Saint Vincent de Paul, contre toutes les solitudes

La société fondée par Frédéric Ozanam lance sa campagne Solitude 2009 ce week-end.

L'Esprit de Charité devra souffler ce week-end : la Société de Saint-Vincent-de-Paul (SSVP) a choisi la Pentecôte pour lancer sa Campagne Solitude 2009. "C'est un temps qui va bien à notre action que nous confions à l'Esprit, explique Bruno Dardelet, président national de la SSVP. De plus, à la veille de l'été, les solitudes se font plus fortes avec les départs en vacances. Il n'y a pas de vacances pour les pauvretés". Ce week-end, les 17 000 bénévoles que compte la France vont faire connaître leur combat contre la solitude.

"Pour la cinquième année consécutive, nous nous lançons dans une campagne contre cette nouvelle pauvreté, qui touche toutes les strates de la population", confie René Lamarque, président de la SSVP dans le Nord. Une campagne menée avec force d'affiches, de cartes postales, de 450 000 dépliants distribués et de dessins amusants : un mouton noir avandonné, une maman manchot seule avec ses trois bambins (si l'on peut dire) sur son bout de banquise. La carte interroge : Seul ? "L'objectif est de sensibiliser au fait que la pauvreté n'est pas uniquement financière", explique René Lamarque. La solitude peut aussi toucher le voisin de palier, éloigner de ses enfants, de sa famille, voire de son pays. "A une époque où il est plus facile de secourir son prochain à l'autre bout du monde que sur le pavé de sa rue, il est important de soutenir l'action de proximité menée par des personnes de confiance", détaille Yves Duteil pour expliquer son engagement.

Les éditions passées ont prouvé l'utilité de cette campagne, qui permet chaque année de signaler les personnes en situation de solituden de soutenir la Société par des dons, et surtout de recruter des bénévoles supplémentaires. "C'est l'occasion de se manifester. Notre action est discrète par essence. Cette campagne est l'occasion de se faire connaître", assure Christian Verheyde, vice-président du conseil départemental.

La Société Saint-Vincent-de-Paul garde en effet l'image et l'esprit de ces bénévoles qui vont de maison en maison, de pauvretés en misères, apporter un paquet ou un mot de réconfort discrètement, loin du battage médiatique. A Lille, l'Accueil Frédéric Ozanam, rue Barthélémy-Delespaul, est plus connu des personnes en difficulté que des potentiels donateurs. Aide alimentaire, écoute, boutique de vêtements... mais la mission de l'Accueil ne s'arrête pas là : des éducateurs spécialisés, médecins ou le coiffeur reçoivent plus de 500 visites par mois. Selon les cas, différentes solutions sont envisagées : "nous essayons de suivre les gens sur le long terme, pour améliorer leur situation", indique Christian Verheyde. La majorité des fonds provient des subventions d'Etats, puis des dons. Venir en aide à la Société peut aussi permettre des moments agréables, ainsi que le promet le concert du lundi 8 juin ! (voir ci dessous).

Paru dans la Croix du Nord, le 29 mai 2009

Un Requiem offert pour soigner les détresses...

 

Musique Action caritative
Lille,  lundi 8 juin

300 musiciens au total ; l’Association Saint Vincent de Paul n’a pas lésiné sur les moyens. Il faut dire que l’enjeu est d’envergure. Composé en mai 1874 par Verdi en hommage à son ami Alessandro Manzoni, mort un an plus tôt, cette oeuvre est, d’après Christian Verheyde, coordinateur du concert et mélomane averti, « une immense prière, qui reprend tous les aspects liturgiques de la messe ». L’Orchestre de Douai et le Choeur d’Air France seront pour l’occasion réunis sous la baguette de Stéphane Cardon, dans un double jeu où chacun prendra sa place. « Ce requiem est un des cinq monuments de la musique, à mon sens, explique Christian Verheyde, comme Faust ou Yves Montant, il faut l’avoir entendu au moins une fois dans sa vie ». Le Libera me final, composé antérieurement, représente « une des parties les plus difficiles pour la soliste ». Verdi utilise, un peu comme dans ses opéras, des contrastes violents pour émouvoir. Le Requiem dure 1 h 30

Les fonds serviront à financer l’Accueil Frédéric Ozanam à Lille, de la Société St Vincent de Paul, qui accueille tous les jours « ceux qui en poussent la porte ». Les personnes en difficulté y reçoivent un dépannage alimentaire ou vestimentaire, et à Lille peuvent même accéder à des douches, et bénéficier des services d’un coiffeur. Des ateliers (cuisine, couture, informatique, connaissance des arts... ) sont actuellement mis en route. 

