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25/11/2009

L'entretien : « Il y a des conversions »

17_08_pere_yacoub.jpgNous coinçons le Père Yacoub Hijazin dans sa paroisse Saint Joseph d'Amman juste avant de retourner en Syrie.

  • Père Yacoub, quand avez-vous pensé être prêtre ?

  • Je suis d'une famille catholique latine... C'est d'abord l'habit de mon curé qui m'a fasciné. J'étais tout petit, à l'école, et je voulais le même ! Ça avait l'air prestigieux à l'époque !

  • Il y a beaucoup de chrétiens ici ?

  • Quelques uns... Mais ce sont surtout des syriens, des irakiens réfugiés ou des étrangers venus travailler. Dans ma paroisse il y a beaucoup de femmes asiatiques qui travaillent à Amman. Et puis quelques jordaniens... Mais pas beaucoup, peut-être 2%, c'est tout.

  • Les chrétiens sont bien vu ici ?

  • Oui, plutôt ! Il y a toujours des proches conseillers du Roi qui sont chrétiens, et ses enfants sont dans une école chrétienne aussi, la meilleure du pays ! Ici l'État fait confiance aux chrétiens. Mon neveu qui est dans l'armée, on l'a nommé responsable de la formation des femmes, parce qu'on pense qu'avec un chrétien ça ne pose pas de problème...

  • Et si les gens se convertissent ?

  • Il y a des conversions. Mais les gens restent discrets, pour éviter d'avoir à changer de passeport et tout... Ça créé des situations assez compliquées quand même.

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24/11/2009

Voyage Un pèlerinage vers Jérusalem en 305 break... (7)

Debout resplendis, car voici la lumière ! Nous voici au sommet...

08_08_chemien_de_croix.JPG« Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! Jérusalem, te voici dans tes murs, ville où tout ensemble ne fait qu'un ! » Ainsi le psaume 121 salue-t-il la ville, que nous avons découverte le 6 août au soir.
Surprise ; avant la ville, le désert laisse progressivement place à des forêts de sapins, alors que nous montons dans les embouteillages vers Sion. Une ville de plus de trois millénaires, cité de David, tombeau du Christ, citadelle de Godefroy de Bouillon et maintenant, fourmilière des populations du monde entier, qui vendent, qui achètent, qui prient, qui guerroient, qui marchent ou qui admirent... Paix oblige, l'été venu, Jérusalem est un festival de nationalité. Le premier soir, nous dînons dans un restaurant italien casher [au milieu de famille juive françaises venues en vacances]. Le lendemain, nous observons la fabrication du pain chez des boulangers du quartier arménien... Des polonais prient dans leur langue sur la Via Dolorosa, où l'on trouve le premier chemin de croix de la Chrétienté. A l'ouverture du Sabbat, les juifs dansent devant le Mur des Lamentations. Voilà que l'appel du Muezzin retentit ; ici, chacun a son heure pour exprimer sa prière. [Les franciscains, qui tiennent maintenant les lieux saints, ont fait monter en cachette un orgue majestueux au Saint Sépulcre, que l'on entend la nuit... On parle hébreu, arabe, italien, anglais, français... Derrière les murailles maintes fois détruites, maintes fois reconstruites, chaque fois agrandissant un peu la ville,] la ville respire à cent rythme différents. Quel dommage que les peuples ne puissent s'entendre !
08_08_mur_lamentations.JPGEt puis Bethléem... De l'autre côté du Mur, tout change. Dans notre bus, il n'y a quasiment que des Arabes ; [nous ne sommes pourtant pas contrôlés et fouillés avec beaucoup d'ardeur.] Seuls deux enfants, qui se sont glissés derrière des fauteuils, en sont quitte pour rentrer à pied à Bethléem. [En les voyant rire sous cape, on devine qu'ils n'en sont pas à leur coup d'essai]. Mais le mur a quand même quelque chose d'impressionnant, même en temps de paix. [Imaginez 10 à 15 mètres de parpaings. Nous avons vu une propriété coupée en deux par ce mur. Berlin ou la muraille de Chine ? De l'autre côté, des bâtiments à moitié construits ; on construit pendant la paix, en attendant que la guerre vienne tout détruire à nouveau]. Nous retrouvons quelque chose de la Syrie, de la Jordanie, avec plus de ruines et plus de tensions. « Ça a l'air calme », nous explique Sœur Sophie, qui tient une crèche dans Bethléem. Elle est d'origine libanaise, comme beaucoup des filles de la Charité ici. Ce n'est pas tous les jours facile pour elles. « Tous les 15 jours, on n'a plus d'eau. [Je n'ai pas rempli la piscine pour les enfants, parce que je dois vider les citernes pour ça, et] que se passera t-il si on nous coupe l'eau plus longtemps ? » Pour elle, la paix n'est qu'une accalmie entre deux tempêtes.
Et pourtant, il y a tant de raison de s'émerveiller ici ! A Jérusalem, la congrégation s'occupe d'enfants juifs apportés par les services sociaux ; ici, ce sont des petits palestiniens, qu'on trouve souvent abandonnés, handicapés, où dont les parents sont inaptes. Ils ont un an, et ne font pas six mois. Nous passons l'après-midi à jouer avec eux ; deux jumeaux maigres à faire peur se tiennent déjà debout et sourient sans cesse ; une petite a perdu sa mère, tuée par sa propre famille parce qu'elle était enceinte sans être mariée. Le pays est dur, l'Islam aussi est dur ; il ne faut pas se voiler la face. Mais « ce que vous faites à un de ces petits, c'est à moi que vous le faites, disait le Christ ; et ici à Bethléem, c'est encore plus fort. C'est l'enfant Jésus que nous reconnaissons dans ces bébés... » explique Sœur Sophie avec une simplicité émouvante. « Appelez le bonheur sur Jérusalem ; Paix à ceux qui t'aiment ! Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! » dit encore le psaume.

