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30/01/2016

Nous avons besoin d'un Docteur parce que nous avons besoin d'un père

Le Docteur, personnage principal de la série Doctor Who, a souvent été comparé à une figure paternelle. Cette lecture a toutefois très vite fait débat. Pourtant, notre relation avec lui (quand je dis notre, je veux dire celle des humains qu'il rencontre et par extension celle des spectateurs) est celle de jeunes gens avec un père - relation très œdipienne parfois, mais justement ce n'est pas contradictoire... Cela se vérifierait-il toujours ? Et si oui, cela pourrait-il expliquer le succès (relatif, mais succès quand même au RU depuis 53 ans) de Doctor Who ?

Alors, en vitesse, quelques pensées rapides pour ouvrir la réflexion. Attention, ces idées ne sont qu'un point de départ !

Celui qui coupe de la mère et ouvre au monde

Le Docteur est celui qui sépare de la Mère - en l'occurrence, la Terre. Il est celui qui arrache le terrien de sa petite vie tranquille, ennuyeuse, mais somme toute confortable, pour lui faire découvrir le vaste univers. La Terre est l'utérus dans lequel nous flottons... Le Docteur, protecteur de la Mère Terre, nous fait passer du statut d'enfant irresponsable et passif à celui d'acteur, d'égal. 

Le Tardis est un nom féminin (en fait, en français, on devrait même dire la Tardis). C'est en fait une extension de la Terre ; le vaisseau-mère à bord duquel le Père nous conduit... Le Tardis a pourtant une personnalité qui le fait souvent aller à l'encontre de la volonté du Docteur. Celui-ci apparaît souvent comme... le Papa qui veut faire le chef alors que c'est Maman qui prend la décision à son insu ! Ce petit conflit Docteur/Tardis a été un fil conducteur de la série, dès l'origine, et encore aujourd'hui.

Celui qui nous ouvre sur notre histoire et nos racines

Il n'ouvre pas seulement le terrien sur l'horizon galactique ; il lui permet de faire sienne ses propres racines par le voyage dans le temps. Il nous apprend quelle est notre identité. Il rend proche le passé, nous réconcilie avec notre histoire (flagrant par exemple avec 7 et Ace, ou 9 et Rose, 11 et Amy... dans le cadre de leur histoire familiale personnelle).

Cela ne concerne pas seulement le voyageur qui accompagne le Docteur, mais surtout le spectateur. D'abord avec les épisodes historiques très documentés et réalistes des années soixante ; cela se vérifie encore avec les épisodes semi-historiques qui ont suivi, à partir des années 80 (Shakespeare luttant contre de vraie sorcières par exemple, ou Charles Dickens et les fantômes...). Rencontrer des figures historiques quasi légendaires, Churchill, Van Gogh, Jean sans Terre, ou assister à la chute de Pompéi, au Blitz, mais dans un contexte où nous pouvons faire la différence, c'est devenir acteur de ce passé, c'est nous en rendre propriétaire. C'est nous faire rentrer dans une histoire qui nous dépasse et nous englobe...

Celui qui nous rend autonome et confiant

Le Docteur nous apprend - et après 50 ans c'est toujours aussi flagrant - à avoir confiance en nous-même, à tester nos propres forces. Avec lui, le terrien tombe ; mais il lui apprend aussi à se relever. Cela peut se faire dans la douleur et la révolte : pourquoi le Docteur ne peut-il pas tout arranger ? Pourquoi nous laisse-t-il parfois sans défense, sans conseil, à devoir prendre nous-même une décision qui semble au-dessus de nos forces ?

Pourquoi ne peut-il toujours empêcher la mort ? Les Docteurs 1, 5, 6, 10, 11 et 12 (et j'en oublie sans doute) se sont un jour ou l'autre trouvé démunis face à la mort de leurs amis. Le Docteur ne peut pas protéger, et il doit apprendre à renoncer.

Ce sont tous ces compagnons qui ont affronté leur destin en renonçant à la protection du Docteur, parfois en lui désobéissant. Comme l'enfant devenu adulte qui décide de voler de ses propres ailes. C'est Jo Grant qui s'en va, Turlough qui affronte son destin, Susan qui reste derrière. 

