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05/06/2015

Expecto patronum !

Bonjour Dieu, c'est moi. Encore. Désolée, c'est une fois de plus pour demander. Encore. Mais là j'en ai un peu gros sur la patate. Encore. C'est pas moi directement, ou ma famille - pas encore en tout cas - mais c'est toute la société. Encore.

On vient de condamner un mec à mourir de faim. Enfin, pour être honnête, il sera probablement mort de soif avant. Tout ça parce qu'il est trop gravement handicapé pour se nourrir lui-même, et que soi-disant c'est ce qu'il souhaitait (je dis soi-disant, parce qu'on n'en a aucune preuve, et qu'on ne sait pas ce qu'il en pense maintenant).

C'est la CEDH qui a été la dernière à s'associer à la décision. La Cour Européenne des Droits de l'Homme. Vous connaissez? Ils sont sensés défendre la dignité humaine.

Ils pensent que la vie des handicapés graves, des mourants, et probablement tout un tas de personnes (je préfère ne pas voir la liste), n'a plus assez de dignité. Que c'est plus digne de mourir de faim et de soif quand on est gravement handicapé, que de continuer à vivre. 

Tout à l'heure je vous ai dit, aller, il y a beaucoup plus en jeu que la vie terrestre d'une personne, c'est la conscience, c'est l'âme, de centaines, de milliers, de millions peut-être, qui est sur le point de se faire aspirer par un trou noir géant; on est en train de subir une attaque massive de détraqueurs.

J'ai argumenté, j'ai mis en avant le fait que parmi les gens qui prennent ce type de décision, il y en a sûrement plein qui n'ont pas trop réfléchi. Qui ne vous connaissent pas. Qui ignorent que tant qu'il y a de l'amour, il y a de la dignité (et comme vous nous aimez quoi qu'il arrive...). Qui ne savent pas, que la dignité de la vie est intrinsèque à l'homme et non conditionnelle. 

Il y avait ce gars, il y a longtemps, Abraham, un bon pote à vous... Il a cru que ce serait un hommage à vous rendre que de tuer le fils que vous lui aviez donné. Parce que vous voyiez clair en son cœur, et que vous saviez qu'il n'avait d'autre intention que de vous plaire, quoi qu'il puisse lui en coûter, vous avez arrêté sa main.

Vous n'avez pas laissé Isaac mourir de la main de son père. Vous avez fait mieux. Vous avez pris sa place. Vous avez pris notre place, chacune de nos souffrances, de nos misères humaines, celle d'Isaac, de chacun des lecteurs de cet article, et de Vincent Lambert aussi.

Aujourd'hui, on ne sacrifie plus: on tue par amour. Peut-être avec sincérité. Peut-être qu'on a besoin d'être éclairé. Peut-être que dans ce tas de personnes qui tuent par amour, il y en a quelques uns qui ont un cœur d'Abraham. Un cœur droit, brisé de prendre une telle décision. Peut-être pas mille personnes, non, disons, cent. Pour cent personnes qui vont tuer un homme en toute bonne foi, vous pourriez faire un miracle?

Bon, disons qu'ils ne sont pas cent. Disons qu'ils sont dix. Dix personnes. Vous pourriez faire un miracle pour ces dix personnes? Bien-sûr! Je n'en doute pas un seul instant.

Mais mettons que parmi tous les décideurs, les médecins, les hommes de loi, il n'y aie qu'une seule personne dont le cœur se brise de devoir prendre une telle décision. Une seule personne droite, sincère, aimante, mais aveuglée parce qu'elle n'a jamais vu la lumière. Pour cette personne, vous pourriez peut-être faire un miracle ?

D'accord, mettons que cette personne n'a pas non plus la droiteur d'Abraham. Que dans sa décision, il y a aussi un peu de lâcheté, d'indifférence, d'égoïsme, de paresse intellectuelle. Un peu comme moi, qui prie en ce moment en sachant très bien que je ne suis pas du tout à la hauteur...

J'avais oublié un détail.

Vous ne pouvez pas décider à notre place. Vous ne pouvez pas aller à l'encontre de notre liberté. Vous respectez notre volonté beaucoup plus que nous respectons la votre.

D'accord.

Ma liberté, c'était sans doute de prier plus, d'agir plus, de faire plus qu'un tour aux Sentinelles et deux ou trois pétitions.

Comme d'hab, on a un peu foiré.

Comme d'hab, on vient vous demander de sauver la situation.

Comme d'hab, on va vous promettre qu'on va s'y mettre après, qu'on a retenu la leçon.

Comme d'hab, on replongera, même si ça ne m'enchante pas de le reconnaître...

Mais comme d'habitude, je le sais, les bêtises humaines auront été contournées, dépassées, transfigurées sans qu'aucun de nous ne puisse en tirer d'orgueil ou se reposer sur vos lauriers. Parce que du mal, vous faites toujours surgir un plus grand Bien.

Et lux in tenebris lucet... Dum spiro fido !

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