11_08_israel.JPGAu compteur de la 305 break
Idée loufoque
8 200 km.. encore des kilomètres en rab, suite à notre idée loufoque d'aller voir le lever du soleil à Eilat, au sud du pays, en face d'Aqaba où nous étions la semaine précédente. On nous avait dit que ça en valait le coup ; [L'anecdote de la semaine, c'est que nous nous sommes reposés 4 h dans une station service fermée à même pas 30 km de la bande de Gaza... Réveil à 23 h 30 par un contrôle de police, qui vérifie nos passeport et nous souhaite « good night » en nous laissant sur place en partant... Le camping sauvage ne pose décidément pas de problème aux israéliens !]

Le bon plan
Le bus pour franchir le mur
Passer le mur en bus... Nous y avons réfléchi ; notre voiture, avec sa plaque d'immatriculation française (notre fierté !), peut-elle franchir le mur qui sépare Israël des territoires palestiniens ? Une chose est certaine, nous serons fouillé de fond en comble. On a déjà payé à la frontière ! Et puis qui sait ce que l'on peut nous glisser sous le capot quand nous aurons le dos tourné, voiture en stationnement... Nous décidons donc de suivre les français avec lesquels nous logeons pour aller voir Bethléem, qui se trouve de l'autre côté. La situation actuelle étant relativement calme, nous passons comme une lettre à la poste.

La galère de la semaine
Fallait réserver ?
« Mais vous êtes fous de ne pas avoir réservé ! » C'est en substance ce que l'on entend chaque fois que nous débarquons dans une nouvelle maison d'accueil de pèlerins à Jérusalem. Nous avions eu l'occasion de vérifier à Nazareth que les hôtels sont chers. Trouver un minimum de confort à Jérusalem tient de l'exploit ! Nous ne demandons pourtant pas grand-chose. Mais en juillet-août, tout est plein. La faute à... la paix ; trois ans sans guerre, ici, c'est un encouragement à passer ses vacances autour des lieux saints ! Mais comme la Providence veille, nous rencontrons cinq françaises et un prêtre qui ont trouvé à se loger dans un orphelinat en vacances...