"Just go forward in all your beliefs and prove to me that I am not mistaken in mine. Goodbye, Susan. Goodbye, my dear." (1)

"Let me tell you what I see : humans. Brilliant humans! Humans who can travel all the way across space, lfying in a tiny little rocket, right into the orbit of a black hole,  just for the sake of discovery, that's amazing! do you hear me ? Amazing ! All of you..." (10)

Au long des âges et des régénérations, le Docteur a souvent expliqué aux humains qu'ils pouvaient compter sur leurs propres forces. Qu'ils n'avaient pas forcément besoin de lui pour s'en sortir... S'ils montraient le meilleur de l'humanité.

Constater les limites et l'impuissance du père...

Et il y a des séparations dramatiques : la mort d'Adric, le terrible destin de Donna Noble.

Le Docteur n'est pas parfait. Il "gère" (ce moment délicieux de l'épisode où il arrange les ficelles au dernier moment, sur une musique épique de Murray Gold). Mais parfois au contraire c'est le choc, l'incompréhension finale... Celui qu'on admire tant, qu'on adule, et qui un jour nous déçoit. Ce jour où nous découvrons que malgré ses deux cœurs, il est finalement plus humain que nous pensions... C'est alors qu'un enfant (et de nos jours, on est enfant très tard) devient adulte. Le jour où il réalise que même son père, avec qui il a vécu tant d'aventure, n'est pas infaillible. Qu'il est au contraire faible, pas toujours bon, pas toujours juste, pas toujours intelligent. Qu'il peut avoir peur, être dépassé, impuissant. Et que parfois même notre père a besoin d'être sauvé. C'est Rose ou Clara revenant sur leur pas alors que le Docteur les avait renvoyées pour leur propre salut...

Une question vieille comme le monde

Alors nous sommes prêt à prendre la suite. Mais cela nous poursuit toujours... La question du Père est vieille comme le monde. Je ne partirais pas en délire théologique, mais le succès des religions chrétiennes s'explique sûrement par cette vision de Dieu comme Père par excellence. Ça ne va pas s'arrêter demain.

Notons que le Père, dans le subconscient humain, est une figure masculine. Je ne dis pas que certaines femmes n'ont pas été amenées à endosser ce rôle : et heureusement, on peut trouver des substituts. D'ailleurs, aucun père ne jouant parfaitement son rôle, nous passons notre temps à trouver des substituts, sans pour autant que l'image enregistrée par notre subconscient n'évolue.

A l'heure où nos sociétés ont consciencieusement détruit toutes les figures de paternité, j'ai parfois l'impression que nous n'avons jamais eu autant besoin de retrouver cette figure de Père. Papaoutai, comme disait l'autre. Père pour nous même, pour nos enfants, voire pour nos parents. Un père qui élève, qui pousse dehors, et qui nous laisse un jour. Un père qu'on veut admirer, insulter, soutenir et dépasser. Une fois de plus, les prisonniers que nous sommes trouvent une libération dans le Conte de Fée (Evasion, Recouvrement, Consolation... je ne citerais pas Tolkien plus loin mais ceux qui savent auront compris l'idée).

Nous avons besoin d'un Docteur

Doctor Who continuera d'avoir un succès (chez ceux qui ne sont pas allergiques à l'humour british bien-sûr) tant que le Docteur continuera d'endosser ce rôle.

Aussi, quand certains parlent de mettre un Docteur femme, cela me fait doucement rigoler. Il en était déjà question dans les années 80, pour plaire à nos rêves féministes. Désormais c'est pour satisfaire un autre fantasme ; celui qui consiste à penser qu'être homme ou femme n'est qu'une enveloppe physique et n'a qu'un impact relatif sur le rôle que nous tenons dans la société. Je ne dis pas que tout est faux... 

Mais je fais le pari que s'ils cèdent à la mode, la série va dans le mur parce que ce serait détruire le ressort psychologique au fondement du succès de la série. Et ça ne me ferait pas du tout plaisir de constater que j'ai eu raison.

S'il y a des psys geeks qui veulent apporter leur pierre à l'édifice, je serais heureuse de continuer à réfléchir sur ce thème à plusieurs !

Publié dans Culture | Commentaires (1) |  Facebook | | | Isabelle

23/01/2016

La Légende des Glaces (!)

      Salut  à vous, braves et fidèles lecteur de ce blog ! Je me présente : mon nom est (aux dernières nouvelles) Mayeul, dit «le Suprême». En ce jour, profitant d'une minute d’inattention chez l'auteur de ce blog, je prends le contrôle de cet endroit le temps d'une note (vous allez enfin avoir un contenu plus où moins potable).

