien fallu quitter Jérusalem, quitter Israël, quitter les amis que nous nous y étions fait. C'est sans doute une des séparations les plus difficiles du voyage ; en moins de deux, grâce à notre ami Yori, nous étions comme chez nous. Les derniers jours se tirent. A Tiberias grâce à une invitation sur une plage privée, nous rencontrons des juifs traditionnels, qui grattent la guitare entre leur femme et leurs gosses en regardant le soleil rougir les eaux. Au Mont des Béatitudes, nous avons une messe en italien (pour changer); le prêtre nous fait traduire son homélie au fur et à mesure par un membre du groupe. Puis retour en Jordanie pour un transit vers la Syrie. Les tampons de sortie sur une feuille volante, planqués dans la voiture, la cagette écrite en hébreu envoyée à la poubelle, nous passons la frontière pour un séjour provisoire. Il s'agit essentiellement de saluer nos amis de Soufanieh, à qui nous rapportons des chapelets venus de là où ils n'iront peut-être jamais, d'acheter des narguilés, et... de continuer vers le Liban, la dernière grosse étape du voyage !

18_08_yori.jpgNous sommes un peu inquiets, depuis quelques jours, de la situation géopolitique actuelle. Nous savions avant de partir qu'il est impossible d'entrer en Syrie ou au Liban avec un signe faisant référence à Israël, qui n'est même pas officiellement reconnu dans ces pays. Vers Israël par voie terrestre, la seule frontière que nous pouvons franchir en voiture privée est au sud du lac de Tibériade, dans la vallée du Jourdain, entre la Jordanie et Israël. Les tampons de sortie de Jordanie l'indiquent d'ailleurs : « J. Valley crossing point ». Il s'agit de la seule preuve visible, sur nos passeports, que nous sommes passés de l'autre côté. Bien sûr, nous n'allons pas nous en vanter... Nous apprenons que le Hezbollah est récemment entré au gouvernement libanais, malgré les mises en garde d'Israël. Et pour arranger le tout, un jeune soldat israélien a été enlevé dans la région cette semaine, escarmouche supplémentaire d'une guerre qui ne dit pas son nom et où les protagonistes ne sont pas forcément identifiés.
Pour cette raison, nous n'avons pas dessiné les frontières et notre itinéraire sur le capot de la voiture. Il est un peu frustrant, pour tout avouer, de ne pas pouvoir dire que nous venons de Jérusalem. Du moins, pas avant la Turquie ! Il est d'autant plus difficile de se taire que la situation aux frontières est relativement tranquille. Les menaces de gaffes s'accumulent en deux jours : Damien demande les prix en sheckels, la monnaie israélienne, j'ai une chanson en hébreu dans la tête « Evenou shalom alerem », et à la question « vous êtes passés par quels pays ? » la réponse de Pauline fuse : « Turquie, Syrie, Jordanie, euh... Jordanie, Syrie... » Officiellement, nous avons disparu de la surface de la planète pendant deux semaines.

Au compteur de la 305 Break
18_08_trajet.jpgReste le retour
Avec 10 119 km, il ne nous reste plus que 675 euros. Ça y'est, nous avons atteint notre quota de kilomètres, et bientôt de monnaie... Et il reste pourtant tout le retour ! La mention sur nos cahiers de préparation « Israël : 450 km » nous fait doucement rigoler. Dans ce si petit pays, nous avons fait plus de 2000 km. La faute au mur certainement...

Le bon plan
Dialoguer patiemment
Une méthode infaillible pour le dialogue interreligieux : prenez deux ou trois cathos armés d'un Nouveau Testament ; mettez-les à minuit sur la route d'un juif, de sa Torah et de ses lunettes de vue qui ne tiennent plus qu'à une branche. Ajoutez quelques litres de sueur, un mois de crasse et une bonne dose de fatigue d'une part, une hospitalité sans faille de l'autre ; de la curiosité des deux côtés, trois gosses adorables qui n'attendent que des babysitters mode touriste pour rigoler, une nuit sur la plage de Tibériade et quelques hamburgers casher... La dernière condition explique sans doute la moitié des conflits religieux de la planète : pour dialoguer, il faut être prêt à passer ses nuits, pas une, ni deux, mais toutes celles où l'on se retrouve, à parler théologie...

La galère de la semaine
Comme les autochtones
Précédemment, nous annoncions avoir choisi le bus pour passer le mur. Le lendemain, sur un coup de tête, nous avons décidé d'aller voir le monastère orthodoxe Saint George près de Jéricho, et d'y aller en voiture. Or, Jéricho est dans les territoires palestiniens. Pas de problème à l'aller... Nous déjeunons en ville puis décidons de remonter au nord pour retrouver notre ami qui nous attend pour aller à Tiberias. Au final, nous avons cherché un check point ouvert pendant 4 h, partageant ainsi la galère quotidienne des autochtones.

Articles publiés dans Croix du Nord du 28 août au 3 septembre 2009

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