Intégralité des articles envoyés à Croix du Nord du 14 au 27 août 2009
Les phrases entre crochers ont été supprimées faute de place

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23/11/2009

L'entretien « La plupart ont une famille... »

09_08_soeur_siloane.JPGSœur Siloane est fille de la Charité à Béthanie depuis 3 ans. Elle s'occupe d'enfants confiés à l'orphelinat. Cette Française de fort tempérament n'a pas sa langue dans sa poche !

  • Quels enfants accueillez-vous ici ?

  • Nous, on accueille tout le monde ; filles et garçons de tout âge. Les enfants que vous voyez là sont en vacances. Nous recevons aussi un handicapé parmi nous... Ils ont entre deux et 18 ans. Ils sont majoritairement musulmans, mais la petite avec nous, Zela, est chrétienne.

  • Ils passent toute leur vie avec vous ?

  • En général, oui. La plupart ont encore une famille, mais laquelle... Zela par exemple, son père est en prison et sa mère est prostituée. Tous les deux mois, on les ramène chez eux pour le week-end... Moi ça me fend le cœur de voir comment ils sont traités, les taloches, tout... Mais eux sont content... C'est toujours leurs parents.

  • Comment quittent-ils l'orphelinat ?

  • Pour les filles, c'est simple, hélas ! Quand elles ont autour de 14 ans, un cousin ou un oncle vient, demande à ce qu'elle soit bien habillée... et puis on vient les chercher pour les marier. Même celles dont on n'avait jamais entendu parler de la famille. Ça, c'est pour les musulmanes. Quand on peut en enregistrer comme chrétienne en les trouvant bébé, on le fait, ne serait-ce que pour leur éviter ça.

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21/11/2009

Voyage Un pèlerinage vers Jérusalem en 305 break... (6)

delire_desert.JPGAventures dans le désert aux portes de la Terre Promise

Nous sommes passés ! Et nous vous écrivons de Nazareth... A l'hôtel d'Amman, un guide touristique nous avait pourtant assuré que la frontière n'était pas facile ; nous avons mis 4 h à franchir une des frontières les plus chaudes du monde.
Et pour être chaude, elle est chaude ; dans tous les sens du terme ! En descendant vers la mer Morte, la chaleur devient difficilement supportable. La veille, nous nous sommes baignés, en apesanteur dans l'eau salée, avant de voir le soleil se coucher sur Israël. Belle conclusion pour ce pays magnifique, qui aligne les splendeurs des tombeaux de Pétra, dans un décor digne d'Indiana Jones, les immensités du désert, l'accueil des Bédouins qui nous offriront un jour le thé sous leur tente... Nous faisons le désert entre 6 h 30 et 12 h. Aux check points, tous les 50 km, on nous compte pour vérifier que l'un de nous ne s'est pas perdu ; le désert ne pardonne pas. Nous longeons l'Arabie Saoudite et l'Irak. Réveil involontaire à 5 h tous les matins en entendant l'appel du muezzin... Fou rire en entendant Damien s'efforcer de parler arabe à partir du lexique du guide ! Émerveillement devant la mer Morte, que nous découvrons sur une plage gratuite mais sale, où des chutes naturelles d'eau chaudes nous rincent. Au Jourdain, où nous nous trempons les pieds dans la vase sous le regard méfiant d'un militaire jordanien armé, nous crevons de soif. De l'autre côté de cette rivière de six mètres de large, Israël.