     La Légende des Glaces est un projet qui me tient un cœur depuis une bonne année et demi. Basiquement, cette chose (je ne vois pas d'autre nom pour désigner cela) était censé être une courte nouvelle de 5 ou 6 chapitres... Aujourd'hui, je sens plutôt venir le monstre de trente chapitres. L'idée en est venue en admirant une énième fois le paysage du lieu de mes vacances (qui se trouve être, par un étrange hasard, le même que pour le responsable de ces pages...), c'est à dire une vallée de la noble province du Tyrol (Autriche).

     Pour vous introduire dans l'univers, ce récit traite de scouts, de voyage dans le temps (impliquant des noms compliqués de physiciens russes, comme Novikov...), de l'age de bronze, d'une maléfique puissance extra-terrestre et enfin du Tyrol (et de la montagne en général).

     Sur ce, voyant le noble administrateur de cette poubellecorbeille revenir d'un pas alerte, je me dépêche de conclure, en vous laissant avec le premier chapitre de la Légende des Glaces :

 

Chapitre 1 : Le portail

      Une petite vallée encaissée et boisée, entouré de sommets dégarnis, rocailleux et enneigés pour la plupart. Encore embrumée dans le matin tout gazouillant. Toutefois, on entend une légère altercation…
      - A gauche, je te dis ! Maintenant il faut qu’on monte.
     - Mais t’as pas vu ce chemin improbable, on va se retrouver perdus en pleine forêt. J’ai pas envie de passer l’été à essayer de survivre dans un coin perdu.
      - C’est clairement là, le col est juste dans la vallée au dessus, regarde un peu la carte.
      - Mais le village est indiqué par là !
      - C’est normal, nous on y va en passant par ce col.
      - Explique-moi l’utilité de monter pour redescendre…
      - Parait-il, cette vallée est splendide.
      - Boah, ici toutes les vallées se ressemblent.
      - Tu n’a aucune poésie.


      Un groupe de plus où moins sept jeunes de plus où moins 17 à 12 ans, à l’habillement étrange, beige, incluant un splendide chapeau de type communément appelé quatre-bosses hésite sur un chemin forestier au niveau d’un embranchement. Ils semblent divisés environ en deux partis, chacune semblant opter pour une direction.
Dans le camp du sentier sinueux et rocailleux serpentant dans la forêt, apparemment dans la bonne direction : Harold, ainé, chef du groupe même s’il n’en a pas forcément le physique (soyons francs, il est petit), commence à s’énerver sous son scalp bouclé. Aymeric, 15 ans, maigrichon, binoclard et cheveux en pétards, interroge la carte, n’hésitant pas à utiliser la torture pour arracher des informations à ce pauvre instrument, et questionne également la boussole, sait on jamais, boussole qui hésite entre deux directions opposées pour situer le nord (tient, elle commence se faire vieille). Célestin, 16 ans, blond et pâle porte actuellement ce qui devra faire office de déjeuner au pittoresque ensemble, ce qui donne toute une légitimité.
Prenant parti pour rester sur le large et rassurant chemin, Christian, fidèle second du Chef, soutient les trois plus jeunes de la patrouille : Thibault, 14 ans cuisinier de la bande, aimant préparer la nourriture et surtout l’ingurgiter. Pierre-Lou, 13 ans, estime que s’ils prennent le chemin de gauche, ils vont monter, et ça va être fatiguant (oui, il est parfois surnommé Perspicace-Boy, en raison de sa capacité à prononcer des évidences), et enfin, Bernard, un minuscule bonhomme de 12 ans, dérogeant à la règle du réglementaire 4-bosses, mais portant un splendide bob, dont il ne se sépare jamais, ce qui lui vaut le délicieux surnom de 1-bosse, ou même de BobMan.
Au final, le camp du sentier sinueux, disposant du seul maitre à bord après Dieu, du topographe officiel et de la nourriture, finit par l’emporter et notre charmant groupe commence à grimper le sentier dans la forêt, le long du Treppebach, petit torrent coulant au fond de la Treppetal, depuis le glacier de Treppeferner, que domine le Treppejoch, son objectif actuel. Le C.P. (chef de patrouille), marche en tête, porteur d’un fanion bleu ciel aux bordures brunes. Sur un coté, il porte un chamois brun, et sur l’autre face, est inscrit « vers les hauteurs ». J’imagine que vous l’avez compris, il s’agit bel et bien d’une authentique patrouille scoute, en exploration dans la vallée tyrolienne de l’Ölztal.