A 20 h 30 à Lille Grand Palais. Tarifs : 40 € (réduction groupes). Résa : Fnac et Furet du Nord ou directement au 03 20 52 05 60.

Publié dans la Croix du Nord, le 29 mai 2009

Loisirs dans la région...

Planète : Journée mondiale de l’océan
Océan 2009 : Opération fil bleu lancée.

Côte d’Opale le vendredi 5 juin

Nom code : fil bleu. Les lions Clubs de la Côte d’Opale mettent à profit la journée mondiale de l’Océan pour lancer la troisième opération, sur le splages de la côte de Dunkerque à Berck sur Mer. Objectif : créer une chaîne humaine sur la côte, pour symboliser la barrière bleue qui doit stopper la pollution entre la terre et la mer. Missions des participants : dans l’après midi, nettoyage des plages, animations commerciales, à Petit Fort Philippe, sensibilisations et bien sûr, convivialité et bonne humeur !

Renseignements : 03 28 23 14 01, ou www.tourisme-gravelines.fr

 

Environnement printemps bio
C’est la saison du bio

En France et dans la région du 1er au 15 juin

Á l’occasion de la 10ème édition du Printemps Bio, le Nord-Pas De Calais s’est mobilisé. Cet événement, coordonné par l’Agence Bio, est relayé en région par l’association A PRO BIO. Les acteurs régionaux de la filière Bio se mobilisent pour faire découvrir les richesses des saveurs biologiques du Nord-Pas de Calais. De la bière aux fruits, des légumes aux fromages, les gourmets ne seront pas déçus ! Fermes, marchés, restaurants... proposent des animations récréatives à travers toute la région. 

Programme complet sur www.printempsbio.com ou au 03 20 31 57 97

 

Cirque et théâtre avec Lille 3000
Théâtre forain et tchèque

Lille, du 5 au 21 juin

Des artistes tchèques sont en vadrouille à Lille (3000). Et certains vous proposent un art théâtral qui sera particulièrement apprécié des jeunes. Entrez mesdames et messieurs sous le minuscule chapiteau des Frères Forman, un cabaret des monstres vous y attend : comédiens, musiciens endossent des personnages extravagants comme sortis d’une baraque de foire d’un autre temps : mariée en jupon géant, sirènes entourée de poissons luminescents, femme à barbe sexy, écuyère géante, vieillards rigolards… menés à la baguette par un Mr Loyal chaplinesque… C’est de la poésie fantastique, magique, bricolée à la lueur des lanternes à dynamo. C’est un spectacle vraiment "tous publics" !

A 20 h 30 sauf les dimanches à
17 h, relâche les 8, 9, 15 et 16. Sous chapiteau à la Gare Saint Sauveur. A partir de 10 ans. 

 

Théâtre au pays des merveilles
L’autre côté du miroir

Wambrechies, les 3 et 4 juin

Suivez le lapin ! Alice, une jeune femme à la vie réglée au métronome, abandonne son quotidien le jour où on lui pose un... lapin. Cette rencontre lapinesque ne lui ouvrira cependant pas, comme l’Alice du pays des merveille, un monde magique, mais bien la porte qui mène en elle-même... Un voyage vers un pays tout aussi renversant.

Le 3 juin à 20 h, le 4 juin à 10 h, à la Salle des fêtes. Tarifs : de 3 à 8 €. Rens et résa : 03 20 39 56 96 65

Publié dans la Croix du Nord, le 29 mai 2009

 

« Un dialogue à deux, sans l’Islam, irait dans une impasse »

Le Père Jacques Bernard, exégète ayant étudié entre autre à Jérusalem, livre un discours sans détour sur la question du dialogue judéo-chrétien, quelques jours après le retour du Pape de Terre Sainte.

