Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/07/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre IV (12/20)

Il fallait l'accomplir dans la mesure du possible...

Voir un résumé de l'histoire - Voir les épisodes précédents

Les hobbits n'ont pu franchir les portes noires du Mordor. Ils s'en détournent, guidés par Gollum qui connait un passage dans les montagnes. Le passage s'élève au-dessus de la cité maudite de Morgul. De là, Frodon et Sam, à leur plus grande horreur, voient sortir une immense armée qui part à l'assaut des pays libres. Frodon, sur le point de céder à la folie, saisit une fiole donnée par Galadriel, qui contient la lumière de l'étoile d'Ëarendil. Dans la mythologie de Tolkien, Ëarendil est un marin qui conduisit son navire à Valinor alors que les ténèbres régnaient sur terre. Il portait avec lui un Silmaril, un joyau qui contient la lumière du monde, et souhaitait demander aux dieux leur secours. Les dieux donnèrent à son navire le pouvoir de voler, et l'envoyèrent chaque nuit porter la lumière du Silmaril au-dessus de la Terre du Milieu. Cette étoile depuis est symbole d'espérance, et la fiole de Frodon contient cette espérance dont lui-même est maintenant dépourvu.

Frodon releva la tête, puis se mit debout. Le désespoir ne l'avait pas quitté, mais la faiblesse avait passé. Il eut même un sourire sardonique, sentant à présent aussi clairement que le moment précédent il sentait le contraire, que ce qu'il avait à accomplir, il fallait l'accomplir dans la mesure du possible, et qu'il importait peu que Faramir, Aragorn, Elrond, Galadriel, Gandalf ou quiconque le sut jamais. Il saisit son bâton d'une main et la fiole de l'autre. Quand il vit que la claire lumière jaillissait à travers ses doigts, il la fourra dans son sein et la tint contre son cœur. Puis, se détournant de la cité de Morgul, qui n'était plus a présent qu'une lueur grise au-delà d'un gouffre sombre, il s’apprêta a prendre la route ascendante. 

Livre IV, chapitre VIII, p 760

Si nous nous battions pour nous-mêmes, nous ne nous battrions pas. Car nous avons tout à perdre, personnellement, en venant ici. Et nos proches mêmes n'ont pas grand chose à y gagner. Nous ne sommes pas là pour nous-mêmes. Nous sommes là pour défendre un inconnu, quelqu'un que nous ne rencontrerons peut-être jamais, et qui n'aura pour nous aucune reconnaissance parce qu'il ne nous connaîtra pas. Nous sommes là parce que nous pensons que c'est notre devoir. Mieux vaut oublier dès maintenant tout espoir de remerciement et de récompense ; notre présence a du poids parce qu'elle est gratuite.

>> Lire la suite

Publié dans Cité, Culture | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle

01/07/2013

Veiller avec les Hobbits - Livre IV (11/20)

En passant par les ombres

Voir un résumé de l'histoire - Voir les épisodes précédents

Frodon et Sam trouvent un guide qui les mènera vers le Mordor ; Gollum, perverti par l'anneau dont il a eu longtemps la possession. Celui-ci parvient à les mener jusqu'aux portes du Mordor.

Enfin, le cinquième matin depuis qu'ils avaient pris la route avec Gollum, ils s'arrêtèrent une fois de plus. Devant eux, noires dans l'aube, les grandes montagnes rejoignaient des voûtes de fumée et de nuages. De leur pied s’élançaient d’énormes contreforts et des collines anfractueuses, dont les plus proches se trouvaient à présent à une douzaine de milles au plus. Frodon jeta alentour un regard horrifié. Tout affreux qu'avaient été les Marais des Morts et les landes arides, bien plus repoussant encore était le pays que le jour rampant dévoilait à ses yeux contractés. Même à l’Étang des Visages Morts paraissait un certain spectre de printemps vert ; mais ici ni printemps ni été ne viendraient jamais plus. Ici, rien ne vivait, pas même les végétations lépreuses qui se nourrissent de pourriture. Les mares haletantes étaient suffoquées par la cendre et les boues rampantes, d'un blanc et d'un gris morbides, comme si les montagnes avaient vomi les immondices de leurs entrailles sur les terres environnantes. De hauts monticules de roc écrasé et pulvérisé, de grands cônes de terre calcinée et souillée de poison se dressaient comme dans un répugnant cimetière en rangées sans fin, lentement révélées dans la lumière avare.

Ils étaient parvenus à la désolation qui s’étendait devant le Mordor : monument permanent au sombre travail de ses esclaves, qui durerait encore quand tous leurs desseins seraient vides de leur substance ; une terre polluée, atteinte au-delà de toute possibilité de guérison – à moins que la Grande Mer ne la vint laver dans l'oubli. « J'ai le cœur barbouillé », dit Sam. Frodon ne dit rien. 

Ils se tinrent là un moment, tels des hommes au bord d'un sommeil où le cauchemar les guette, s’efforçant de l’écarter tout en sachant qu'ils ne pourront arriver au matin qu'en passant par les ombres. La lumière crut et s'affirma. Les trous étouffés et les monticules empoisonnés prirent une hideuse netteté. Le soleil était levé et cheminait parmi les nuages et de longues traînées de fumée, mais même sa lumière était souillée. Les Hobbits l'accueillirent sans enthousiasme; elle leur paraissait hostile, les révélant dans toute leur impuissance - petits spectres vagissants qui erraient parmi les tas de cendres du Seigneur Ténébreux.

Livre IV, chapitre II, p 679

Peut-être, au cours de nos veilles, seront nous amenés à regarder en face le pire, ce que nous voulons vaincre : la violence, la haine, une vision de l'homme coupé de lui-même. Dans toute vie il y a des moments de fatigue, des moments où le mal paraît si grand et si pesant que nous perdons espoir. Le désespoir est notre premier ennemi, et l'espérance est notre seule chance. Le propre de la nuit est qu'on ne peut l'éviter si l'on veut arriver au matin. 

>> Lire la suite

Publié dans Cité, Culture | Commentaires (0) |  Facebook | | | Isabelle