voiture_refroidie.JPGCe dimanche 2 août, nous avons décidé de passer... Imprévoyant comme nous sommes, nous arrivons au poste frontière en milieu d'après midi. Fin de l'aventure à 21 h 30. Ayant sauté un repas, nous sommes affamés, et nous ruons sur le premier Burger King en vue ! Arrivés à Nazareth, les maisons d'accueil des pèlerins sont déjà fermées ! Les seuls hôtels qu'on nous indique nous proposent la nuit à 130 dollars pour les trois... pas de camping en vue !
Nous partons à l'aveuglette, épuisés mais heureux car nous n'avons jamais été si proche du but ; à la fatigue s'ajoute une certaine euphorie. Jusqu'à ce qu'à minuit, désespérant de trouver un lieu où dormir, même dans la voiture, nous demandions de l'aide dans une station service. On nous conseille le camping sauvage, que nous refusons, ignorant de la législation locale. Damien, épuisé, dort dans la voiture ; un gars nous prend en pitié. Motel, fermé, poste de police où il n'y a plus personne... Notre guide s'adresse au patron d'un restaurant qui ferme, et revient avec lui. « He's a friend, he speaks french... He said he can help you for this night ». Le patron s'approche : « Salut les enfants ! Ça gaze ? » Première nuit israélienne chez un juif pratiquant qui a aussi baroudé aux quatre coins du monde : nous nous sommes couchés, chacun dans un lit, à 5 h du matin. Au réveil (tardif, peut-être pour la première et dernière fois du voyage), nous recevons un conseil pour notre arrivée au but... « Je ne sais pas si ce que je vais dire peut vous aider... La montée vous fait descendre toutes vos idées préconçue... Une fois là-bas, essayez de voir Jérusalem avec le cœur, pas avec l'intellect ».

3_aout_trajet.JPGAu compteur de la 305 break
Des détours
7773 km depuis le départ ! Nous allons faire beaucoup plus que les 10 000 prévus : les détours de la route, en particulier dans les grandes villes, en sont principalement responsables. Nous avons également fait beaucoup plus de kilomètres que prévus en Jordanie, suite à notre désir de « faire du désert » et d'aller au sud, voir la ville d'Aqaba.

Le bon plan
L'eau fraîche en plein désert
Vous êtes dans une voiture sans clim, et vous voulez de l'eau fraîche en plein désert jordanien, à midi sonnante, sans glacière et sans dépenser une piastre ? Vous allez être servi ! Une vieille vache à eau, un chiffon et un bidon d'eau non potable, et c'est parti ! Vous sortez la vache à eau le long de la portière, vous la remplissez des gourdes pleines, vous couvrez d'un chiffon et vous arrosez généreusement d'eau non potable le tout et roule le carrosse ! L'effet du vent, même brûlant, sur le tissu mouillé va vous permettre de boire, en une demi heure, une eau bien fraîche !

La galère de la semaine
Un rendez-vous ?
Pour les besoins d'un documentaire à caractère familial, amical et paroissial, nous rencontrons les chrétiens d'Orient. Accueil formidable en Syrie... En Jordanie, impossible de gagner dix minutes d'entretien avec qui que ce soit ! « Do you have an appointment ? » est la réponse la plus communément entendue... Un rendez-vous ? Alors que nous ne savons même pas où nous serons le lendemain matin ? Nous avons fait chou blanc presque partout. Est-ce une différence de culture ? La place de la religion est-elle différente en Jordanie ?

Articles publiés dans Croix du Nord du 7 au 13 août 2009

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20/11/2009

L'entretien : une pause sous une tente de bédouins

tente_bedouins.JPGAu hasard d'un des refroidissements de Shéhérazade, notre break, nous nous faisons inviter sous une tente de bédouin. Les huit filles nous offrent le thé. Nous communiquons à grand renfort de dessins et de gestes... Traduction des informations échangées !

  • Vous vivez sous cette tente ?

  • Oui, ce sont des tissus traditionnels que nous faisons à la main avec des poils de chèvres. Il y a la place ! Ici, nous sommes 19 enfants. Les hommes sont partis travailler avec le pick-up, ils rentreront ce soir. D'où venez vous ?

  • Nous venons de France, vous pouvez le voir sur la carte peinte sur la voiture ! Pour l'instant, nous sommes là en Jordanie... Mais vous parlez un peu d'anglais !

  • Oui, nous apprenons à lire et écrire l'anglais à l'école ! Vous parlez arabe ?

  • Juste quelques mots ! Merci pour le thé, shukran ! Vous élevez des animaux ici ?

  • Des chèvres, des poules et des pigeons. Vous voulez le tenir ? Il faut le prendre par les ailes... (tentative maladroite d'Elisabeth sous les rires des filles).

Nous nous sommes quittés une heure plus tard, après quelques fou rires et la visite de voisins.

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