« Je parlerais de dialogue à trois, parce que l’Islam est la troisième pousse du monothéisme fondé sur la croyance en un Dieu unique, un Dieu d’Alliance - donc de miséricorde. Retenons d’abord les progrès de ce dialogue, du fait que l’ignorance réciproque est un tout petit peu en retrait. À l’époque de Vatican II, un enthousiasme profond est né. On s’est dit “ça y’est, l’oecuménisme est arrivé !” Au bout de 20 ans d’études, je me suis rendu compte que tout est à faire. Et Benoît XVI, en bon théologien, en est conscient. Il est pour ce dialogue, mais sans naïveté, ayant lu des théologiens juifs comme Neussner (une première pour un Pape). Jean Paul II avait vécu les persécutions nazies, il avait avec les rabbins une amitié de combattant. Benoît XVI a, avec les rabbins, une amitié de penseur. Il se rend dans les synagogues et les mosquées, mais est assez bon théologien pour dire que tout commence seulement. Nous avons trois religions différentes. Pour le Judaïsme, la Torah est créée (par Dieu), préexistante à la Création. Dans l’Islam, le Coran est incréé (de nature divine), préexistant à la Création. Pour le Christianisme, le Verbe EST la personne du Christ qui “s’est fait chair et a habité parmi nous” ( J 1,14), également incréé préexistant au monde. L’Islam est donc proche du Christianisme, les deux étant hérités d’un judaïsme apocalyptique (c’est-à-dire qui est dévoilé par le Ciel, à l’inverse d’un judaïsme d’interprétation ; rien à voir avec Apocalyspe now !). Ce judaïsme a été excommunié, banni, suite aux répressions romaines en 70, car il était jugé trop révolutionnaire. Le Christ s’était naturellement placé dans la tradition apocalyptique. Voilà des débats essentiels, que 90 % des croyants ignorent. Dans ce sens, le voyage du Pape est unique, car il s’attache humblement, dans un pays où il y a 5 % de chrétiens, à rappeler l’importance de ce dialogue à trois. Le challenge de ce dialogue est d’entrer au cœur des questions théologiques. Et c’est un travail d’historien, d’exégète, mais nous aurons tous à en bénéficier. »

Entretien réalisé pour la Croix du Nord du 22 mai 2009

Réconcilier la Biomédecine et la vie, le pari de la bioéthique

 

Bioéthique : l’Alliance pour les droits de la vie lançait lundi à Lille sa tournée hexagonale

Pour une première, c’est un succès. La salle du Zénith de Lille est comble, les 400 sièges occupés, ainsi que les allées et le fond de la salle. Beaucoup de jeunes, d'étudiants en médecine, de professionnels de santé. "L’information est passée ! On a du refuser du monde", confie Rose, jeune médecin à Lille. Elle porte le t-shirt rouge des bénévoles de l’Alliance pour les droits de la vie (ADV), qui organise ces conférence dans dix villes française, avec l’Office chrétien des personnes handicapées, le Comité protestant pour la dignité humaine et Convergence soignants-soignés.

Ces conférences s’inscrivent en plein dans l’actualité des Etats généraux de la bioéthique. "L’objectif est de soulever trois enjeux", explique Tugdual Derville, délégué général de l’ADV. En question, l’engouement pour la recherche sur l’embryon. Après en avoir examiné les alternatives, Xavier Mirabel, président de l’ADV, constate : "il ne faut pas se bercer d’illusion. Les recherches sur l’embryon sont aussi le fruit d’une légitime curiosité de la part des chercheurs" C’est pourquoi "la protection de l’embryon humain doit être  un enjeu primordial" de l'encadrement législatif.

Le deuxième grand point évoqué est celui des nouvelles techniques de procréation. Droit de l’enfant ou droit à l’enfant ? C’est plus particulièrement la question des embryons congelés qui fait débat ; quel est leur statut, alors que même les parents sont démunis ? "Il y a comme un piège derrière le concept de projet parental, qui ramène l’existence de l’enfant au regard des parents", dénonce Daniel Rivaud, pasteur et père de cinq enfants. On regrettera que les alternatives à la procréation médicalement assistée, telles que l'adoption, ne soient pas évoquées par les intervenants. Mais la question va au-delà, et interroge l’instrumentalisation du corps, même à titre gratuit, ou le fait de dresser un contrat sur un enfant, établissant entre lui et ses parents un rapport de propriété. 

"Le troisième enjeu est le paradoxe de la valorisation des handicapés dans la société, à l’heure de l’enfant parfait", annonce Tugdual Derville. Témoignages de parents, mais aussi de handicapés inquiets. Les IMG visent des handicaps de moins en moins lourds, comme si la tolérance à la non conformité diminuait. "La dérive eugénique est là. Est-ce de cette société que nous voulons ?" interroge Daniel Rivaud.

Une seule chose sûre : le débat est sensible. Les témoignages sont poignants, comme si l’Homme était dépassé par la science. "Je n’ai pas envie de taper sur mes collègues. Les échographistes eux-mêmes sont pommés. Ils sont aussi démunis face au handicap que les parents", témoigne Xavier Mirabel. Loin des débats théoriques, la conférence permet de se poser les bonnes questions plus que d'y répondre.

Renseignements : www.adv.org

Publié dans la Croix du Nord, le 15 mai 2009