      Cette charmante patrouille du Chamois, puisque Chamois il y a, atteint la limite des arbres et débouche sur une vallée glacière. La végétation devient rase. Le fond de la vallée est plat et le torrent se divise en de nombreux bras pour former un terrain marécageux. Dominant le tout, à l’altitude où la végétation n’est plus qu’un souvenir, une grande masse blanche remplit toute la vallée. Harold ne peut s’empêcher de dire :
      -Je vous l’avais bien dis, voilà le glacier ! Nous devrons le contourner par la droite pour monter vers le col.
      - C’est haut, on ne pourra jamais monter ça ! s’exclame Pierre-Lou.
      - On pourrait peut-être déjeuner ici ? émet Thibault
      - Non, on devrait monter encore quelques centaines de mètres… réplique Aymeric, faisant encore parler la carte.
      C’est aussitôt un véritable déchaînement…
      - On est crevés !
      - Vous allez nous tuer, à nous faire marcher comme des forcenés !
      - C’est facile pour vous, les grands !
      Le club des trois petits exige de faire la pause déjeuner ici et maintenant, sous l’œil amusé des « grands ».
      - Nous avons les moyens de vous faire marcher ! s’exclama Célestin.
      - Passe-moi le déjeuner, Célestin. dit Christian avec sourire en coin.
      Comprenant ses plans, Harold ne peut s’empêcher de dire :
      - Oh non, pas ça !
      Prenant le déjeuner, Christian se met à courir en gueulant :
      - Personne ne peut rattraper un Noir qui court !
      J’avais peut-être oublié de mentionner, laissant au principal intéressé le soin d’y procéder, que Christian est de couleur… chocolat, comme aime souvent le remarquer Thibault, avec une lueur gourmande dans l’œil (comme quoi, les cannibales ne sont pas toujours ceux qu’on croit).
Trois cent mètres plus haut et un peu après ce départ foudroyant, notre patrouille arrive exténuée au sommet du splendide rocher où Christian est en train de déballer la nourriture.
Bernard a l’air de vouloir entamer une protestation indignée mais, étant à moitié en train de cracher tripes et poumons, sa tentative n’obtient pas l’effet escompté et il finit par se laisser tomber sur le dos.
Avec un air narquois, Christian leur lance à tous :
      - Eh bien, vous voyez, ce n’était pas si dur que ça, c’était même très facile !
      Six regards noirs lui font comprendre qu’il vaut mieux faire profil bas dans ce genre de situation.
Pendant le déjeuner, acheté dans le petit village près duquel leur troupe campe, Célestin demande à Harold :
      - On dort où ce soir ?
      - A Bretzelthai, juste de l’autre coté du col, si on arrive assez tôt, il y aurait un truc assez intéressant à visiter, Ölzi-dorf : une reconstitution d’un village de l’âge de bronze. On devrait y arriver dans combien de temps, Aymeric ?
      - Si tout va bien, vers 17 heures, lui répond l’intéressé.
      - Ce truc de l’âge de bronze, c’est parce qu’on a retrouvé il y a une vingtaine d’année un cadavre d’époque surgelé dans un col du haut de la vallée, parfaitement conservé.
      - BRRRrrrr, ça fait froid dans le dos ton truc, lui répond Célestin.
      Aymeric, sortant la boussole dit :
      - Elle a fait son temps, elle : regardez, elle indique carrément le glacier. A moins qu’on soit dans la mauvaise vallée, elle donne l’opposé de ce qu’elle devrait.
      - Eh bien, on saura qu’il faut inverser les résultats…


* * *


      Le groupe commence à prendre de l’altitude, et domine légèrement le glacier. Christian dit calmement :
      - Il commence à faire froid. Ma constitution biologique n’est pas adaptée aux grands froids.
      -Tu gagnes un point Godwin, grâce à tes propos auto-racistes dans une motivation trollesque! s’exclame Aymeric.
      Le sentier particulièrement rocailleux est par endroits recouverts de névés. Ils auraient bien du mal à se repérer sans les marques rouges et blanches balisant le chemin. Sous leurs pieds, s’étend la masse du glacier, et on voit, à son sommet, le col. Aymeric s’arrête souvent pour regarder le glacier, comme fasciné.
Au sortir d’un névé, Bernard essaye de passer avec difficulté une haute marche. Célestin se retourne alors, et d’un ton particulièrement louche, lui déclame :
      - Viens par ici mon petit Bob, j’ai des bonbons pour toi dans ma poche.
      Pris d’un instinct de survie légitime, Bernard recule soudainement, et ce faisant, se casse la tronche dans le névé, pousse un long cri, et finit sa course sur le glacier.
La suite est un peu confuse. Selon toute évidence, Célestin essaie de rattraper Bernard, tombe avec lui, accroche au passage Pierre-Lou, qui lui tient compagnie dans sa chute, tandis que Thibaut, en voulant éviter de les rejoindre fait un pas de travers, ce qui a l’effet inverse de celui escompté, tombe sur Aymeric et le tire de ses rêveries, à temps pour lui permettre de se métamorphoser en luge sur laquelle Thibaut dévale à son tour la pente.
      Heureusement pour eux, une couche épaisse de neige, accumulée sur des mois, leur sert de matelas. Ils en sont à se relever un peu contusionnés quand Harold arrive prudemment, répétant en boucle :
      - Ah quels maladroits, ah quels galériens !
      Suivi de près par un Christian hilare, s’amusant à glisser sur la neige. En arrivant, le digne chef de patrouille leur demande :
      - Vous n’avez rien ?
      Ce à quoi PerspicaceBoy, entrant en action, répond :
      - Ouais, ça va, mais on est tombé.
      - Oui, j’avais cru remarquer.
      - C’était quand même une chorégraphie assez bien exécutée que vous nous avez offerte, là haut. L’enchainement était parfait.
      Pendant ce temps là, Aymeric sort sa boussole de sa poche, il l’observe comme s’il ne l’avait jamais vu.             Célestin lui lance, d’un ton sarcastique :
      - Je ne crois pas qu’on a besoin d’une boussole pour savoir où se trouve le chemin…
      Aymeric l’ignore superbement, et apparemment, remonter sur le chemin n’est pas son objectif immédiat, car il se met soudain à marcher à grandes enjambées, dans la direction opposée à celle du sentier. Célestin voit cela d’un regard intrigué, puis il ne le voit plus du tout :
      - Euuh, Harold, je crois qu’on a un problème…
      - Quoi donc ?
      - Aymeric vient de disparaitre juste sous mes yeux.
      - Hein !? Mais ce n’est pas vrai !
      - Il était juste là quand ça s’est produit…
      Tous se rendent sur les lieux du phénomène. Ils y découvrent une explication logique à la chose : un splendide trou en forme d’Aymeric révèle, au travers de la couche de neige, un passage vers…
      - Oh purée, une crevasse !
      - Il est tombé dedans… ne peut s’empêcher de dire Pierre-Lou.
      - Ah, quel maladroit ! ajoute Thibault.
      - Oh toi, n’en rajoutes pas une couche, lui réplique Harold.
      C’est alors que la voie lointaine et déformée d’Aymeric parvient à leurs oreilles :
      - Les gars ?! Vous êtes là ?
      - Oui on est là !
      - Tu vas bien ?
      - Ouais, mais je crois qu’il faudrait que vous me rejoignez, c’est assez intéressant…
      - T’es vraiment sur ?
      - Ne vous inquiétez pas, je vois un passage pour remonter facilement…
      Tous alors descendent les uns après les autres, intrigués. Au fond de la crevasse, c’est un merveilleux spectacle, ils découvrent une véritable cathédrale de glace, sculptée par le temps, et éclairée au travers de quelque faille… Au centre de cet endroit, trône un imposant portail de pierre. Un portail apparemment sans raison d’être, sans muraille, sans porte. A son pied, ils retrouvent Aymeric. Celui-ci marmonne…
      - Incroyable, tout concorde… Ah ! Vous êtes enfin là vous ! S’apercevant enfin de leur présence.
      - C’est quoi ce portail ?
      - Je ne sais pas vraiment, il y a des inscriptions dessus…
      En effet, l’arche de pierre est recouverte de runes :



      - Wtf ! C’est quoi ce truc ?
      Etrangement, toute la patrouille semble fortement attirée par le portail… Voilà Harold qui le traverse, et tous les autres le suivent, les uns après les autres, intimidés, pourtant ce portail ne semble rien avoir d’étrange… Aymeric hésite, mais, prenant sa respiration, il va à la suite des autres. L’aiguille de la boussole fait un demi-tour sur elle-même, indiquant fixement l’arche. Il se retourne. L’air, au niveau du portail, se trouble, puis redevient calme… Il murmure :
      - Bon là ça commence à devenir bizarre. N’inquiétons pas les autres…
      - Tu avais vu un passage ?
      - Yep, ça remonte par là en pente douce…
      Notre charmante patrouille s’engage alors dans une caverne sombre, où s’entendent de sinistres craquements, donnant l’impression d’un glacier vivant… Après de nombreux dérapages collectifs et incontrôlés, voila que le passage est obstrué par une épaisse couche de neige. Après que Bernard ait eu l’idée d’enfoncer son doigt dans la voute blanche, tous eurent l’occasion d’admirer le ciel bleu juste au dessus d’eux, ainsi que de profiter du rafraichissant manteau blanc dont ils furent recouverts… Ils apprécièrent assez peu la deuxième opportunité :
      - Mais tu n’es pas malade ? A cause de toi, on va risquer l’hypothermie…
      - Et on ne va jamais nous retrouver !
      - Rooah ! Ca va, si on peut plus s’amuser un peu…
      - Les gars ?
      - Oui ?
      - Je crois qu’on a un autre problème pour le moment : on doit retrouver le sentier si on veut arriver à       l’heure à Bretzelthai, et on a un obstacle… de taille.
      Effectivement, les flancs rocailleux de la vallée, où passait le sentier, sont recouverts d’une épaisse couche de neige, nivelant chaque rocher, chaque aspérité…
      - What ? Comment il a pu neiger ? On est resté 20 minutes en bas tout au plus. Il faisait grand beau temps, et apparemment ça n’a pas changé…
      - Comment on va faire pour retrouver le sentier maintenant ?
      - On ne pourra jamais passer le col.
      Sentant le désespoir monter dans sa patrouille, Harold commença à rétablir l’ordre :
      - On n’a plus le choix, Bretzelthai est le village le plus proche, et pour y aller, il faudra passer ce col, d’ailleurs… on est plus haut que là où on était avant… vraiment, beaucoup plus haut… c’est plutôt étrange…
      - Un problème à la fois, reprit Aymeric, pour l’instant on doit réussir à atteindre ce maudit col comme on peut…


* * *


      La patrouille peine dans la neige, s’enfonçant profondément… sauf Bernard qui tout léger, parvient à se mouvoir assez facilement…
      - Je vous attendrais à Bretzelthai… Je crois que j’aurais le temps de trouver un lieu pour dormir, et de manger une bonne demi-douzaine de saucisses…
      - J’ai les pieds gelés, gémit un Thibault congelé malgré sa petite couche de graisse protectrice…
      - Courage, le col est juste au dessus, lui lance Aymeric, d’ailleurs, je crois que Bob y est déjà.
      Effectivement, Bernard debout entre les deux vallées, regarde de l’autre coté du col, d’un air absent. Il interpelle les autres :
      - Euuh, Aymeric ?!
      - Voui ?
      - Ton Bretzelthai, il est censé être juste en dessous, non ?
      - Normalement, oui…
      - Et il est censé ressembler à quoi ?
      - Je ne sais pas, moi, à un village tyrolien… Quelques fermes une église, des chalets, lui répond un Aymeric intrigué, pourquoi ?
      - Parce que c’est pas du tout ce à quoi ressemble le village que je vois…
      En effet, toute la patrouille peut maintenant admirer un village traversé par un torrent, constitué de quelques cabanes, aux murs fait de rondins, d’entrelacs de branches recouverts de torchis, et aux toits de chaume… Donc pas vraiment un village typiquement tyrolien du XXIème siècle.
Mais en soi, ce n’est pas ce village qui interpelle le plus notre patrouille du chamois.
Ce serait plutôt le vol de dragons aux écailles flamboyantes, qui remontent majestueusement la vallée, tous sellés bridés, chevauchés par des hommes…
Vraiment pas du tout typiquement tyrolien.

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15/01/2016

Minute geek : Wikipedia fête ses 15 ans

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Créée par Jimmy Wales et Larry Sanger le 15 janvier 2001, l'encyclopédie en ligne la plus connue du monde n'a cessé en 15 ans d'étendre son réseau à travers le monde. En 2014, c'est le sixième site le plus fréquenté.

N'importe qui peut s'y inscrire pour créer et modifier des articles : ceux-ci, néanmoins, sont soumis à des critères extrêmement stricts et la relecture des plus anciens membres est généralement sans indulgence, comme le Ministère de l'Intérieur vient de l'apprendre.

Pour plus d'info, je vous encourage vivement à consulter... la page wikipédia.

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